Matt Damon

Un film aura suffi à Matt Damon pour se faire un nom en lettres d’or à Hollywood. Une ascension fulgurante qui ne lui a pas tourné la tête pour autant. En effet, non content d’avoir un physique de jeune premier, Matt Damon possède également de bonnes manières, du talent, des amis et une liste de projets à rendre jaloux de nombreux camarades. De quoi lui assurer encore de belles perspectives dans l’usine à rêves du septième art.

NEW KID IN TOWN

Matt Damon a eu la chance d’avoir une maman qui lui a inculqué de bonnes valeurs, une maman qui voulait le voir grandir près des gens de la rue, afin qu’il soit familier avec ce qu’elle considérait comme "le vrai monde". C’est ainsi que la famille Damon a quitté la banlieue chic de Newton pour Cambridge. C’est là qu’à l’âge de dix ans Matt va rencontrer celui qui deviendra son meilleur ami, Ben Affleck. Une complicité qui résistera aux appels de sirène du grand Hollywood, et autres rivalités engendrées par le milieu. Lors de ses études à Cambridge, Matt laisse déjà s'exprimer son goût pour la scène et participe à plusieurs représentations théâtrales... tant et si bien que ce démon de la comédie ne le quittera plus. Accompagné du fidèle Ben, il joue les extras dans des productions locales. Il se sent cependant à l’étroit et rêve de New York. Avec le cachet d’un spot publicitaire en poche, ses parents refusant de financer son voyage, il part à seize ans tenter sa chance dans la Grosse Pomme. Il s’inscrit dans une agence de casting et décroche son premier rôle pour le cinéma.

"MOM, DO YOU WANT MY GREEN STUFF?"

Cette phrase est en tout et pour tout le texte de sa première apparition sur le grand écran dans Mystic Pizza, film qui marque également les débuts d’une certaine Julia Roberts. Matt reste étudier à Harvard, mais poursuit en parallèle ses expériences cinématographiques que ce soit pour la télé, Rising Son, ou le grand écran, La Différence (School Ties). Jusqu’au jour où la passion du jeu fait pencher la balance; Matt abandonne ses brillantes études en dernière année. Les rôles se suivent et ne se ressemblent pas. Cependant, lorsqu'il est casté pour A l’épreuve du feu avec Meg Ryan et Denzel Washington, le jeune homme a déjà donné la réplique à Gene Hackman, Robert Duvall ou encore Tommy Lee Jones. Séduit par sa persévérance (l'acteur a perdu vingt kilos pour interpréter le rôle du junkie), Francis Ford Coppola l’engage pour L’Idéaliste qui lui attire une petite notoriété, avant le succès retentissant de Will Hunting écrit en collaboration avec buddy Ben. Le film de Gus Van Sant fait de lui le chouchou de toute l'Amérique en 1997. Ensemble, Matt et Ben décrocheront l’Oscar du meilleur scénario et l’Ours d’argent à Berlin.

BEN & GERRY

Matt Damon est désormais l’homme de la situation et c’est avec Steven Spielberg qu’il devient le soldat le plus recherché de l’Amérique, puis le faussement calme Tom Ripley dans le remake de Plein Soleil de René Clément, sous la direction d’Anthony Minghella. Il s’essaie à la comédie, en compagnie de Ben Affleck, avec Dogma de Kevin Smith, qu'il retrouvera plus tard pour Père et fille. Robert Redford lui offre le rôle du golfeur Rannulph Junuh, pour lequel il s’est tant entraîné à swinguer qu’il s’en est cassé une côte. L'acteur ressurgit dans le western de Billy Bob Thornton, De si jolis chevaux, qu’il revendique haut et fort comme le travail dont il est, alors, le plus fier de toute sa carrière. Fidèle en amitié, Matt collabore de nouveau avec Gus Van Sant sur deux projets. En 2000 pour une apparition "Will Huntienne" dans A la rencontre de Forrester avant de rempiler deux ans plus tard pour Gerry, film inclassable à la beauté hypnotique, en compagnie cette fois du frère de Ben, Casey. Il change ensuite de clan et rejoint le cercle très prisé des Steven Soderbergh et George Clooney pour le hit Ocean’s Eleven. Le courant passe si bien que Matt fait une brève apparition dans la première réalisation dudit George, Confessions d'un homme dangereux, produite par Soderbergh. Les joyeux drilles ont ensuite rempilé pour deux suites, Ocean’s Twelve et Ocean’s Thirteen qui, à défaut d’avoir ajouté une pierre angulaire dans la carrière de l’acteur, lui ont certainement procuré du plaisir pendant les tournages.

PAS D'ECHEC POUR MATT

Il manquait une couleur à la palette de Matt Damon et c’est sous les traits du héros de Robert Ludlum, Jason Bourne, qu’il va parfaire ses nuances. Le musclé Mémoire dans la peau crée la surprise en 2002 avec un succès public inattendu. Le rôle lui va comme un gant; la lecture d'un bon scénario et le souhait de tourner avec Doug Liman lui ont fait accepter ce nouveau challenge qui ne restera pas un essai unique. La Mort dans la peau a offert une suite encore plus enlevée alors que le troisième volet, La Vengeance dans la peau, pousse la barre encore plus haut. Pour Les Frères Grimm de Terry Gilliam, l'acteur n'a même pas eu besoin de tergiverser, tant l'occasion était belle. Cela dit, malgré tous les atouts dont le film disposait sur le papier, il déçoit et le jeune homme ne donne pas la meilleure interprétation de sa carrière. Une déception oubliée avec son second rôle dans Syriana de Stephen Gaghan (Scénariste de Traffic), où il retrouve son copain George Clooney. Il incarne un analyste financier dont la vie bascule suite à une tragédie familiale. Il continue sur une très belle voie avec Les Infiltrés de Martin Scorsese - dans lequel Matt donne ses traits à un mafieux infiltré dans la police alors que son partenaire Leonardo Di Caprio est lui un flic sous couverture dans la mafia - et avec Raisons d’état de Robert de Niro, dans lequel il incarne James Wilson, jeune diplômé de Yale qui va devenir l’un des membres fondateurs de la CIA.

POINT D'EBULLITION

Cela dit, avant de s’asseoir pour écrire, les deux jeunes gens devraient se retrouver devant la caméra. Ainsi un excitant projet est dans l’air, celui du remake de Butch Cassidy et le Kid, film de Georges Roy Hill tourné en 1969 dans lequel Matt Damon jouerait le Sundance Kid, rôle originalement tenu par Robet Redford, et Ben Affleck Butch Cassidy, incarné auparavant par Paul Newman. Avant cela Matt Damon sera à l’affiche de Margaret, de Kenneth Lonergan, en compagnie d’Anna Paquin, qui interprète une jeune femme témoin d’un accident de bus. Puis il sera le demi-frère de Mark Wahlberg devant la caméra d’Arren Aronofsky pour The Fighter, retraçant la percée du boxeur Micky Ward dans les années 80. Il retrouvera ensuite Paul Greengrass pour Imperial Life in the Emerald City, une adaptation de la chronique sur la guerre en Irak du journaliste du Washington Post Rajiv Chandrasekaran. Autant dire que la séance de brainstorming autour d’une table pour voir naître un nouveau scénario n’est pas annoncée pour tout de suite.

par Carine Filloux