Raisons d’état
The Good Shepherd
États-Unis, 2006
De Robert De Niro
Scénario : Eric Roth
Avec : Alec Baldwin, Billy Crudup, Matt Damon, Robert De Niro, Keir Dullea, Michael Gambon, William Hurt, Angelina Jolie, Joe Pesci, John Turturro
Photo : Robert Richardson
Musique : Bruce Fowler Jr, Marcelo Zarvos
Durée : 2h47
Sortie : 04/07/2007
A sa sortie de l’université à la fin des années 30, le timide mais brillant Edward Wilson est recruté pour travailler dans l’OSS, l’ancêtre de la CIA. C’est le début d’une longue carrière étalée sur plus de vingt ans.
THE SO-SO SHEPHERD
Pour sa deuxième réalisation, Robert De Niro s’est tourné vers un scénario qu’Eric Roth, le futur scénariste de Révélations, avait à la base écrit pour Francis Ford Coppola. Le réalisateur du Parrain avait trouvé les personnages du script trop froids et le projet de languir en attendant cette résurrection tardive où Coppola officie désormais en tant que producteur. Cette fresque aride, qui couvre la période des années 40 à 60 raconte, du point de vue d’un jeune officier du renseignement, la naissance de la CIA à la suite de la Seconde Guerre Mondiale. Matt Damon y campe un personnage principal quasi-muet et délivre une performance secrète et retenue. L’acteur De Niro sait choisir ses comédiens, ce qui offre un beau défilé de prestations modestes qui ne cherchent jamais à tirer la couverture à eux: Michael Gambon, William Hurt, John Turturro, Angelina Jolie, Alec Baldwin… La critique qu’avait formulée Coppola sur les personnages, si elle est compréhensible sur le papier, choque moins si l’on accepte le parti-pris d’un film qui met en scène des figures mystérieuses, entièrement vouées à leurs tâches et dont le secret est à la fois la fin et le moyen. Grâce à l’aide du chef opérateur Robert Richardson, De Niro crée un film riche en références visuelles (au film noir, au cinéma paranoïaque des années 70…) mais qui évite de faire son beau. Et en mettant en scène, comme dans Il était une fois le Bronx, un jeune homme partagé à l’idée de marcher ou non dans les pas de son père, l’acteur se paye même le luxe de développer une mini-thématique à travers son œuvre.