Mémoire dans la peau (La)
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The Bourne identity
États-Unis, 2002
De Doug Liman
Scénario : William Blake Herron, Tony Gilroy
Avec : Chris Cooper, Brian Cox, Matt Damon, Clive Owen, Franka Potente, Julia Stiles
Durée : 1h58
Sortie : 25/09/2002
Un homme est repêché par un chalutier au large de Marseille. Lorsqu'il se réveille, il ne sait pas qui il est mais il se met à suivre ses instincts afin d'enquêter sur son identité tout en se défendant contre ces hommes armés qui cherchent à le tuer. Pourquoi? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Plus rien.
A première vue, La Mémoire dans la peau n'est rien d'autre qu'un blockbuster de plus, signé de la main d'un réalisateur inconnu des masses. Il s'agit en fait peut-être du premier film personnel de Doug Liman. Motivé par le désir de représenter à l'écran le monde de l'espionnage avec réalisme, rendant ainsi hommage à son père, enquêteur sur le scandale Iran-Contra, Liman a monté l'adaptation du roman de Robert Ludlum lui-même. Après un premier film inédit et deux comédies principalement portées par leurs scénarios et personnages, le réalisateur a opté pour ce thriller loin de l'univers des James Bond et plus proche d'une certaine sensibilité européenne.
Contrairement aux paysages aux couleurs chaudes des Etats-Unis qui permettent tous ces filtres si chers à Jerry Bruckheimer, le film se situe dans une Europe enneigée et surtout en France. La mise en scène opte pour une atmosphère froide, comme pour symboliser le manque de sécurité qui caractérise le protagoniste principal. Ne connaissant par sa propre identité et poursuivi par le gouvernement, Jason Bourne n'a d'autre solution que de se fier à ses instincts. La première partie du film, qui le voit mener une investigation sur sa personne tout en se remémorant inconsciemment des réflexes de son passé, est en cela très réussie. On se souviendra notamment de cette scène où, confronté à deux policiers, le personnage amnésique se met à parler leur langue plutôt que la sienne avant de se défendre, presque involontairement au départ puis de façon plus professionnelle, plus violente.
Encore une fois, Matt Damon montre l'étendue de ses talents dans un rôle qui n'est pas sans rappeler Le Talentueux Mr.Ripley. Il incarne cet espion perturbé avec le détachement nécessaire au rôle, traversant le film tel un mort-vivant, analogie d'autant plus pertinente vu sa condition. Sa performance est en parfaite harmonie avec le ton de l'ensemble. On peut aisément et très justement qualifier l'ambiance générale de pessimiste. Délaissant les côtés "glamour" et grandiloquent de l'univers de l'espionnage, La Mémoire dans la peau constitue un divertissement intelligent en contrepoids aux aventures de 007 ou de Ethan Hunt dans la franchise Mission : Impossible. A l'instar du récent La Somme de toutes les peurs, on ressort du film en ayant très envie de voir adaptés les autres romans où figure le personnage central.
