Ocean’s Twelve

Ocean’s Twelve
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Ocean’s Twelve
États-Unis, 2004
De Steven Soderbergh
Scénario : George Nolfi
Avec : George Clooney, Matt Damon, Andy Garcia, Brad Pitt, Julia Roberts, Catherine Zeta-Jones
Durée : 2h05
Sortie : 15/12/2004
Note FilmDeCulte : *****-
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Les pros du cambriolage s’attaquent cette fois à des œuvres d’art en Europe.

GEORGE CLOONEY IS THE SMOOTH OPERATOR!

La carrière de Steven Soderbergh présente l'un des parcours hollywoodiens les plus atypiques. Pur produit du cinéma indépendant, l'auteur a été amené à travailler au sein des studios sans jamais abandonner son approche initiale, même sur le plus gros des blockbusters. De Sexe, mensonges et vidéo à Erin Brockovich, de Hors d'atteinte à Full Frontal, d'Ocean's Eleven à Ocean's Twelve, du petit film à un million de budget au film de fin d'année truffé de stars en passant par l'essai quasi-Dogmatique. Promu plus jeune réalisateur à recevoir la Palme d'Or (qui plus est pour son premier long métrage), Soderbergh aurait très bien pu ne s'avérer, au pire, qu'un feu de Bengale, au mieux un cinéaste enfermé dans les codes du cinéma indépendant. Or, malgré une carrière très prolifique (treize films en treize ans), il a su se renouveler sans cesse et le prouve une nouvelle fois, là où on l'attendait le moins. Malgré son statut de séquelle, Ocean's Twelve se révèle être un produit finalement très éloigné de son prédécesseur. Non seulement Soderbergh ne se contente pas de livrer une suite vénale (même si bienvenue), mais il transcende le potentiel ludique du premier épisode, faisant fi des obligations liées au genre et au budget.

BRAD PITT IS CRIMINALLY IRRESISTIBLE!

En se libérant ainsi des contraintes plus ou moins imposées par le coût et le statut du film, le metteur en scène compose un film-terrain de jeux où il peut donner libre cours aux pratiques les moins communes pour un tel film. Là où le précédent chapitre était une récréation d'1h56 où l'on assistait à un casse de haute volée, maîtrisé de bout en bout par les plus suaves des gentlemen cambrioleurs, ce deuxième tome est un sympathique foutoir de 2h05 où, pour ainsi dire, rien ne va plus. Nos héros n'assurent plus comme ils le faisaient avant, l'équipe n'est littéralement plus aussi soudée, de nombreux éléments externes viendront parasiter le bon cours des choses, sans oublier les émois des protagonistes, tous en proie à leurs propres questionnements intérieurs. Aux cadres et au montage millimétrés d'autrefois, le cinéaste oppose une caméra portée pendant la majeure partie du film et une forme qui matérialise les différents hics rencontrés (comme en témoignent ces nombreux arrêts sur image). Peu importe le coup de professionnel à exécuter, peu importe l'intrigue en soi, Soderbergh détourne les 85 millions de dollars de budget et invente le faux blockbuster. Loin de la machine huilée qu'était Ocean's Eleven, cette suite s'intéresse davantage aux personnages et aux comédiens, qui s'amusent autant à réciter leurs répliques ciselées que le réalisateur s'amuse à filmer son joyeux bordel.

AND INTRODUCING JULIA ROBERTS AS TESS.

Il est impressionnant de voir à quel point aucun acteur n'a plus d'importance qu'un autre. Soderbergh désacralise les stars et se permet même de faire disparaître des personnages, aussi principaux soient-ils, pendant un bon bout de film, s'ils ne servent pas l'histoire à ce moment précis. Pas de rôles inutiles mais surtout pas de présence superflue. Evoluant d'une intrigue à l'autre, mêlant flashbacks et temps présent, semant des héros en route pour les retrouver plus tard, le film adopte une structure assez particulière qui diverge des canons américains populaires. L'œuvre se targue même d'un regard introspectif à travers lequel passe Hollywood pour en sortir exsangue. Attention, il ne s'agit pas d'un pamphlet anti-studio, mais d'un univers qui joue constamment avec les règles, les clichés et les archétypes, diégétiques ou non. Ainsi, on se moque de la Kabale (à laquelle nombre de célébrités se sont récemment converties), des aléas de la culture hip-hop (argent flambé et censure abusive), mais on a également droit à des coups de théâtre filmiques que même Last Action Hero ne s'est pas permis (Full Frontal n'est pas loin). A la limite de l'expérimental, le film surprend par son habilité à ne pas verser dans la redite. Malgré un certain dispersement (justement dû à ces tentatives si spécifiques), quelques stéréotypes qu'il n'a su éviter, et une durée un tant soit peu excessive, Ocean's Twelve est plus qu'un divertissement, c'est une joie.

par Robert Hospyan

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