Gérard Depardieu

Gérard Depardieu
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Réalisateur, Acteur
France

La France possède-t-elle un symbole de son cinéma plus frappant que Gérard Depardieu? L’homme est un monstre sacré, une étoile parmi les stars, un emblème imposant, d’une stature peu commune. C’est un homme du terroir, aux mains calleuses d’un respectable vigneron, qui savent se faire délicates et subtiles dès que les circonstances le demandent. Une force de la nature, livrée brute et sans mode d'emploi, un torrent d’énergie, de contradictions et de puissance. Un stakhanoviste de la pellicule, acharné et généreux.

DEUX PAR DEUX,

Ses origines modestes ne sont pas un mystère et sans les miracles des cours de théâtre, le jeune Gérard Depardieu aurait pu mal tourner. C’est après une jeunesse mouvementée à Châteauroux – où il est né en décembre 1948 – que le jeune Gérard monte à Paris pour tenter sa chance. Il suit les cours de Jean-Laurent Cochet et fait ses débuts dans le domaine du café-théâtre. Il rencontre au Café de la Gare Miou-Miou et Patrick Dewaere, nouant avec ce dernier une indéfectible amitié. Dans un premier temps, Depardieu joue dans des pièces et fait de la figuration, jusqu’à ce que Michel Audiard le remarque et lui offre un petit rôle pour son Cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques en 1970. Il y rencontre Bernard Blier, le père de Bertrand, qui lui donnera quatre ans plus tard le rôle qui le révélera. Suivent divers rôles d’importance mineure dans des films tels que La Scoumoune ou Le Viager. 1974. Les Valseuses. Le film de Bertrand Blier adapté de son propre roman devient une œuvre culte, un film "générationnel", racontant les méfaits de deux amis dans une France habituée au doux ronron d’une bourgeoisie entre deux présidences. Dewaere et Depardieu deviennent les symboles d’une certaine jeunesse post-soixante-huitarde et incarnent l’école montante du cinéma français, en opposition à l’antique garde vieillissante des Gabin et autres Belmondo. Deux ans après, il se retrouve au côté de De Niro – acteur auquel on le comparera souvent pour sa capacité à tout jouer – dans le film fleuve de Bertolucci, 1900 (plus de cinq heures dans sa version la plus longue). Il devient une figure incontournable du cinéma français. Outre une collaboration récurrente avec Bertrand Blier (ils tourneront sept films ensemble), Depardieu se frotte à la direction d’Alain Resnais pour Mon oncle d’Amérique, et surtout François Truffaut pour Le Dernier Métro, pour lequel il obtient son premier César en 1981.

CYRANO, MON CYRANO

Les années 80 ne sont qu’une consécration du talent de l’acteur, qui s’ouvre à des projets plus commerciaux. Il débute un cycle de comédies populaires avec Inspecteur La Bavure en 1980 et La Chèvre en 1981 (première association avec Francis Veber, avec qui il travaillera quatre fois par la suite), tout en tournant des films plus intimistes tels que La Femme d’à côté de Truffaut ou bien Police de Maurice Pialat, en 1985. Acharné de travail, il peut tourner jusqu’à six films en une seule année. Son nom attire les foules et il s’associe à de nombreux films marquants de cette époque. Outre Police, il tourne Sous le soleil de Satan, Tenue de soirée, La Lune dans le caniveau ou Le Retour de Martin Guerre qui, s’ils ne sont pas tous des succès publics, marquent leur temps. Mais c’est surtout avec Jean de Florette (1986) – en compagnie de Daniel Auteuil – qu’il gagne en popularité auprès du grand public. Le succès phénoménal du film (plus de 7 millions de spectateurs) et les multiples récompenses qu’il remporte en font l'un des films les plus marquants de Depardieu. Du moins jusqu’au prochain: en 1990, il incarne Cyrano dans le film éponyme. Couronné par son deuxième César, Depardieu fait de Cyrano de Bergerac son grand rôle, celui avec lequel il fait corps. On dit qu’il dort avec son faux nez et qu’il ne parlerait presque plus qu’en tirades et en vers, s’offrant un esprit magnifique et une descendance presque aristocratique. Là encore, succès critique et public sont au rendez-vous. Ce film lui offre même une nomination à l’Oscar du meilleur acteur, qui reviendra à Jeremy Irons pour Le Mystère Von Bülow.

DIPARDIOU

Après vingt années de travail acharné, Gérard Depardieu prend désormais le temps de se faire plaisir, quitte à cachetonner bien plus souvent que de raison. Cyrano lui a ouvert les portes hollywoodiennes, friandes d’un acteur exubérant tel que lui. Ridley Scott lui offre sur un plateau le rôle de Christophe Colomb pour 1492. Le film est faible et sera un gros échec, mais on se souvient de lui. Il reprend son rôle dans le remake américain de Mon père, ce héros, suit sa veine comique dans le nullissime Anges gardiens, parraine Vanessa Paradis dans Elisa et reste fidèle à Maurice Pialat dans Le Garçu. Une carrière encore riche entre œuvres d’auteur (Décroche les étoiles) et films commerciaux (Le Plus beau métier du monde). Il apprend à s’effacer mais choisit de moins en moins bien ses films, comme s’il était en mal de reconnaissance publique et en crise de discernement. Entre le mauvais XXL et l’ignoble Homme au masque de fer, il retrouve un second souffle grâce à la télé, où il incarne Edmond Dantès dans la coûteuse et riche adaptation du Comte de Monte Cristo. Il devient même la seule bonne chose à sauver de Astérix et Obélix contre César, nanar infâme à 275 millions de francs, où sa douce brutalité lui donne le ton exact pour un Obélix aussi vrai que sur papier. Toujours dans les bons coups, Depardieu continue par la suite à collectionner les succès publics (Le Placard, Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre, Tais-toi) et les bides retentissants (Vidocq, Blanche, Vatel, San Antonio, Les 102 Dalmatiens, etc.). C’est avec 36, Quai des Orfèvres qu’il revient au polar pur et dur. Depardieu, l’ancien petit voyou, est devenu une masse imposante et incontournable, force de la nature, ours mal léché, acteur caméléon, l’ambassadeur (im)parfait pour le talent français hors de nos frontières.

par Nicolas Plaire

En savoir plus

2004 36, Quai des Orfèvres 2003 Bon voyage 1999 Un pont entre deux rives (+ réalisation) 1998 Bimboland 1995 Le Garçu 1994 Le Colonel Chabert 1993 Germinal 1992 1492: Christophe Colomb 1991 Tous les matins du monde 1990 Green Card 1990 Cyrano de Bergerac 1989 I Want to Go Home 1989 Trop belle pour toi 1988 Camille Claudel 1988 Drôle d'endroit pour une rencontre 1987 Sous le soleil de Satan 1986 Jean de Florette 1986 Tenue de soirée 1983 Les Compères 1982 Le Retour de Martin Guerre 1981 La Chèvre 1980 Le Dernier Métro 1979 Buffet froid 1976 1900 1974 Vincent, François, Paul... et les autres 1974 Les Valseuses 1970 Le Cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques

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