Tais-toi!
France, 2003
De Francis Veber
Scénario : Francis Veber
Avec : Richard Berry, Gérard Depardieu, André Dussollier, Aurélien Recoing, Jean Reno
Durée : 1h25
Sortie : 22/10/2003
Du fin fond de sa prison, Quentin, braqueur de banques au QI à un chiffre, n’a qu’une idée en tête: devenir le meilleur ami de Ruby, un dangereux criminel qui cherche à s’évader.
On le savait depuis la réussite mitigée des Compères: Francis Veber se révèle aussi doué pour la comédie qu’il est poussif dans les autres genres. Déjà à l’époque, en étirant et en greffant sur un pitch excellent une sombre histoire de gangsters et de casinos, il démontrait la limite de son talent: dialoguiste hors pair, il échoue dès lors qu’il cherche à s’éloigner de son domaine de prédilection. Le Jaguar n’a fait depuis que confirmer cela. A l’inverse, en restant systématiquement en huis clos, en ne parasitant jamais son histoire par des intrigues superflues, en se concentrant à l’extrême sur le caractère des personnages, Veber avait fait du Dîner de cons un véritable chef-d’œuvre dans lequel la précision mathématique des gags n’avait d’égal que la régularité des enchaînements et des événements. Dès le départ, avec cette histoire plutôt banale promettant poursuites et coups de feu, Tais-toi! partait de ce fait avec un handicap. Et c’est sans surprise que le film propose des poursuites sans intérêt, des fusillades mollassonnes, des sous-intrigues gratuites (dont l’une autour d’une réfugiée serbe, tombant totalement comme un cheveu sur la soupe)… Mais des gags sans cesse drôles, démontrant un art du dialogue impressionnant (quoique moins réussi que dans Le Dîner de cons), malgré pour certains leur extrême facilité. Aidé par un casting en demi-teinte dans lequel Depardieu excelle (au contraire de Jean Reno, qui devrait songer à arrêter un jour de saccager les films dans lesquels il joue), Veber livre une comédie sympathique, rapide, courte, et au final agréable. En attendant mieux de sa part.