CQ
États-Unis, 2001
De Roman Coppola
Scénario : Roman Coppola
Avec : Elodie Bouchez, Jeremy Davies, Gérard Depardieu, Angela Lindvall
Durée : 1h28
Sortie : 29/01/2003
1969. Paul, jeune réalisateur américain installé à Paris, rêve de cinéma d'avant-garde. Il est engagé sur le tournage d'une série b.
DANGER CRITIK
Au fil des mois, CQ est devenu le premier film le plus attendu de l'histoire du cinéma. Petit génie du clip, Roman Coppola, le fils de Francis Ford et le frère de Sofia, bénéficie d'un casting parfait avec de jeunes acteurs prometteurs: Jeremy Davies (Million Dollar Hotel), Jason Schwartzman (Rushmore), Billy Zane (Titanic) et un duo frenchy inattendu, Elodie Bouchez et Gérard Depardieu. Le sujet est prometteur, la musique a été confiée aux Français de Mellow, groupe voisin de Air. La profession retient son souffle. Elle attend du dernier surdoué de la famille Coppola un nouveau Virgin Suicides, un grand premier film nostalgique qui imposerait son talent à la face du monde. Et puis tout s'écroule. Une désastreuse première projection au Festival de Cannes et les malheurs s'enchaînent. Plombé par une flopée de mauvaises critiques, le film n'a droit qu'à une sortie en catimini aux Etats-Unis. Toujours sans date de sortie en France, CQ finit par échouer dans une section parallèle du Festival de Deauville, doté d'un nouveau montage et raccourci. Triste destin pour ce petit film touchant et sincère, l’œuvre d'un véritable amoureux du septième art.
MON PERE, CE HEROS
Roman Coppola a pourtant refusé la facilité. Son premier film n'est pas la démonstration attendue de son savoir faire technique mais un vibrant hommage au cinéma libre des années 60. Une simple déclaration d'amour à son célèbre papa cinéaste et au monde de son enfance. Il juxtapose habilement deux récits: une histoire intimiste marquée par l'introspection du héros, un apprenti cinéaste qui veut filmer la vie telle qu'elle est et ne quitte donc jamais sa caméra, et un long-métrage de sf complètement kitsch, incompréhensible mais révolutionnaire. Entre tournage allumé, bacchanales sans limites et graves remises en question, le timide finit par trouver sa place au sein de la grande famille du cinéma. Pas de réalisme ici, Roman Coppola signe un songe cinéphile, un délire surréaliste gentiment naïf dans lequel affleurent des références évidentes: Cinecitta, Michelangelo Antonioni (le personnage du jeune cinéaste surdoué) et bien sûr Danger Diabolik de Mario Bava avec l'héroïne de la série B prénommée Dragonfly. Chaque plan, chaque scène respire l'humilité, le respect, mais parfois aussi un certain manque d'ambition. Malgré une panne de rythme dans la seconde partie et quelques maladresses, CQ ne méritait pas l'accueil glacial qu'il a reçu. Les temps sont durs pour les rêveurs.