Babylon A.D.
France, 2008
De Mathieu Kassovitz
Scénario : Eric Besnard d'après Babylon Babies
Avec : Gérard Depardieu, Vin Diesel, Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Michelle Yeoh
Photo : Thierry Arbogast
Durée : 1h41
Sortie : 20/08/2008
Toorop a mené bien des combats et survécu aux guerres qui ont ravagé le monde depuis le début du XXIème siècle. La mafia qui règne sur l'Europe de l'Est confie une mission délicate à ce mercenaire : convoyer de Russie jusqu'à New York une mystérieuse jeune fille prénommée Aurora pour la remettre aux mains d'un ordre religieux tout puissant...
L'ARLESIENNE
Difficile avant d'entamer toute critique du film de ne pas revenir sur sa longue gestation. Depuis la découverte du roman de Maurice Dantec en 2002, Mathieu Kassovitz a mouillé la chemise pour porter à l'écran le chef-d'oeuvre avant-gardiste de l'écrivain français cyberpunk. Conscient du budget important nécessaire pour retranscrire le monde futuriste décrit par l'auteur des Racines du mal, le réalisateur de La Haine a accepté une commande du producteur de Matrix, Joel Silver, afin de séduire les financiers d'Hollywood. Ce fut Gothika, avec Halle Berry, un thriller fantastique impersonnel mais très soigné sur le plan technique assurant ainsi une crédit au Français. Toujours pour assurer ses arrières sur le plan comptable, Mathieu Kassovitz a même modifié son casting. Exit l'ami des premières heures, Vincent Cassel, fâché depuis ce revirement, place à l'acteur musculeux Vin Diesel qui sortait alors du carton de xXX. Six longues années ont passé depuis... Après de nombreux soucis ayant émaillé le tournage dont des différents artistiques avec la star précitée et la perte du final cut sur le montage américain, Babylon A.D. sort enfin sur les écrans.
EN RETARD D'UNE GUERRE
Ces atermoiements expliquent peut-être pourquoi le blockbuster définitif annoncé s'est ainsi mué en film d'anticipation qui paraît daté avant l'heure, surtout après les extraordinaires Fils de l'homme d'Alfonso Cuaron. Si les enjeux restent volontairement brumeux, Mathieu Kassovitz parvient pourtant à créer une ambiance de fin du monde particulièrement impressionnante durant la première partie du film. Inspiré à la mise en scène, il ne lâche pas d'une semelle un duo en définitif très proche de celui que formaient Korben Dallas et Leeloo dans Le Cinquième élément, avec la belle et la bête, Mélanie Thierry, de retour dans un rôle principal et donc Vin Diesel, plus monolithique que jamais. L'émotion, elle, est cruellement absente si bien que l'on finit par se lasser des péripéties de Toorop et de son "colis", surtout lors d'un dernier tiers à la limite de la série B avec des effets spéciaux pas toujours réussis et l'apparition malheureuse de quelques guests échappés d'un autre cinéma. Très ambitieux, Mathieu Kassovitz a donc en partie manqué son but et son premier grand film d'anticipation. Il aura l'occasion de se racheter avec MNP, énigmatique projet de science-fiction qu'il réalisera après L'Ordre et la Morale, reconstitution de la prise de la grotte d'Ouvéa lors du conflit néo-calédonien.