Welcome to New York
États-Unis, 2014
De Abel Ferrara
Avec : Jacqueline Bisset, Gérard Depardieu
M. Devereaux est un homme puissant. Un homme qui gère des milliards de dollars chaque jour. Un homme qui contrôle le destin économique des nations. Un homme poussé par une faim sexuelle frénétique et débridée. Un homme qui rêvait de sauver le monde et qui ne peut pas se sauver. Un homme terrifié. Un homme perdu.
NEW YORK DÉCADENCE
Thierry Frémaux le précise lui-même à l'annonce des films sélectionnés à Cannes: certains longs métrages non retenus sont aimés et leur absence en sélection ne signifie pas qu'ils ne valent rien du tout. Welcome to New York, le nouveau film d'Abel Ferrara, faisait partie de ceux qu'on attendait au moins un petit peu sur la Croisette. Celui-ci, pas au programme cannois, est finalement sorti directement en VoD pendant le festival. Film pas si mauvais, nouvelle expérience de distribution ? Lorsqu'on voit le désastre de ce Welcome to New York, il ne reste qu'à imaginer le massacre si le film avait été projeté officiellement à Cannes.
Sans metteur en scène, sans point de vue, Welcome... énumère péniblement les épisodes de l'affaire DSK. Mollement. Bouchant les trous avec des scènes de cul racoleuses et ringardes quand elles ne puent pas plus franchement : les parties fines censées être excitantes sont mises au même niveau qu'une scène où une jeune femme se fait mettre à moitié à poil de force, filmée avec une complaisance libidineuse et assez irresponsable. Pas très courageux, le film s'inspire évidemment du réel (Depardieu rejouant Depardieu dans une interview, images de Kenneth Thompson) mais s'en dédouane dès qu'il devient un peu plus douteux ("Bisset n'est pas Sinclair" dit Ferrara, lorsqu'on lui parle de la charge grotesque contre la journaliste française ou des propos antisémites du film). Vous vous attendiez à une peinture au vitriol du pouvoir, à Depardieu en héros camé fait pour Ferrara - Welcome to New York est flasque, bête et terne à pleurer. Le film embarrasse franchement lors de ses affrontements dialogués en roue libre et autres regards caméra qui-en-disent-long. Personne ne semble croire à quoi que ce soit dans ce naufrage d'un cynisme et un opportunisme décomplexés, où l'on assiste à la suite de la chute d'un acteur et un réalisateur en perdition depuis déjà longtemps.