Clint Eastwood

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Réalisateur, Acteur, Musique, Producteur
États-Unis
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Incarnation parfaite du lonesome cow-boy pour les uns, créateur du dirty flic pour les autres, Clint Eastwood est une légende du cinéma à part entière. Son parcours atypique, sa carrière qui n'a cessé de surprendre, sa silhouette reconnaissable parmi des milliers et son charisme défiant toutes lois ont fait de lui un acteur, réalisateur, producteur, compositeur hors normes.

UNE EPREUVE DE FORCE

Clint Eastwood est né le 30 mai 1930 à San Francisco, dans une famille d'ouvriers toujours sur la brèche, parcourant la Californie à la recherche de petits boulots plus ou moins conséquents. C'est donc sans surprise que le jeune Clint abandonne très tôt ses études pour apporter de l'eau au moulin familial, se réfugiant à ses heures perdues dans la musique et le cinéma. Clint est un rêveur. A l'âge de 24 ans, il décide de partir vers Hollywood pour s'essayer au septième art. Ses débuts devant la caméra sont catastrophiques, il est incapable d’aligner deux phrases correctement. Il prend alors des cours de théâtre, fait de la gym et se présente à des auditions. En 1955 son acharnement finit par payer. Il signe un petit contrat d’un an avec les studios Universal, qui lui dégotent des seconds rôles perdus dans l'ombre, dans des films de séries B comme La Revanche de la créature ou Tarantula. Mais l’expérience ne sera pas renouvelée et un an plus tard, Clint se retrouve au point de départ, dans les files d'attente des castings hollywoodiens. Il décroche de temps en temps quelques petits rôles dans des séries télé, puis se sent pousser des ailes lorsqu'on lui propose des personnages de premier plan pour The First Traveling Saleslady (1956), C’est la guerre et Ambush at Cimarron Pass (1958). Mais l’acteur en herbe déchante vite. Le premier film est un bide monumental, sa prestation dans le second se trouve en réalité réduite à quelques répliques, quant au western de série B qu'est le troisième, son scénario et sa réalisation sont si mauvais que Clint est à deux doigts de tout laisser tomber.

En 1959, alors que Clint Eastwood rend visite à un ami au siège de la CBS, il rencontre au détour d'un couloir Charles Marquis Warren - scénariste, réalisateur et producteur de séries télé - qui après un rapide coup d'œil sur sa silhouette élancée lui propose de jouer dans sa nouvelle série western. A cette époque, la grande tendance télévisuelle est à ce genre qui vient de faire ses preuves sur grand écran, et la CBS - qui compte produire son propre show - voit en Clint l’incarnation de l’idée qu'ils se font du cowboy solitaire. Un physique atypique et marquant, un visage de beau gosse éclairé par un regard énigmatique: leur héros est là. C'est ainsi que dès janvier 1959, Clint Eastwood devient Rowdy Yates pour la série Rawhide, et ce pour six longues années. Le show est un énorme succès aux Etats-Unis et s'exporte plutôt bien dans le reste du monde. Mais la vedette a déjà plus de 30 ans et commence à se lasser de son rôle de gentil, qu’il juge bien trop gentil, de jeune bellâtre trop poli, de semi adolescent trop lisse. En 1964, plein de frustration, il accepte de se rendre en Espagne pendant la pause au milieu du tournage de la cinquième saison, pour jouer le premier rôle d'un western à petit budget réalisé par un Italien inconnu. Pour une poignée de dollars (une adaptation au farwest de Yojimbo, de Kurosawa, à l’époque intitulé L’Etranger magnifique) semble dénué de tout prestige mais lui permet d’interpréter un personnage tout à fait nouveau, plus proche de ses aspirations: un rôle plus adulte, un étranger énigmatique, sans nom, peu bavard et à la moralité ambiguë.

L’INCONNU VENU DE L’OUEST

Clint Eastwood est tombé dans le western sans vraiment le vouloir. Celui dont le simple nom est pour beaucoup synonyme de "cowboy" (voir la référence dans Retour vers le futur 3) ne s'est jamais considéré comme tel. Pourtant les faits sont là. L'esprit de l’aventurier de l’ouest jalonne sa carrière de part en part: premiers rôles (The first Travelling Saleslady et Ambush at Cimarron Pass), première renommée (Rawhide), débuts de star internationale (la trilogie des dollars de Sergio Leone), première production (Pendons-les haut et court), premier oscar (Impitoyable). Ce parcours semble ironique de la part d'un acteur qui pensait que le western était mort, comme un mythe poétique trop usé et englué dans sa morale simpliste. C'est ainsi qu'en rentrant d'Espagne en 1964, sa première réaction est d'oublier complètement le tournage qu'il vient de terminer avec Sergio Leone, ne croyant en aucun cas à la possible évolution de ce genre cinématographique décadent. Et pourtant… A la fin de l'année, Eastwood découvre que le film rebaptisé Pour une poignée de dollars est un immense succès en Europe et que les producteurs sont en pourparler pour l'exporter en Amérique. Le côté noir et équivoque qui lui avait tant plu dans le style même de Leone semble faire des émules. En 1965, lorsque le réalisateur le recontacte pour interpréter un personnage proche de celui de l'homme sans nom pour un nouveau projet de western, Clint accepte immédiatement et quitte définitivement Rawhide. …Et pour quelque dollars de plus est un indéniable succès international, mais ce sera le troisième volet du triptyque des dollars Le Bon, la brute et le truand qui achèvera la renommée mondiale du duo Eastwood-Leone. Dans tous les esprits, Eastwood est Blondin, ce "bon" énigmatique, aussi brute et truand que ses deux comparses.

Refusant de faire un caméo aux côtés de Lee Van Cleef et Eli Wallach pour le rôle de l’un des trois tueurs de la gare dans Il était une fois dans l'Ouest, l’acteur clôt en 1968 sa collaboration avec Sergio Leone, mais n'en délaisse pas pour autant le western, bien au contraire. La même année on le retrouve à l'affiche du très bon Pendons-les haut et court qu'il produit lui même sous le nom de Malpaso Productions. Il devient ainsi l’une des seules personnes capables de faire perdurer ce genre à l’agonie. Neuf films (dont trois westerns) et cinq ans plus tard, il réalise son premier western - L'Homme des hautes plaines - dans lequel on retrouve les traces laissées par son travail avec Leone. Il y incarne un cowboy venu de nulle part pour rétablir la justice dans une petite ville de l'ouest. Le film est un petit bijou d'ambiguïté et fait l'unanimité des spectateurs. Eastwood continue sur sa lancée. En 1976, il est aux commandes de Josey Wales hors-la-loi, dont la violence sera sujette à controverse. Neuf ans plus tard, c’est le mystérieux et mystique Pale Rider qui s’impose dans le paysage cinématographique comme l’un des seuls westerns intéressants des années 80. Enfin, il viendra clore cette période en apothéose en 1992 avec le fabuleux Impitoyable. Ce dernier, ultime western à plus d’un titre, est un drame sombre mettant en scène un cowboy vieillissant qui ne trouvera la rédemption qu'en affrontant son passé, ses démons. L’acteur-réalisateur propose une sorte de retour sur sa propre carrière, sur ses propres excès et phases sombres, une façon de révéler et de s'avouer que cette époque du justicier inconnu venu de l'ouest est belle et bien révolue.

DIRTY FLIC

Si Clint Eastwood a gagné ses galons de star grâce aux westerns, c'est avec les rôles de policiers à gros bras qu'il est passé au rang de légende. En 1971, il incarne Harry Callahan dans L'Inspecteur Harry de Don Siegel, un personnage qui trouvait déjà les prémisses de son caractère dans leur première collaboration, Un shérif à New York, réalisé deux ans plus tôt. En l'espace d'une seule scène aux répliques devenues anthologiques ("I know what you're thinking. Did he fire on six shots or only five?") Clint Eastwood se transforme en superstar. Un nouveau genre est né: le film d’action policier violent au héros froid et cynique. Harry Callahan est un inspecteur de San Francisco aux méthodes expéditives, qui traque les tueurs tout en menant sa propre bataille au sein du système judiciaire américain qu’il juge inefficient. L’acteur s’approprie totalement le personnage, la réalisation de Don Siegel est parfaitement rythmée et adéquate, le thème musical écrit par Lalo Schifrin devient culte. Le film est un énorme succès public. Coiffant de nouveau sa casquette de producteur désormais expérimenté (déjà neuf films à son actif), Clint Eastwood décide de faire revenir l’inspecteur dans quatre nouvelles aventures: Magnum Force (1973) de Ted Post (réalisateur sur la série Rawhide et de Pendons-les haut et court), L'Inspecteur ne renonce jamais (1976) de James Fargo (qu’il retrouvera deux ans plus tard pour Doux, dur et dingue), Le Retour de l'inspecteur Harry (1983), qu’il réalise lui-même et enfin La Dernière cible (1988) de Buddy Van Horn (avec qui il avait travaillé pour Ça va cogner et qu’il retrouvera l’année suivante pour Pink Cadillac).

Cependant, même si le public semble friand de ce style de films, les critiques se montrent acerbes. Une polémique va naître autour du célèbre inspecteur. Le côté macho et brutal, voire un peu raciste, du personnage d'Harry Callahan va amener la journaliste Pauline Kael à taxer le film de fasciste. Au-delà même du rôle qu’il interprète, elle considère Clint Eastwood comme la représentation d'une forme d'extrême droite qui prône la violence et le non-respect d'autrui. L’acteur serait-il une brute réactionnaire adepte de l’autodéfense? Pour lui, bien au contraire. Le fait que Harry Callahan se place en contrepoint à la bureaucratie et aux cols bleus qui ne sont jamais sortis de leurs bureaux donne au film la forme d’un manifeste anti-fasciste montrant un homme libéral qui juge les faits et non les idéologies. Dès lors, il va systématiquement démentir toute trace d’idéologie politique que l’on prête à ses films, expliquant que ses œuvres sont apolitiques et que son intérêt réside dans la production et la réalisation de films qui puissent séduire le public. Tout en continuant à interpréter le rôle de Dirty Harry, Eastwood va s’appliquer à détourner ces accusions en se jouant de son image. Dès le deuxième volet, Harry Callahan se lance sur la trace de policiers qui font justice eux-mêmes, soulignant ainsi qu’il réfute ces actions. Par la suite l’acteur va exploiter ce trait de caractère dans d'autres films du genre qu’il produit et/ou réalise comme L'Epreuve de force (1977) - aux côtés de sa partenaire de l'époque Sondra Locke - ou La Corde raide (réalisé par Richard Tuggle, 1984), pour finir par en faire une sorte de parodie dans La Relève (1990), un buddy movie déjanté avec Charlie Sheen.

"SAY YOU’LL WORK FOR FREE AND MAKE YOURSELF INVALUABLE"

Les épisodes de L’Inspecteur Harry ont non seulement été pour Clint Eastwood un point d'assise à son statut d'acteur, mais également un moyen de faire ses armes dans le métier de réalisateur. Lors du tournage du premier volet en 1971, Don Siegel étant malade pendant plusieurs semaines, il confie le plateau aux mains de l’acteur, qu’il avait déjà dirigé dans trois productions (Un shérif à New York, Sierra Torride et Les Proies). Fort de ces essais concluants derrière la caméra, Eastwood se lance la même année dans sa première réalisation avec un étonnant thriller à petit budget parfaitement maîtrisé: Un frisson dans la nuit. Le nouveau réalisateur admet volontiers qu'il a appris à travailler en regardant les autres réalisateurs, en particulier ses deux mentors Sergio Leone et Don Siegel, à qui il dédiera en 1992 son film le plus personnel, le plus abouti qu'est Impitoyable. L'influence de ces deux hommes est très nette dans le travail d’Eastwood, qui a su mélanger leurs deux esthétiques pour finir par se les approprier totalement, définissant ainsi son propre style. Il travaille à la fois sur les cadrages insolites, les gros plans et la chorégraphie de l'espace à la manière de Leone, mais aussi sur la rapidité, l'énergie et la vivacité qui se dégage de la réalisation de Siegel. De leur enseignement, il tirera également ce qui fait désormais sa marque de fabrique : un goût particulier pour les jeux d’ombres et de lumières qui à la fois découpent les visages, à la manière du réalisateur italien, et créent des ambiances étranges proches de celles qu’affectionnait le second maître. Eastwood aime à dire que c’est la luminosité qui rythme ses tournages, il ne filme pas les acteurs, mais la lumière qui les entoure.

LE ROYAUME DES ANGES ETRANGES

A ce travail esthétique, Eastwood ajoute des thèmes récurrents et très personnels hérités de son adolescence. De son background de fils d'ouvrier voulant échapper à la réalité, sort le héros laxiste et fêtard aimant la franche rigolade entre amis, que l'on retrouve en particulier dans Doux, dur et dingue (1978) et sa suite Ça va cogner (1980) ou encore Pink Cadillac (1989), mais aussi dans certaines scènes de Bronco Billy (1980), Le Maître de guerre (1986) ou Space Cowboys (2000). De cette même jeunesse et de son travail avec Leone vient également le thème du trauma du passé qu’il développe dans nombre de ses films. De sa première production, Pendons-les haut et court, à son dernier coup de maître Gran Torino en passant par L’Homme des hautes plaines, Josey Wales, hors-la-loi, Firefox, Le Retour de l’Inspecteur Harry, Impitoyable, Mystic River, Million Dollar Baby, le diptyque sur Iwo Joma, et d’une certaine façon L’Echange, tous ses héros ont un passé plus ou moins chargé, lourd à porter qui influence et souvent gangrène le présent montré dans le film. A ceci il associe, la plupart du temps, une dimension mystique voire même fantastique. Ses personnages ne sont plus complètement des hommes, leur passé les a transformés en une sorte de fantômes vengeurs, d’anges étranges, de revenants hallucinés. Tout ces thèmes et son esthétique sont condensés à merveille dans Minuit dans le jardin du bien et du mal. Avec comme toile de fond la ville de Savannah, le film mélange en un cocktail détonnant de lumières filtrées la décontraction festive et les croyances mystiques du sud. "To understand the living, you got to commune with the dead" déclare la prêtresse vaudou Minerva, comme un credo que Clint Eastwood déclinerait dans bon nombre de ses films.

"I WATCHED SIDNEY LUMET, WHO IS 80, AND I FIGURE, I'M JUST A KID"

A partir des années 80 (symbolique tournant de la cinquantaine) est apparue une nouvelle thématique dans ses films, celle du héros vieillissant. D'abord en filigrane dans Firefox (1982), l'idée s'est peu à peu développée pour s’implanter dans tous ses films. Du chanteur country s'autodétruisant dans Honkytonk Man (1982) au vieux cowboy rangé d'Impitoyable (1992) il a été tour à tour ancien militaire en charge de nouvelles recrues dans Le Maître de guerre (1986), réalisateur machiste remettant sa vie en question dans Chasseur blanc, cœur noir (1990) et flic sur le point d'être remplacé par un jeune bleu dans La Relève (1990). Signalant ainsi la fin de ses époques "cowboy" et "mauvais flic", il a ancré les vingt dernières années de sa carrière dans cette thématique du vieillissement, la poussant toujours plus loin. Ancien garde du corps, shérif des années 60, photographe solitaire, voleur à la retraite, journaliste au bout du rouleau, pilote d'essai recyclé en constructeur de satellites, agent du FBI ayant subi une transplantation cardiaque, entraîneur de boxe immobile ou amoureux de voiture retraité, tous ses derniers films le mettant en scène tissent la même trame, et montrent la prise de conscience flagrante d'un Clint dans sa septième décennie. Créance de sang sorti en 2002 s’était fait la matérialisation de cette usure, montrant une réalisation moins stricte que d’habitude et un acteur fatigué par ses 72 années. Un bémol dans la capacité de Eastwood à tenir la double casquette, rapidement effacé par Million Dollar Baby et dernièrement Gran Torino. Deux films dans lesquels il est revenu en force avec une nouvelle exploration du thème servant d’écrin à une recherche plus profonde sur un sujet souvent associé : la paternité.

"I’M JUST LUCKY TO BE HERE, LUCKY TO BE STILL WORKING."

Si l’idée de la vieillesse semble le hanter, il s’en joue avec beaucoup d’ironie. Ses apparitions récurrentes au bras de sa maman (décédée en 2006), ses nœuds papillons de satin coloré et son discours de remerciement pour l’Oscar 2004 du meilleur réalisateur pour preuves, Clint Eastwood n’a pas fini de s’amuser et de nous éblouir. Une belle vieillesse qui lui a ramené toutes les récompenses. Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur et Golden Globe pour Impitoyable et Million Dollar Baby faisant de lui le réalisateur le plus âgé à avoir remporté un Oscar. Nominations pour ces deux récompenses avec Mystic River et Lettres d'Iwo Jima et pour les Globes avec Bird, Mémoires de nos pères et Invictus, films en sélection dans les festivals internationaux, prix du meilleur film étranger dans de nombreux pays, Clint Eastwood épate le monde entier par son talent, sa classe et sa gentillesse. Il se permet même d’ajouter à son statut d’auteur de films intimistes comme Bird ou Minuit dans le jardin du bien et du mal des galons de metteur en scène de blockbusters comme Space Cowboys, pour se retrouver bien placé dans la course à des prix inattendus comme les Saturn Awards. Un talent de réalisateur qui semble parfois éclipser son premier poste devant la caméra. Pourtant, c’est grâce à cette connaissance du métier qu’il a nourri sa fonction de directeur d’acteurs. "I like to direct the same way that I like to be directed.", déclarait-il lors d’une interview. S’il n’a jamais réussi à décrocher les récompenses suprêmes en tant qu’acteur, malgré deux nominations, il aura permis à cinq de ses interprètes de repartir avec la statuette dorée: Gene Hackman (Impitoyable), Sean Penn et Tim Robins (Mystic River), Morgan Freeman et Hilary Swank (Million Dollar Baby).

"I’M CLINT EASTWOOD AND I LOVE JAZZ"

De son enfance, Clint Eastwood a également gardé un goût certain pour la musique, en particulier le jazz et ses dérivés tels que le blues ou la country. Il a ainsi parsemé tous ses films de références à son genre de prédilection, que ce soit à travers leurs bandes originales ou leur intrigue même. En 1971 son premier film Un frisson dans la nuit met en scène un animateur radio à qui une fan demande inlassablement de passer le grand classique du jazz Misty de Erroll Garner. En 1986, l'un des jarheads du Maître de guerre était un rocker de bas étage écumant les scènes des bars les soirs de permission. En 1997, Minuit dans le jardin du bien et du mal s’ouvrait sur la pierre tombale du compositeur hollywoodien Johnny Mercer, dont la maison a été utilisée comme l’un des décors principaux. Poussant sa passion jusqu’au bout, il a également dédié trois de ses films à la musique. Le premier, Honkytonk Man, réalisé en 1982, est une tragi-comédie à l'ambiance très westernienne qui retrace la vie de Red Storval, un chanteur country qui se laisse consumer par sa passion pour la musique. Eastwood y incarne le rôle-titre, poussant lui-même la chansonnette aux côtés de son fils encore jeune, devenu depuis contrebassiste émérite et compositeur de ses bandes originales. Pour le second, Bird (1989), il s'est contenté de rester derrière la caméra pour réaliser un biopic poignant de Charlie Parker, qui se place comme une réflexion sur le rapport entre la vie sociale des artistes et leur travail. Enfin, en 2003, il a fait partie des sept metteurs en scène choisis par Martin Scorsese pour réaliser un documentaire sur le blues. Piano Blues croise les routes de Ray Charles, Fats Domino, Little Richard et Dr. John.

Mais Clint Eastwood n’est pas seulement un fin mélomane. Dès 1960, pour les besoins de Rawhide on lui demande d’enregistrer la chanson thème de la série ainsi que quelques hits de la musique country et de ce qui était considéré comme les Cowboy Favourites. L’expérience se révèle d’une grande qualité, les producteurs en redemandent. Le chanteur en herbe est diffusé régulièrement sur la plupart des radios américaines, et ce jusqu’à la fin de la série en 1965. Mais sa carrière de ne s’arrête pas là. Dès 1969, il rempile en cow-boy fringant dans La Kermesse de l’Ouest, un western musical, et ne cessera de chanter. Il donne régulièrement des récitals, souvent en compagnie de son fils, dans certains pianos-bars et autres lieux dédiés au jazz. En 1996 il a organisé un concert d’anthologie au Carnegie Hall de New York, proposant des reprises par le gratin de la scène jazz de la plupart des musiques de ses films, qu’il ait été interprète, producteur ou réalisateur. La prestation a donné lieu à un excellent enregistrement édité en CD et DVD sous le nom de Eastwood After Hours (Live at Carnegie Hall). Au cinéma, outre Honkytonk Man et La Kermesse de l’Ouest, il a également interprété certaines des chansons des bandes originales de Bronco Billy, Ça va cogner, Haut les flingues, Le Maître de guerre, Dans la ligne de mire, Minuit dans le jardin du bien et du mal, Jugé coupable et Gran Torino. Depuis 1992, il s’est intéressé à la composition, signant bon nombre des thèmes des bandes originales de ses propres films depuis Impitoyable jusqu’à L’Echange.

par Julie Anterrieu

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