Morgan Freeman

Morgan Freeman
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Acteur

Il arrive que certains acteurs connaissent une gloire sur le tard. Récoltant les fruits du succès alors qu’ils sont loin d’être des jeunes premiers, devenant par là-même des icônes pour les jeunes spectateurs, découvrant une figure d’ancien, sage et sagace, posé et cultivé. Récemment, Ian McKellen faisait l’écho d’une telle situation, incarnant coup sur coup Magneto dans X-Men et Gandalf dans Le Seigneur des Anneaux. Morgan Freeman fait partie de ceux-là, au pays du visage calme.

IT WAS THEN…

Acteur populaire, talentueux et remarqué alors qu’il avait déjà plus de cinquante ans, Morgan Freeman est de ceux qui laissent leur trace sur la pellicule. L’incarnation de la zen-attitude, le parangon du charme de l’expérience, prenant le pas sur la fougue de la jeunesse, un charisme échevelé frappé sur un visage tavelé. Son succès tardif semblerait prouver que la valeur doit parfois mûrir et macérer des années tant l’homme est associé à cette figure paternelle méditative et cultivée, comme une sorte de caution avisée pour un métrage. Il est en effet difficile de l’imaginer autrement qu’en homme mûr proposant son expérience de mâle éprouvé par la vie au jeune premier qui partage l’écran. C’est après plusieurs années de vaches maigres et de rôles à la télévision – dont une part récurrente et multi-personnage dans The Electric Company où il donna la réplique notamment à Bill Crosby – qu’il parvient à composer le personnage positif dont il est à présent coutumier. Mais avant cela, la télévision demeurait sa principale source de revenus. De téléfilms en séries, l’acteur ne parvient pas à se faire un nom au cinéma. Il incarnera malgré tout en 1981 Malcolm X durant ses dernières 24 heures pour Death of a Prophet.

LA RANÇON DE LA GLOIRE

C’est à la fin des années 80 que Morgan Freeman commence à se faire reconnaître. Il obtient une première nomination pour un second rôle aux Golden Globes et aux Oscars pour La Rue. Première promotion pour un acteur qui collectionnera par la suite récompenses et intentions de récompenses. En 1989, le comédien enchaîne coup sur coup Glory d’Edward Zwick (Le Dernier Samouraï) et Miss Daisy et son chauffeur, apportant chacun une pierre à l'édifice de sa renommée. Ce dernier film lui permettra même d’être une nouvelle fois nommé aux Oscars, face à sa partenaire Jessica Tandy en vieille acariâtre raciste qui évolue au contact de son chauffeur. Les années 90 deviennent la décennie cruciale pour Morgan Freeman. Il vole tout d’abord la vedette à Kevin Costner en maure bondissant dans le très hollywoodien mais très amusant Robin des Bois, prince des voleurs. L’année suivante, il collabore pour la première fois avec Clint Eastwood dans l'un de ses chef-d’œuvres les plus acclamés: Impitoyable, et obtient l'un de ses rôles les plus populaires dans Les Evadés, pour lequel il est nommé pour la troisième fois aux Oscars.

LA CLASSE AMERICAINE

Acteur déjà apprécié et reconnu, c’est en 1995 qu’il va se transformer en icône du cinéma en incarnant le détective Somerset dans Se7en, thriller culte de David Fincher. Il construit ainsi définitivement son personnage déterminé et cultivé face à un Brad Pitt chien fou pétri de certitudes idiotes. Voix de la raison pessimiste face à la brutalité du monde extérieur, ce rôle va le marquer pour le reste de sa carrière. Désormais la voie des blockbusters lui est ouverte, avec bien souvent des résultats décevants, tels que Le Collectionneur, Poursuite, Pluie d’enfer ou Danny the Dog, où il semble cachetonner sans vergogne en ressortant les éléments les moins intéressants de son jeu d’acteur, usant et abusant de son image sympathique du bon père bienveillant, Pygmalion pédagogue et flic sympa. En 1997, il est engagé par Steven Spielberg pour jouer dans Amistad, qu’il voulait comme un Schindler sur l’esclavage, mais sans parvenir à retrouver la sensibilité et la pertinence de son oscarisé prédécesseur. Enfin, conscient de son aura à Hollywood, il monte sa propre société de production et initie avec Gene Hackman, qu’il a rencontré sur Impitoyable, un remake de Garde à vue de Claude Miller, sous le titre Suspicion.

IT IS NOW…

En plus d’être l’un des rares acteurs noirs ayant assez de charisme pour incarner Dieu ou le Président des Etats-Unis – ce qui pourrait sembler selon certains être la même chose – sans choquer le WASP, Morgan Freeman se permet enfin de transformer sa crédibilité en caution artistique forte. Entre un hilarant et incompris Dreamcatcher et un Nurse Betty réalisé par Neil LaBute, l’homme se permet tout en s’amusant de donner des touches nuancées à son personnage. Douze ans après Impitoyable, il retrouve Clint Eastwood pour Million Dollar Baby, qui lui offre sa quatrième nomination aux Oscars et sa première statuette. Le public aura ensuite l’occasion de le retrouver dans la nouvelle mouture de Batman réalisée par Christopher Nolan. Né pour incarner Nelson Mandela, il est associé à Shekhar Kapur à un projet de biopic sur l’opposant à l’apartheid et leader de l’Afrique du Sud. Indéniablement beau joueur, Morgan Freeman incarne cette Amérique férue de justice et de droiture, classe et protecteur à la fois. La puissance féline d’un acteur bigger than life.

par Nicolas Plaire

En savoir plus

2005 Batman Begins 2005 An Unfinished Life 2005 Danny the Dog 2004 Million Dollar Baby 2003 Bruce tout-puissant 2003 Dreamcatcher 2002 La Somme de toutes les peurs 2000 Suspicion 1998 Deep Impact 1997 Amistad 1997 Le Collectionneur 1996 Poursuite 1995 Se7en 1995 Alerte 1994 Les Evadés 1992 Impitoyable 1991 Robin des Bois, prince des voleurs 1989 Glory 1989 Miss Daisy et son chauffeur 1987 La Rue

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