Harvey Keitel (de A à Z)

Harvey Keitel (de A à Z)
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Acteur

A COMME ACTORS STUDIO

Harvey Keitel fait ses premiers pas dans le métier d'acteur par le théâtre amateur. Dans les années 1960, il entre à l'Actors Studio, où il est l'élève de Frank Corsaro, Stella Adler et Lee Strasberg. Il débute dans le café La Mama de New York dans Up to Thursday. L'un de ses spectateurs est Salvador Dali, qui part avant la fin de la pièce. Sa première mise en scène à Broadway en 1975 est Mort d'un commis voyageur, dont il est aussi l'interprète. Il enchaîne avec A Lie of the Mind de Sam Shepard, Goose and Tom-Tom et Hurlyburly de David Rabe, sous la direction de Mike Nichols. Harvey Keitel délaisse ensuite quelque peu le théâtre, mais comme tous ses illustres camarades, il reste membre à vie de l'Actors Studio.

B COMME BAINES

George Baines est le personnage le plus sensuel incarné par Harvey Keitel. L'acteur new-yorkais n'a rien d'un sex-symbol, mais sous la direction de Jane Campion (qu'il qualifie de déesse), il devient l'amant fougueux de Holly Hunter. C'est en grande partie grâce à ce couple magnifique et métissé que La Leçon de piano (1993) est devenu le chef d'œuvre romanesque que l'on connaît, Palme d'Or à Cannes. Il faudra ainsi une femme pour repérer la sensibilité qui habite l'acteur, la plupart des autres réalisateurs préférant jouer la carte de la virilité voire de la brutalité. Jane Campion retrouve Harvey Keitel en 1999 dans Holy Smoke où, encore une fois, elle brise son personnage de macho en le rendant fou de désir et de jalousie pour Kate Winslet.

C COMME COPPOLA

En 1976, Francis Ford Coppola cherche l'acteur qui incarnera le personnage principal de son film sur la guerre du Vietnam. Après avoir contacté Steve McQueen et Al Pacino, qui refusent de rester bloqués 17 semaines dans la jungle asiatique, pressenti James Caan et Jack Nicholson, il choisit finalement Harvey Keitel pour tenir le rôle. Après une semaine de tournage aux Philippines, Coppola vire Keitel. C'est finalement Martin Sheen qui sera le capitaine Benjamin Willard, et Apocalypse Now deviendra un film mythique... Cet échec annonce la période la plus délicate de la carrière d'Harvey Keitel.

D COMME DE NIRO

Révélés tous deux par Scorsese dans Mean Streets, Harvey Keitel et Robert De Niro ont vu par la suite leurs carrières nettement diverger. Bien que se croisant occasionnellement sur les plateaux de cinéma (Taxi Driver, Copland), leurs choix et même leur façon d'appréhender le métier sont opposés. Leur renommée aussi. De Niro est devenu le "meilleur acteur au monde" lorsque Keitel voyait sa carrière au mieux stagner. De Niro se métamorphosait pour chaque rôle tandis que Keitel était confiné à des personnages archétypaux. Mais sur la longueur, la tendance s'est inversée: Keitel, tout en restant libre, a vécu des expériences de cinéma passionnantes. De Niro, lui, aligne depuis quelques années des films médiocres qui ne font qu'exploiter l'image de ses grands rôles passés.

E COMME EUROPE

Harvey Keitel s'est très tôt tourné vers le vieux continent. En 1977, dans le premier long-métrage (britannique) de Ridley Scott,Duellistes, il incarne un officier français plein de hargne bien décidé à en découdre avec son homologue Keith Carradine. Mais l'acteur a une nette préférence pour la France et l'Italie. Dans les années 80, il multipliera les collaborations avec des cinéastes plus ou moins obscurs, dont peu de grands noms: seuls Bertrand Tavernier, Ettore Scola (La Nuit de Varennes, encore un film en costumes) émergent. Dans les années 90, ses escapades européennes se font plus rares mais aussi plus décisives, comme son rôle dans Le Regard d'Ulysse. Ginostra, de Manuel Pradal, est son dernier film européen.

F COMME FLIC

Visiblement, les cinéastes qui ont croisé le chemin de Harvey Keitel aiment lui donner des rôles de personnages au code de l'honneur très strict, exploitant toute la rigidité, la dureté de l'acteur. Et ce d'autant plus que ce dernier prend de la bouteille. Ainsi, au cinéma, Harvey Keitel est très (trop?) souvent un flic. Citons Enquête sur une passion (1980), Copkiller (1983), Calendrier meurtrier (1989), Pensées mortelles (1991), Thelma et Louise (1991), The Young Americans (1993), Soleil levant (1993), Clockers (1995), Copland (1997), Dragon rouge (2002) et dernièrement Ginostra (2003). Il est un flic sobre, consciencieux, précis, mais sans génie. Bad Lieutenant, d'Abel Ferrara (1992), est l'exception. Le film fait voler en éclat tous les clichés et procure à Harvey Keitel le rôle le plus impressionnant de sa carrière. En flic ripoux rongé par le vice, la drogue, menacé par la déchéance la plus irréversible, il donne tout. Lire la suite.

par Yannick Vély

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