Ewan McGregor

L’exception faite acteur. En effet, bien malin celui qui réussira à mettre une étiquette sur l’acteur écossais Ewan McGregor. Celui-ci a réussi à construire une carrière qui lui permet aussi bien d’évoluer de manière crédible dans les grosses machines américaines que dans les films indépendants. Il est à l’aise dans tous les registres et a même prouvé à plusieurs reprises qu’il sait joliment pousser la chansonnette quand la situation le demande. Aurait-il déjà son clone monsieur McGregor?

MY NAME IS OBI-WAN

C’est au tendre âge de 9 ans qu’Ewan McGregor a décidé qu’il serait comédien. Il faut dire que son oncle, l’acteur Denis Lawson, a largement contribué à fasciner l’imaginaire du jeune garçon et ainsi ouvrir grande la voie à sa vocation. C’est ce même oncle qui, des années plus tard, lui dira de bien réfléchir avant de signer pour le rôle d’Obi-Wan Kenobi dans la seconde trilogie de George Lucas. En effet, Denis Lawson a lui-même interprété le pilote Wedge Antilles dans la première trilogie de La Guerre des étoiles et reste, encore aujourd’hui, marqué par ce rôle. Ewan McGregor accepte le challenge. Il dira avoir souffert sur le tournage, n’étant pas habitué à travailler avec le fameux écran bleu, mais aime le fait d’avoir surpassé cette difficulté et d’être aujourd’hui dans les trois films. Des effets spéciaux qu’il retrouvera également sur le tournage de La Chute du faucon noir de Ridley Scott. Ewan McGregor est fasciné par les soldats et voulait découvrir comment ceux-ci opéraient en état de guerre. Ce dont il a pu se rendre compte lors des préparatifs avec de vrais rangers et, plus tard, sur le tournage que le réalisateur voulait le plus proche possible de la réalité. Une autre réalité, reflet d’un possible future, le propulse sur le devant de la scène avec le film de Michael Bay, The Island. Mais même si son profil reste très agréable à regarder, il n’est malheureusement pas utilisé au maximum de son potentiel Ce qui n’était pas le cas de Big Fish, la merveille de Tim Burton où il pouvait exprimer l’étendue de son talent. Un conte certes à gros budget mais plus proche d’un cinéma d’auteur que les autre productions citées ci-dessus.

"CHOOSE LIFE. CHOOSE A CAREER."

En effet, c’est encore dans les "petits" films que l’acteur trouve le mieux à s’exprimer et ce n’est pas la rencontre avec Danny Boyle qui prouvera le contraire. Ewan McGregor retrouvera le réalisateur pour une autre trilogie, décidément, et quand celui-ci se lancera à l’assaut de l’Amérique avec La Plage, il ne fera plus partie du voyage. Bien que déjà remarqué dans le rôle du cinglant journaliste Alex dans Petits Meurtres entre amis, c’est sa stupéfiante interprétation de Renton dans Trainspotting, pour laquelle il avait perdu 14 kilos, qui lui permettra d’entrer par la grande porte dans le monde des acteurs reconnus. La comédie romantique Une vie moins ordinaire commençait déjà à amorcer le virage du réalisateur Danny Boyle vers un cinéma plus US, mais cela dit restait suffisamment décalée pour un Ewan McGregor au mieux de sa forme. Et de ses formes pourrait-on presque dire, car l’acteur écossais n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à se montrer dans le plus simple appareil pour les besoins d’un rôle. Que ce soit dans The Pillow Book de Peter Greenaway, dans lequel sa peau servait de parchemin, ou dans le sulfureux Young Adam, où il ose toutes les audaces et des scènes de sexe qui n’ont rien de lisse ou d’artistique comme le spectateur les voit d’habitude au cinéma, mais reflètent plus les réalités de la vie. Aucun défi ne semble l’arrêter quand il a choisi de défendre un rôle et cette intégrité dans ses choix fait que ceux-ci ne risquent pas de mettre sa carrière en danger mais se trouvent au contraire presque justifiés dans son curriculum vitae.

THE VOICE

Ewan McGregor choisit ses films à l’instinct. Il fonctionne en harmonie avec ses sens et ne peut donc être dans le faux. Ce qui explique que quand il décide non seulement de jouer mais aussi de chanter et de danser, il est toujours juste. Il a commencé avec le rock'n'roll dans le cultissime Velvet Goldmine, pour lequel il donnait vie et voix à Curt Wild. Puis il séduira sa belle sous les traits de James Joyce en lui chantant de belles paroles dans Nora, avant de faire fondre le cœur de toutes les femmes du monde en poète maudit dans Moulin Rouge!. Un festival de couleurs et de chansons dont il se tire sans une fausse note. Il avoue adorer chanter mais n’être point pour autant un chanteur professionnel, et n’a aucune intention de choisir un film uniquement car le scénario possède des passages chantés. Il n’en aura certes pas besoin car, quand ces passages ne sont pas écrits, il les provoque. Ainsi, dans Bye, Bye love, en accord avec sa partenaire Renée Zellweger, il demande aux producteurs d’enregistrer une chanson pour le générique de fin, cela lui semblant logique vu qu’il venait de finir Moulin Rouge! et que la belle avait joué dans Chicago. Après bien des négociations, leur requête fut acceptée et les deux purent enregistrer la magnifique séance chantée et dansée visible à la fin du film. Une voix que l’acteur donne même s’il n’est pas à l’écran. Il a en effet récemment doublé Rodney, le charmant robot parti à la recherche de sa destinée, dans Robots, ou encore le pigeon voyageur de Vaillant, pigeon de combat.

CHANGEMENT DE PEAU

Même si cela semble facile quand on le voit à l’écran, l’acteur avoue avoir de plus en plus de mal à se défaire des rôles pour entrer dans les suivants. C’est devenu un processus plus lent surtout quand, comme cela est déjà arrivé, il a seulement un jour de transition pour passer d’un univers à un autre, ce qui pour lui signifie souvent faire un véritable grand écart. Cela dit, il n’a jamais trouvé autant de plaisir à jouer et ce malgré les inconvénients liés à la célébrité. Lui qui avoue ne jamais avoir voulu avoir de fans apprend cela dit à vivre avec et se concentre uniquement sur le travail qu’il doit effectuer, laissant ainsi le superflu de côté. Il lui faudra par ailleurs toute cette faculté de concentration pour attaquer le tournage du projet du réalisateur Peter Capaldi, dans lequel il doit interpréter pas moins de quatre personnages différents. Dans cet ambitieux projet, il devra être une star de Hollywood des années 30, sa doublure, ainsi que deux personnages du film que cet acteur est en train de jouer. Cela se corse encore car le film dans le film est, lui, situé au XVIIIe siècle. Pour l’acteur, qui a toujours voulu tourner avec ce réalisateur, il ne pouvait trouver scénario plus excitant. Avant cela, il était en 2006, pantalon court et idées troubles, le psychanalyste dans l’esthétique thriller Stay, en compagnie de Naomi Watts et Ryan Gosling. L’année 2007 le voit propulsé dans l’Angleterre victorienne pour ses retrouvailles avec Renée Zellweger dans le film Miss Potter. Ewan McGregor ou le perpétuel voyage entre deux univers.

par Carine Filloux