Chute du faucon noir (La)
Black Hawk Down
États-Unis, 2001
De Ridley Scott
Scénario : Ken Nolan
Avec : Eric Bana, Ewen Bremner, William Fichtner, Josh Hartnett, Ewan McGregor, Tom Sizemore
Durée : 2h24
Sortie : 20/02/2002
3 Octobre 1993. 120 soldats d'élite américains sont envoyés à Mogadiscio en Somalie pour capturer deux lieutenants de Mohamed Farrad Aidid. L'opération aurait du prendre une heure mais en a duré finalement 15, au cours desquelles deux hélicoptères UH-60 Black Hawk ont été abattus, 73 blessés, 18 morts américains, et plus d'une centaine de Somaliens.
On pouvait certes être effrayé, même carrément méfiant, en voyant le nom de Jerry Bruckheimer associé à ce film. D'autant qu'il s'agit d'un film de guerre, comme le sur-détesté Pearl Harbor. Cependant, les plus observateurs noteront que le film n'est pas une production Bruckheimer Films et qu'il n'est pas non plus distribué par Disney, mais par Columbia. Le réalisateur n'est de plus pas un jeune nouveau issu du clip ou un "yes-man" commun, mais un grand réalisateur sur le retour, qui après un grandiose Gladiator et un moyen Hannibal, s'affirme à nouveau comme un maître de la caméra. Techniquement, le film est une pure merveille, et c'est peut-être là qu'il pèche. Le pari entrepris s'avère être en quelque sorte une version longue, étalée, de l'ouverture de Il faut sauver le soldat Ryan. Autrement dit, montrer la guerre telle qu'elle est, de la manière la plus directe possible, sans concession, dans toute son atrocité. C'est pourquoi on se trouve devant un film sans histoire au sens le plus propre du terme. Il y a très peu de fiction ici, et elle ne s'affirme vraiment qu'à travers une photo ultra-léchée (marque de fabrique de Ridley Scott). C'est là que le film se différencie de Ryan, dont même la lumière et le travail sur la couleur optaient pour un réalisme plus effectif.
Les images sont belles, ce qui est paradoxal compte tenu du sujet filmé. Scott n'hésite pas pour autant à montrer le sang, le gore, ainsi que le caractère déchirant de la guerre. Mais la plupart du temps, les images sont littéralement époustouflantes et confèrent un certain souffle épique au film. Dans son ensemble, La Chute du faucon noir s'apparente plus au documentaire qu'à la fiction: le film commence et se termine avec cette opération, ayant donc pour fonction principale (et presque unique) d'être un constat de ce qui s'est passé. Les personnages ne sont pas sur-définis, on n'essaie pas de leur conférer une identité trop propre, afin d'en faire justement des protagonistes. Ils ne représentent en gros qu'un seul et même personnage, Le corps de l'armée, ou plutôt Le Soldat. Aucune esbroufe de ce point de vue-là, aucun acteur ne sort du lot, même si l'on s'attarde un peu sur certains caractères afin d'aborder les différents sentiments éventuels. Aucun discours puant non plus, les quelques propos évoqués portent sur le métier de soldat.
Black Hawk Down ne se donne pour but que de représenter la guerre le plus purement possible, sans effet spécial, sans aucune fictionnalisation d'aucune sorte. C'est une intention noble, surtout qu'elle est respectée et remplie, mais c'est peut-être là le défaut du film, 2h24 de simple récit des faits, donc une adaptation pure du livre de Mark Bowden, c'est un peu long pour "rien".