Albert Dupontel

Albert Dupontel
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Réalisateur, Scénario, Acteur
France

Et si Albert Dupontel devenait, film après film, le meilleur acteur français de sa génération? Le seul capable d’incarner des rôles physiques, dramatiques ou comiques avec la même aisance? Réalisateur, acteur, auteur au sens noble du terme, sa filmographie est d’une rare cohérence. Que ce soit dans la comédie de mœurs (Monique), l’évocation de la vie d’un médecin de campagne (La Maladie de Sachs) ou le rôle plus musclé d’un simple convoyeur de fonds, il reste toujours étonnamment crédible en véritable caméléon.

L’ECORCHE VIF

D’abord un malentendu. L’étiquette de comique télé longtemps accolée à Albert Dupontel tenait du non sens. Bien sûr, il s’était fait connaître du grand public, au début des années 90, par ses one man show décapants. Personne n’a oublié depuis ses sketches acides et drolatiques comme "30 millions de mamies" ou son hilarant personnage de jeune inculte passant l’oral du Bac de Français. Son statut d’amuseur est ainsi né dans les cours des collèges et des lycées où l’on ressassait les meilleurs passages de son spectacle, les "Sartre, Sartre? Comme le département?", "La femme de Sartre? Ah oui madame Sartre" et autres perles de son répertoire. Pourtant, à y regarder de plus près, on ne peut s’étonner de sa trajectoire météorite qui le fit passer des plateaux télé de Patrick Sébastien à l’univers trouble d’Irréversible de Gaspar Noé. Ce serait oublier sa formation de comédien de théâtre, ignorer son apprentissage dans la troupe dirigée par Ariane Mnouchkine et des premières expériences cinématographiques. Albert Dupontel n’a pas changé. Il a simplement mûri et trouvé un autre registre pour livrer ses angoisses. Un jour peut-être, il reviendra sur scène, seul, pour de nouveau faire rire la France entière, mais en attendant ce retour hypothétique, sa carrière actuelle est devant et derrière la caméra, dans des rôles souvent bien loin de cette première image qu’il n’a pourtant jamais désavoué.

HOMME AU BORD DE LA CRISE DE NERF

Ensuite un regard. Noir, inquiet, emprunt d’une terrible humanité. Albert Dupontel est comme un volcan assoupi capable d’entrer en éruption, une faible brise prête à se transformer en ouragan. Il n’est jamais aussi brillant que derrière des personnages à la rage trop longtemps contenue, aux tourments intimes qui finissent par exploser à la face du monde. L’essentiel de son jeu ne passe pas par les mots ou la diction mais par sa formidable présence. Cinéastes émérites, les frères Dardenne avaient déclaré à propos d’Olivier Gourmet qu’il était absolument incroyable de dos dans Le Fils, film pour lequel il a reçu le prix d’interprétation au Festival de Cannes. Albert Dupontel a également ce don d’incarnation. Dans Le Convoyeur, il y a cette scène incroyable de convulsion. On ne voit que ses jambes, le bas de son dos et pourtant, il parvient à être juste, à faire ressentir la douleur de son personnage. Acteur instinctif, il brille de mille feux dans l’improvisation maîtrisée comme celle que lui proposa Gaspar Noé sur le tournage d’Irréversible. Il aurait été le moteur de la joute verbale qui l’oppose à Vincent Cassel dans le métro, l’élément provocateur de cette mise à nue. Il déclare jouer pour se libérer de ses névroses personnelles mais il semble pourtant les emmener avec lui pour camper des performances toujours sur le fil du rasoir.

ENFANTS TERRIBLES

Enfin deux films: Bernie et Le Créateur. Deux oeuvres complètement barrées, uniques dans le petit landernau du cinéma français. Fausse comédie noire, vrai conte social, Bernie (sorti en 1996) a rencontré l’adhésion du public, presque par effraction, devenant ainsi un film culte. Quelques scènes sont entrées dans le panthéon de l’outrance made in France: Bernie qui dévore la tête d’un canari, Bernie qui aiguise une pelle sur un rail de sécurité d’autoroute, Bernie qui tabasse une employée de la DDASS avec une gouttière… Plus abouti sur le plan de la mise en scène, Le Créateur (1999) n’a pas suscité le même engouement. Inspiré par Barton Fink des frères Coen, Albert Dupontel exposait ses failles personnelles dans une fable sur les affres de la création. On retrouvait au générique Terry Jones, l’un des membres des Monty Python, l’ultime référence de l’artiste en matière d’humour et la belle Claude Perron, déjà au générique de Bernie. Avec cette dernière, il forme un couple détonnant, jamais en couverture des magazines people mais beaucoup plus intéressant sur un plan artistique. Le Convoyeur nous offre le plaisir de les revoir ensemble. 2004 sera de toute façon l’année Dupontel. Il figurera au générique du film français le plus attendu de l’année, Un Long Dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet et s’attaquera à son troisième long métrage en tant que réalisateur, s’il parvient enfin à boucler le budget. Le titre? Enfermé dehors, tout un programme…

par Yannick Vély

En savoir plus

Réalisateur:

1999 Le Créateur

1996 Bernie

Acteur:

2004 Un Long Dimanche de fiançailles

2004 Le Convoyeur

2003 Les Clefs de la bagnole

2002 Monique

2002 Irréversible

2002 Petites Misères

2000 Les Acteurs

1999 Du bleu jusqu'en Amérique

1999 La Maladie de Sachs

1999 Le Créateur

1998 Serial Lover

1996 Bernie

1996 Un Héros très discret

1994 Giorgino

1994 Chacun pour toi

1992 Désiré

1988 La Bande des quatre

1988 Encore

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