Le Grand soir

Le Grand soir
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Grand soir (Le)
France, 2012
De Benoît Delépine, Gustave Kervern
Scénario : Benoît Delépine, Gustave Kervern
Avec : Albert Dupontel, Brigitte Fontaine, Bouli Lanners, Yolande Moreau, Benoît Poelvoorde
Musique : Brigitte Fontaine
Durée : 1h32
Sortie : 06/06/2012
Note FilmDeCulte : *****-
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Les Bonzini tiennent le restaurant 'la Pataterie' dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d'Europe. Son frère, Jean Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand Jean Pierre est licencié, les 2 frères se retrouvent. Le Grand Soir, c'est l'histoire d'une famille qui décide de faire la révolution... à sa manière.

NOT DEAD

Punks à chiens, gueules cassées, absurdité de la société de consommation: l'anar Le Grand soir ne fait pas la révolution dans le cinéma des Grolandais Benoît Delépine et Gustave Kervern. Mais les réalisateurs n'ont pas édulcoré leur goût de l'absurde qui se déploie ici dans un décor de zone commerciale, une sorte d'enfer sur Terre, grouillant, fou mais aussi aseptisé et bien rangé. Toutes les boutiques posées en rang d'oignon, aux noms plus cons les uns que les autres, de la Grange du cheveu au Royaume des patates, sonnent comme des illusions de vie dans un univers robotique. Une voiture passe, son autoradio diffuse du Keen-V, indice certain d'une civilisation qui s'effondre. Pendant ce temps, Benoît Delépine et Gustave Kervern tiennent leur caméra, observent ce qui fait irruption dans le cadre immobile, abolissent le champ/contrechamp, dans une impression de happening permanent.

Pourtant, Delépine et Kervern ne sont pas posés sur leur rocher de sages, jugeant la pauvre vie merdique de quidams. Il n'y a pas de mépris pour les gus qui poussent leurs caddies, pas de mépris pour les deux héros (interprétés par Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel), beaucoup de dignité, même quand le slip de Poelvoorde se barre lors d'un stage diving à un concert des Wampas. Le Grand soir s'interroge, dans ce microcosme ubuesque, sur la place de la singularité, sur ce moment où l'employé robot déraille, sur la liberté, et sur l'indifférence de la masse. On peut bien s'immoler au rayon primeur d'un supermarché, personne ne réagit et l'on n'est pas si surpris. Parce que la fantaisie absurde du duo carbure à l'humour noir, du désespoir pathétique aux suicides à la con. Pas besoin d'être un punk pour s'y reconnaître. Le Grand soir, hilarant et ravageur, est le meilleur film des réalisateurs.

par Nicolas Bardot

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