Sylvie Testud

Sylvie Testud
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Actrice
France

Sylvie Testud appartient à cette famille de comédiennes, dont fait également partie Julie Depardieu, qui ne fait pas de vagues, n’apparaît pas ou prou dans les pages de la presse people, mais fait littéralement vivre un rôle sur grand écran. Approchez Messieurs, Dames, laissez-vous tenter et découvrez que le talent, le vrai, ne se trouve pas forcément du côté de Montmartre.

LES RESPONSABILITES D’UNE ACTRICE

Qu’attendent les spectateurs d’un film? Deux heures volées au quotidien, décidément bien assez quotidien comme cela. Deux heures pour s’évader, réfléchir, prendre conscience, pleurer, aimer, frémir, rire, tuer... Une sacrée responsabilité pour le metteur en scène qui, pour réussir dans cette tâche, dispose d’une caméra, d’un script et des acteurs pour lui donner vie. Car pour que la sauce prenne, il faut que le spectateur y croit, qu’il s’identifie à l’acteur, se substitue à lui. Est-ce que l’acteur pense à cette responsabilité quand il signe pour un rôle? Probablement pas. Ce que l'on sait, c’est que Sylvie Testud n’a jamais failli à la grandeur de la tâche. Un long préambule pour expliquer à quel point le métier d’acteur n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et qu’il s’agit effectivement d’un métier à part entière, car il n’est pas donné à tout le monde de donner corps à une autre vie. Sylvie Testud a senti en elle ce désir en voyant Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée de Claude Miller. Cette bouille enfantine et maladroite et pourtant déjà si pleine de promesses a fait résonner en elle un appel qui n’allait pas rester sans réponse. La voie est maintenant tracée. Elle quitte Lyon pour Paris et son Cours Florent avant de tenter le Conservatoire National d’Art Dramatique. "Admise au conservatoire!. Un cri du cœur qui ouvre son roman Il n’y a pas beaucoup d’étoiles ce soir (paru en 2003 chez Fayard). De cœur, elle n’en manque pas, et n’hésite pas à le partager, que ce soit sur la scène d’un théâtre, sur un grand écran ou en couchant des mots sur le papier. Car ce qui caractérise Sylvie Testud, c’est la passion qu’elle a à pratiquer le métier qui l’a choisie. Une passion toutefois teintée de lucidité.

SYLVIE TESTUD EST VRAIE

Actrice est un titre galvaudé de nos jours, tout le monde et n’importe qui se nomme ainsi. Sylvie Testud est une actrice vraie. Par sa performance, ou peut-être plus simplement par sa présence, elle arrive à rendre regardable un film aux qualités soporifiques indéniables. Comment? Elle n’est jamais fausse. Toujours dans le vrai. Elle semble avoir hérité du caméléon, rentre et sort de ses rôles sans faire de vagues. Même si elle a déjà plusieurs fois été engagée pour jouer le rôle de personnages mentalement perturbés, elle réussit chaque fois à se réinventer. Il se dégage d’elle un tel naturel et cette apparente facilité qu’à la voir on a l’impression qu’elle peut tout jouer. Une aisance et une force tranquille qui contrasteraient presque avec la grâce fragile de sa fine silhouette. Sylvie Testud vient du théâtre. Ceci n’explique certes pas tout, on est talentueux ou on ne l’est pas, mais le métier d’acteur a des règles et usages, et le théâtre est encore le meilleur endroit pour les apprivoiser. Il impose une rigueur, le droit à l’absence d’erreur. En effet, si l’acteur y est faux, le spectateur verra alors un comédien et non un personnage. Le cinéma admet la tricherie, la revendique, Sylvie Testud y a appris à être vraie. Peut-être qu’effectivement, elle avait déjà en elle les personnalités multiples qu’elle a données à Claude dans Dédales, ou tout simplement est-elle née pour jouer; elle possède l’instinct, le talent et a appris le reste pour l’amour de bien faire son métier. Elle sait d’ailleurs qu’elle le fait bien, son métier. Cela peut paraître prétentieux d’affirmer une telle chose mais elle possède la lucidité de ne pas se sous-estimer, sans en rajouter mais aussi sans rien diminuer. Rien que la vérité vraie.

MIROIR AUX ALOUETTES

Les récompenses sont là qui parsèment régulièrement son chemin depuis ses débuts. Mais est-il besoin de cela pour apprécier l’évidence? Depuis quand les statuettes et autres prix sont-ils gages d’authenticité et de talent? Sylvie Testud a juste besoin d’un rôle pour prouver qu’elle sait être tragique: Stella (théâtre), juste; Au-delà du silence, drôle et jolie; Tout pour l’oseille, inquiétante; Dédales, violente; Les Blessures assassines, émouvante; Stupeur et tremblements, extravagante; Victoire, etc. Il serait dommage qu’il faille un bout de bronze sculpté pour que certaines personnes se décident à la considérer comme une bonne actrice… ou peut-être pas d’ailleurs… En effet, aux pays des étiquettes, il vaut effectivement peut-être mieux appartenir au tiroir des élus. A l’heure de la surenchère, Sylvie Testud fait partie des actrices justes, préférant rester simples. Certaines perdent vingt kilos pour un rôle, d’autres en prennent dix, et tout le monde de crier au génie alors que la seule performance jugée est en fait la prise de poids. Sylvie Testud, elle, apprend le japonais et ne se contente pas de le parler mais s’en sert pour aborder le rôle d’une manière différente, apporter une touche supplémentaire. Dans Stupeur et tremblements d’Alain Corneau, elle incarne si bien le personnage inspiré de la romancière Amélie Nothomb que celle-ci est littéralement enthousiasmée par son travail, allant même jusqu’à dire qu’elle parle mieux japonais qu’elle-même. Il faut dire que l’actrice a travaillé assidûment pendant trois mois sous le contrôle d’un coach pour atteindre un résultat la satisfaisant, bluffant au passage le réalisateur car elle n’a pas une minute pris peur de tourner en japonais, mais au contraire a trouvé l’idée géniale.

RENCONTRES

Car elle a ce don de synergie, Sylvie Testud, non contente d’apporter son talent à l’œuvre, elle permet par sa simplicité et sa spontanéité une véritable rencontre, qui va se communiquer au film pour le transcender. Tel Filles uniques, pour lequel la chaleur, le naturel et la gaieté du film sont en grande partie dus à la complicité des deux actrices principales. Sandrine Kiberlain de déclarer qu'en tournant avec Sylvie, elle n’avait pas eu l’impression de travailler. Stéphanie Murat, qui l’a dirigée dans Victoire, est aussi tombée sous le charme de Sylvie lorsqu’elle l’a rencontrée pour un essai, ce qui n’a fait que la conforter dans son choix. Chantal Ackerman, avec qui elle a tourné La Captive et Victoire, dit d’elle: "Elle vous donne envie d’écrire pour elle, son éventail est tellement large, toujours dans la légèreté et la vérité. On peut tout lui demander". Ce n’est donc pas une surprise si Alain Corneau a de nouveau fait appel à elle pour son nouveau film, Les Mots bleus. Lui qui admire "sa grâce indéfinissable et magique", "son émotivité immédiate" et "la spontanéité de son jeu". Leur rencontre ne pouvant simplement se satisfaire d’un film, elle démontre une fois de plus dans ce rôle de mère à la possessivité maladive l’extrême naturel de son jeu. Ce don, elle a également réussi à le communiquer à son roman. En effet, la dernière page tournée, vous n’avez qu’une envie, c’est de le relire, ou alors de voir – ou revoir - tous les films dans lesquels elle a joué, afin de retrouver ce ton, cette personnalité qui n’appartiennent qu’à elle et qui la rendent si attachante. Souhaitons que son tout nouveau rôle de maman ne la tienne pas trop longtemps éloignée des studios de cinéma.

par Carine Filloux

En savoir plus

2005 La Vie est à nous 2005 Les Mots bleus 2004 Victoire 2004 Demain on déménage 2004 Cause toujours 2004 Tout pour l’oseille 2003 Dédales 2003 Filles uniques 2003 Stupeur et tremblements 2002 Vivre me tue 2002 Aime ton père 2002 Un moment de bonheur 2002 Les Femmes… ou les enfants d’abord 2002 Tangos volés 2002 The Château 2001 Désobéissance 2001 Je rentre à la maison 2000 La Chambre obscure 2000 La Captive 2000 Les Blessures assassines 2000 Sade 1999 Jeu d’artifice 1999 Faux contact 1999 Karnaval 1998 In Heaven 1997 Les Raisons du cœur 1996 Au delà du silence 1995 Love etc. 1995 Le Plus bel âge 1994 L’histoire du garçon qui voulait qu’on l’embrasse 1994 Maries Lied: Ich war, ich weiss nicht wo 1994 Couples et amants 1993 Eternelles 1993 Délit mineur 1992 Carne

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