Stupeur et tremblements

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Stupeur et tremblements
France, 2003
De Alain Corneau
Scénario : Alain Corneau
Avec : Bison Katayama, Taro Suwa, Sylvie Testud, Kaori Tsuji
Durée : 1h47
Sortie : 12/03/2003

Note FilmDeCulte :

Amélie réalise son rêve de petite fille et décroche un poste d'interprète dans une grande entreprise japonaise. Jour après jour, elle découvre l'envers du décor: un monde gouverné par une hiérarchie immuable.

YUMIMOTO, TON UNIVERS IMPITOYABLE

Spécialiste des adaptations d'œuvres littéraires à succès (Nocturne indien d'Antonio Tabucchi, Série noire d'après Jim Thompson), Alain Corneau relève un double défi: donner vie à un univers clos et étouffant (l'intrigue du roman se situe entièrement dans les bureaux d'une multinationale japonaise), et respecter la prose ironique d’Amélie Nothomb. Passé maître dans cet exercice de style, le cinéaste réussit à trouver le ton juste, entre une dénonciation universelle du harcèlement moral en entreprise et le comique absurde des malheurs d'Amélie. Peu lui importent les sévices moraux, l'espiègle jeune femme veut à tout prix s'intégrer à la grande société nippone et retrouver l'amitié, sinon plus, de la belle et cruelle Fubuki. Etrangère à une culture qu'elle vénère, elle accumule les maladresses mais ne renonce jamais. L'amour est aveugle; malgré le parcours miné imposé par son intrigante chef de service, Amélie vit son fantasme au jour le jour et devient, au fil d'une relation quasi sado-masochiste, une digne descendante du David Bowie de Furyo, son film préféré.

LE FABULEUX DESTIN D'AMELIE

Formellement peu ambitieux -sa grande limite-, Stupeur et tremblements repose entièrement sur la performance d'actrice de Sylvie Testud. Amie personnelle de l'écrivain, elle se glisse à merveille dans le tailleur strict de la petite Amélie et oppose son visage mutin à la froide perfection des traits de Kaori Tsuji. D'une drôlerie souvent irrésistible, le film évite toute caricature grâce au décalage provoqué par la naïveté d'Amélie. Le Japon est perçu comme un ailleurs mystérieux aux rites ancestraux qui refuse courageusement de céder au pragmatisme occidental. Un pays hors du temps et de l'espace que souhaite conquérir une femme au cœur de petite fille. Avec humilité, Alain Corneau s'efface derrière le texte initial. On peut néanmoins retrouver au fil du long métrage les obsessions du cinéaste: difficile assimilation d’une culture étrangère (Nocturne indien, Le Nouveau Monde, Le Prince du Pacifique) et soumission impossible à un code d'honneur ou à une hiérarchie (Tous les matins du monde, Le Cousin).