Romain Duris

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Acteur
France
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L’éternel adolescent est devenu un homme. Une belle métamorphose qui, sur l’écran, s’est passée dans la douleur. Pas si loin pourtant des rôles d’adolescents indécis qui émaillent sa carrière. Romain Duris a grandi mais reste fidèle à sa famille de cinéma. Et même s’il avoue ne pas être boulimique et pouvoir vivre sans tourner, il a tourné dans au moins un film par ans depuis dix ans.

CHASSEZ LE NATUREL… IL REVIENT PAR ALTERNANCE

Croisé au détour d’une conférence de presse lors du festival de Berlin de 2005, la première chose qui frappe en apercevant Romain Duris est sa taille. Au delà de sa touffe de cheveux ébouriffés, il possède une fine silhouette d’adolescent qui doit lui poser quelque problèmes de gravité par vent tempétueux. Difficile à croire après l’avoir vu, une heure auparavant dans la salle obscure, si grand dans le rôle de Tom, l’agent immobilier véreux de De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard. Tom croit qu’une rencontre, un soir de hasard peut changer sa vie. A défaut de changer la vie de Romain Duris, ce rôle pourrait fort bien marquer un tournant dans sa carrière. En effet, même s’il se cherche encore, Tom est un homme loin des nombreux adolescents qui ont jalonné la carrière de l’acteur. Romain Duris aborde ici un rôle complexe, dominé par un caractère violent et impétueux. Celui d’un homme partagé entre le monde de son père et celui de sa mère, et qui ne connaît que la violence pour résoudre les problèmes. Duris impressionne dans ce rôle qu’il habite totalement. Il est également à fleur de sentiments dans l’atypique Dans Paris de Christophe Honoré, où il interprète un jeune homme désespéré suite à une rupture sentimentale. L’acteur ose de nouveau un rôle sur le fil, notamment lors des scènes entre le couple… la légèreté a laquelle il a si souvent prêté ses traits semble bien loin. Pourtant, à bien y regarder, elle apparaît encore subrepticement au détour d’une scène, d’un sourire, aussi évidente que le retour du matin après la plus sombre des nuits. Une dualité qui rend son personnage d’autant plus humain et attachant.

FAMILLE JE VOUS AIME

Romain Duris est un acteur fidèle. Il éprouve une grand joie à retrouver les mêmes réalisateurs car il aime cette évolution, cette sensation de mieux travailler, liée à une profonde connaissance de l’autre. Son parrain de cinéma, c’est Cédric Klapish, qui lui a donné son premier rôle en 1993 dans Le Péril jeune, qui démarre avec la mort de son personnage! Le téléfilm, d’abord présenté à la télé, connaît un tel succès qu’il sortira sur les écrans deux ans plus tard. Le début d’une longue collaboration, car il retravaillera ensuite avec Klapish pour un petit rôle dans Chacun cherche son chat, avant de se retrouver papa de Jean-Paul Belmondo dans le sympathiquement futuriste Peut-être. Trois ans plus tard, c’est la consécration avec le très européen L’Auberge espagnole dont la suite, Les Poupées russes, arrive sur les écrans français en juin 2005. Il semble donc que tous les trois ans, le rendez-vous soit fixé entre Romain Duris et Cédric Klapish, ce qui se confirmera l’année prochaine avec la sortie de Dans Paris. C’est aussi avec un téléfilm que s’entamera la collaboration avec Olivier Dahan, en 1994, pour Frères: la roulette rouge. Les deux se sont ensuite retrouvés pour le sombre Déjà mort et l’adaptation du conte Le Petit Poucet, faisant un petit écart pour tourner le vidéo-clip de Princesse Erika Faut qu’j’ travaille. Le troisième homme marquant dans la carrière de Romain Duris est Tony Gatlif, qui lui a offert son premier vrai rôle de composition en 1998 dans Gadja dilo. Un an plus tard, le loufoque Je suis né d’une cigogne signe leurs retrouvailles, et Romain de s’accorder les faveurs des critiques, ce qui ne sera pas le cas du film. Il faudra ensuite attendre cinq ans avant que la route de Romain Duris ne recroise celle de Tony Gatlif, pour le très beau Exils, qui reçoit alors le prix de la mise en scène à Cannes. Duris appréciera particulièrement de retrouver Tony Gatlif, réalisateur exigeant qui pousse les acteurs dans leurs retranchements, transformant ainsi chaque tournage en une expérience très forte.

IL N’Y A PAS QUE LA FAMILLE DANS LA VIE

Romain Duris se dit très sélectif dans le choix des scénarios et pourtant il n’arrête pas de tourner. Non content d’avoir trois réalisateurs fétiches, il prend aussi les chemins de traverse, pour tourner par exemple avec son ami d’enfance Raphaël Fejto dans Osmose. Réalisateur qu’il retrouve cette année avec L’Age d’homme… maintenant ou jamais! dans lequel il interprète un trentenaire qui se cherche, à la fois sur le plan professionnel et sentimental. Il montre aussi dans Doberman, de Jan Kounen, quelle autre utilisation peut avoir un exemplaire des Cahiers du cinéma, quand il n’est pas à l’affiche du polar de Graham Guit, Les Kidnappeurs, dans lequel il aime de nouveau un peu trop les substances illicites; le film qui sera un échec retentissant. Il se consolera en "benêt magnifique" devant la caméra de Jean-Marc Barr pour Being Light, le troisième opus de sa trilogie. Il fera également de belles rencontres de cinéma, car avant de donner la réplique à Isabelle Adjani dans Adolphe, il retrouvera sa colocataire Cécile de France dans Dix-sept fois Cécile Cassard, poursuivant par un petit tour devant la caméra américaine de James Ivory en compagnie de Naomi Watts et Kate Hudson dans la mièvre comédie romantique Le Divorce. L’année 2004 l’aura vu enfiler le costume du gentleman cambrioleur Arsène Lupin, en compagnie de Kristin Scott-Thomas et Pascal Gréggory, alors qu’en 2007 il a donnéses traits à Molière dans le film éponyme de Laurent Tirard. Autant dire que l’agenda du jeune Romain fut des plus chargés ces dernières années et que nul projet ne lui fait peur. Du cinéma indépendant à la comédie romantique américaine, en passant par la case réalisateur fétiche, si le challenge lui semble au rendez-vous, Romain le sera aussi. A propos de réalisateur fétiche, il serait dommage que la belle collaboration entamée avec Jacques Audiard en reste sur ce coup d’essai, non?

par Carine Filloux

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