Jalil Lespert
France
"Une présence à l’image extrêmement forte, charnelle et un naturel inné". Voici la description de Jalil Lespert par le réalisateur Pierre Erwan Guillaume. Il semble que ce point de vue soit partagé car le jeune homme est, l’espace de quelques années, devenu incontournable. Que ce soit au premier ou au second rang, il imprime la pellicule de son talent et les réalisateurs français seraient bien inspirés de le faire tourner maintenant avant qu’il ne se décide d’aller crever l’écran au pays de l’Oncle Sam.
UN TALENT EST NÉ
Jalil Lespert est né en 1976 à Paris d’une mère avocate et d’un père comédien de théâtre. Il fera lui même un peu de théâtre à l’école avant de suivre les traces de sa mère, le baccalauréat en poche, en commençant des études de droit. Bon sang ne saurait mentir et le jeune homme tient plus du côté paternel car il abandonne lesdites études pour se consacrer au cinéma. C’est en 1994 que tout commencec pour lui alors qu’il accompagne son père à un casting pour Jeux de plage de Laurent Canet. Celui-ci recherche un père et son fils, les deux feront la différence et se retrouveront devant la caméra. Cette rencontre sera décisive pour Jalil car deux ans plus tard, le cinéaste fait de nouveau appel à lui pour son téléfilm Les Sanguinaires. Son premier grand rôle dans un long métrage aura lieu lui en 1998 pour Nos vies heureuses de Jacques Maillot. Son talent est déjà là mais malheureusement pour lui le film souffre de deux problèmes majeurs: trop de personnages et trop d’intrigues. Ainsi le film ne parvient pas à accrocher le public car malgré ses 160 minutes, tout est sous-développé. Qu’à cela ne tienne, la même année le verra également jouer dans Un dérangement considérable de Bernard Stora dans lequel, avec beaucoup de sensibilité, il sera un passionné de football qui remettra ses choix de vie en jeu pour l’amour de la mère de son meilleur ami.
DE JOLIES RESSOURCES
1999 sera l’année de la reconnaissance de son talent avec le César du meilleur espoir, qu’il décrochera pour Ressources humaines, sa troisième collaboration avec Laurent Canet. Il était au départ casté pour un autre rôle, avant de remplacer l’acteur qui devait jouer Franck. Laurent Canet l’a d'abord fait auditionner avec une chemise puis lui a rajouté une cravate, une veste, avant de finalement lui offrir le rôle. Il sera d’ailleurs le seul professionnel de ce film, les autres rôles étant tenus par des habitants de la Normandie, où le film fut tourné. Franck ou le rôle d’un jeune homme qui apprend que la vie est complexe, injuste, souvent difficile, et qu’elle n’offre pas de solution facile. En 2000, il change de registre et sera Augustin, le sensuel jardinier du Marquis de Sade en compagnie de Daniel Auteuil et Isild Le Besco, pour Benoît Jacquot. 2001 aura aussi son lot de reconstitutions historiques avec Bella Ciao de Stéphane Giusti, dans lequel il interprète le fils de Jacques Gamblin, obligé de s’exiler afin de fuir le fascisme. Ce portrait idéalisé d’une famille n’est pas un monument du cinéma mais la qualité du jeu des acteurs et de la photographie laissent toutefois une impression durable. Il plonge ensuite dans les années 70 et incarnera un chauffeur de bus qui entame une amitié avec une immigrée maghrebine dans Inch’allah dimanche de Yamina Benguigui. Il est fière de ses origines kabyles (par sa mère) et a voulu tourner dans ce film car il est un grand admirateur de l’œuvre de la réalisatrice. En 2002, il sera Daniel, frère de Paul (Sami Bouajila), lui-même amoureux de Myriam (Sylvie Testud), dand Vivre me tue. Un rôle secondaire qui mettra en avant son physique car il interprète un jeune homme obsédé par l’idée de devenir l’égal de Schwarzenegger, un grand du body-building. Une passion qui le conduira à sa perte.
LIBERTE, VERSATILITE, DEFI
Il recherche les challenges Jalil, que ce soit au niveau des rôles ou de l’expérience du réalisateur. Pourtant, pour Les Amateurs, il est d’abord séduit pas le scénario, qui résonne en lui et fait remonter des souvenirs de sa propre adolescence. Puis l’envie de jouer avec Lórant Deutsch, de prendre un risque et enfin que ce soit le premier long métrage de Martin Valente lui font relever le défi. Tout ceci et surtout le fait qu’il ne doive pas pousser la chansonnette. En effet, le jeune homme vient de terminer Pas sur la bouche, l’opérette d’Alain Resnais dans laquelle il interprète un gigolo. Il aime cela dit les rôles qui sont très loin de ce qu’il est. Il savoure par-dessus tout la liberté de passer de l’atmosphère contemporaine de Ressources humaines à celle de l’outrageux Marquis avant de changer de décor et de filer en Australie jouer sous la direction de Samantha Lang, L’Idole. Il y sera un acteur parisien, prétentieux et méprisant, amant de la jolie Leelee Sobieski. Il dit d’ailleurs avoir trouvé le rôle très agréable. Il aimerait tourner aux USA et se dit un grand fan de Jim Jarmush, des frères Coen et, naturellement, de Martin Scorsese. Cela dit, il ne veut rien brusquer et c’est encore dans des films bien de chez nous qu’il va de nouveau élargir sa palette et étonner. Dans L’Ennemi naturel de Pierre Erwann Guillaume, il donne ses traits à un ambitieux inspecteur de police qui, au cours d’une enquête, va perdre pied et se retrouver confronté à ses désirs les plus enfouis. Un rôle à fleur de peau pour Jalil. 2005 lui offrira le grand bonheur de tourner au côtés de Michel Bouquet pour le film de Robert Guédiguian, Le Promeneur du Champ de Mars ou les dernières années de la vie de François Mitterrand, dans lequel il était le journaliste inspiré de Georges-Marc Benamou.
SI TOUT EST FACILE, ON S’ENNUIE AU CINEMA
Une année qui continue sur le ring pour Jalil. En effet, il incarne le boxeur Virgil dans le film éponyme de Mabrouk el-Mechri. De nouveau un premier film et un rôle conséquent pour le jeune acteur qui s’est dit attiré par l’univers contemporain du personnage et, en grand sportif, il sait apprécier cette - trop rare - opportunité de pouvoir s’exprimer physiquement dans un film. De plus, il a la chance de pouvoir de nouveau jouer aux côtés d’un grand acteur français, cette fois-ci Jean-Pierre Cassel, avec lequel il partage les plus belles scènes du film. Le ciel semble lui être particulièrement favorable car il sera ensuite sur les écrans pour le nouveau film de Xavier Beauvois, Le Petit Lieutenant, dont il partage l’affiche avec Nathalie Baye et Rochdy Zem. Après le lieutenant ambitieux de L’Ennemi naturel, il est cette fois-ci un novice débutant dans un nouveau commissariat. Un film sur le quotidien des policiers, loin des clichés, le cinéaste s’étant immergé quatre ans dans la police avant de tourner, et dans lequel Jalil révèle une fois de plus le grand talent qui est le sien. Peut-être que le ciel a moins à voir avec la croissante présence de Jalil Lespert sur les écrans que cedit talent et il y a fort à parier que les choses ne vont pas s’arrêter en si bon chemin.
Filmographie sur FilmDeCulte
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2005 Le Petit Lieutenant 2005 Virgil 2005 Le Promeneur du Champ de Mars 2004 L’Ennemi naturel 2003 Pas sur la bouche 2003 Les Amateurs 2002 Vivre me tue 2002 L’Idole 2001 Inch’Allah dimanche 2001 Bella Ciao 2000 Sade 1999 Un dérangement considérable 1999 Ressources humaines 1998 Nos vies heureuses