Le Petit Lieutenant

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A sa sortie de l’Ecole de Police, Antoine monte à Paris pour intégrer la 2ème division de Police Judiciaire. Caroline Vaudieu, de retour dans le service après avoir vaincu son alcoolisme, choisit le petit lieutenant pour son groupe crim’. Plein d’enthousiasme, Antoine fait son apprentissage du métier aux côtés de ses hommes.

FRENCH FLIC FLICK

Le polar français est une affaire de dosage. Une pincée de fiction, une tranche de documentaire. Saupoudrez franchement de vécu, densifiez les personnages: c’est prêt. Le bon mélange est savant, millimétré, ne laisse pas droit à l’erreur. Quand la sauce prend (L627, Police), c’est un régal. Et rares sont les cinéastes à n’avoir pas rêvé d’être chefs-cuistots. Dernière gourmandise en bouche, Le Petit Lieutenant prend acte de cette petite cuisine, la théorise pour mieux s’en débarrasser et en faire son roboratif moteur. Au jeu du gendarme, Xavier Beauvois est un sacré brigand. Il y a d’ailleurs joué en vrai, un an et demi, grandeur nature. "Je suis allé voir les flics", dit-il, simplement, dans le dossier de presse. Espion à la solde du cinéma, en couverture chez les képis, Beauvois en a ramené une histoire d’une évidence dramatique à toute épreuve, avec cadavre (annoncé par un très naturel "Tin-tin-tin-tin!" événementiel), enquête et flingues de rigueur, qu’il s’est appliqué à couler dans le moule de l’écran.

QUE FAIT LA POLICE?

Avec une différence, de taille: Beauvois n’y incarne plus le "petit", se payant une virée gyrophare sur le toit, à toute blinde à travers la ville, comme dans "des films" (Antoine est entré dans la police "à cause des films" - pourquoi les nommer?). Il a passé le flambeau à Jalil Lespert, frais émoulu éternel, qui, aime-t-il à raconter, "est entré dans le film en 15 secondes", "est devenu le petit lieutenant en direct devant la caméra." Beauvois, lui, pour de rire, a endossé la défroque du méchant flic, réac, excessif. Et vogue la fiction policière, en constante résonance d’abyme avec les affiches de cinéma (entre autres, Un flic, bien sûr) placardées sur les décors réels. Que cette collusion ludique entre les différentes strates d’une quotidienneté plus ou moins mythologique bugne parfois dans la porte de la fiction (les rapports vaguement filiaux entre Antoine et Vaudieu, la faille alcoolique originelle de cette dernière, le personnage de Jacques Perrin – toutes choses parfois trop dramatiquement appliquées pour ne pas coincer un brin), n’empêche en rien le film, sobre, sans musique ni ambages, de marcher fier. Et nous de grimper volontiers à ses côtés, à bord du panier à salade.

par Guillaume Massart

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