Amateurs (Les)

Amateurs (Les)
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Amateurs (Les)
France, 2003
De Martin Valente
Scénario : Martin Valente
Avec : François Berléand, Barbara Cabrita, Lorànt Deutsch, Jalil Lespert, Pascal Légitimus, Sara Martins
Durée : 1h33
Sortie : 14/01/2004
Note FilmDeCulte : *-----

Christophe et J.-P. sont deux losers qui partagent leur temps entre glandouille en banlieue et râteaux avec les filles. Le premier aime la sœur du deuxième, le deuxième la soit-disant "cousine" du premier. Seulement ils n’appartiennent pas au même monde.

C’EST UN PEU COURT, JEUNE HOMME

Qualité première des Amateurs: nous rappeler combien la réussite artistique d’un court métrage n’est en rien une promesse pour une entrée glorieuse dans la cour des longs. Voyez Martin Valente qui, en 2001 nous offrait avec Ta Sœur neuf minutes sans prétention de fraîcheur et de sens narratif sympathique. Trois ans plus tard, le voilà qui veut pousser les meubles et n’y trouve que le vide. Comme de juste, devant un tel naufrage, on est en droit de se demander d’où vient l’avanie, et à qui en revient la faute. Au Martin Valente scénariste? Si l’ouverture renoue avec la touchante simplicité à laquelle semblait attaché le "court métragiste" (et pour cause, elle reprend quasi-intégralement la trame du film originel), les péripéties éléphantesques et sans réel enjeu qui s’ensuivent relèvent de la pire fainéantise d’écriture. Au Martin Valente sociologue? Une semaine après que le formidable L’Esquive a livré une illustration de la banlieue juste et pertinente, c’est avec consternation que l’on met les pieds dans la cité des Amateurs, ses personnages caricaturaux (Jimmy le dealer, chaîne en or apparente, flingue de foire dépassant du froc…), ses dialogues obsolètes, comme échappés d’une mauvaise comédie sociale des années 80, et son urbanité inusitée. Au Martin Valente directeur d’acteurs? Apparemment peu stimulée, la distribution fait en effet du sur-place. Si l’on attendait peu de Lorànt Deutsch, qu’on sait incapable de trouver sur une heure et demie le souffle qui l’anime dans ses courts métrages (voir le très bon A Louer de James L. Frachon), la prestation de Jalil Lespert, trop vieux pour le rôle et jamais à l’aise, fait peine à voir. Il en va de même pour Pascal Légitimus, pourtant capable de beaucoup, mais cantonné ici dans une resucée usée de sketchs des Inconnus. Reste un Berléand intéressant, mais flanqué d’un rôle dont on n’a toujours pas saisi l’utilité.

L’AIR POPU

Mettre toute la responsabilité du sinistre sur le dos de Valente serait cependant réducteur. La platitude de la photographie de Marie Spencer est également à créditer. De même que les choix musicaux de Denis Meriaux (pas un morceau de hip-hop dans un film sur la banlieue, mais du Manu Chao à la pelle). A ce néant artistique répond, en outre, une morale assez déplaisante, refusant la mixité et la mobilité sociale. On ne s’épuisera pas à émettre des réserves sur ce point: voir Valente s’échiner à décrire en vain la réalité de la banlieue mais restituer avec beaucoup plus de pertinence la prétention bobo suffirait à démolir notre argumentation. Vendu comme une bouffée de jeunesse, Les Amateurs sonne vieillot, dépassé, hors de son temps. Dès lors, comment prétendre faire des films populaires lorsque l’on ne sait plus ce que le mot signifie? A l’heure où le petit monde du cinéma français s’inquiète de n’avoir pas eu de véritable représentant fédérateur l’an passé, cette interrogation semble nécessaire. Que l’on s’entende bien: il ne s’agit pas ici de contester une quelconque légitimité à un cinéma prétendument "bourgeois". Tout ce que l’on souhaite, c’est que les cinéastes français se décident à traiter des sujets qu’ils maîtrisent vraiment. Ce qui, et ce n’est rien de le dire, n’est ici clairement pas le cas.

par Guillaume Massart

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