Virgil
France, 2004
De Mabrouk El Mechri
Scénario : Mabrouk El Mechri
Avec : Jean-Pierre Cassel, Léa Drucker, Jalil Lespert, Philippe Nahon, Tomer Sisley
Durée : 1h33
Sortie : 07/09/2005
Chaque semaine, Virgil fait rêver son père Ernest en lui racontant ses exploits de boxeur le temps d'un parloir. Chaque semaine, Virgil vient rêver en croisant le regard de Margot, une jeune femme elle aussi en visite. Cette semaine, Ernest lui annonce qu'il va sortir et qu'il va enfin pouvoir revoir Virgil sur un ring. Un seul problème: Virgil ne boxe plus depuis trois ans...
À SON CORPS DEFENDANT
Budgets moyens sacrifiés, frilosité de la production, incompréhension entre financeurs et direction artistique… Ainsi croissent les plants de gâchis dans le champ du cinéma français. A son corps défendant, Virgil n’en est qu’une victime supplémentaire, énième opposition entre les aspirations d’un jeune cinéaste et les aléas incertains d’une production hâtive. Soit, dans le coin gauche, une envie fougueuse d’en découdre avec le long métrage, de rendre hommage à un genre (le film de boxe) en s’essayant à des parades neuves (anti-héroïsme, ancrage sociétal, chute plutôt qu’ascension). Et côté droit, les geignements timorés d’un cinéma fuyard, vendu pour se coucher dès le premier round. De cette malheureuse bicéphalie résulte un sac de concessions, au sein duquel l’ambition est mise K.O. Formaté visuellement pour la petite lucarne, presque intégralement tourné en studio, Virgil se voit sans cesse tiraillé entre sa frustration franco-française de ne pas être américain (compensée maladroitement par des plans-séquences complexes, travellings plus ou moins gratuits et contre-performances techniques) et son incapacité tout aussi hexagonale à tenir une même tonalité sur la longueur. Tout n’est certes pas à bazarder dans ce premier film (à commencer par le casting, saluons notamment l’élégance de Jean-Pierre Cassel) et plusieurs détails savoureux ainsi qu’un certain sens de la réplique y surnagent encore. On se gardera donc de jeter la pierre à Mabrouk el Mechri, sans doute nourri au même grain qu’un Nicolas Boukhrief, et l’on rappellera que deux coups d’essais furent nécessaires à ce dernier avant d’achever son mémorable Convoyeur. Aussi gagerons-nous que Virgil ne soit, également, qu’un brouillon. En attendant mieux.