Charles Berling

Charles Berling
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum
Acteur
France

Charles Berling est un paradoxe. Il personnifie en effet l’incontournable discrétion. Depuis ses débuts sur le grand écran, voici maintenant plus de vingt ans, il n’a cessé ou presque, et ce entre de nombreux intermèdes sur les planches, d’enchaîner les films. Préférant la lumière des projecteurs de plateau à ceux du star system. Il ne s’est jamais reposé sur ses lauriers et a toujours cherché ce plaisir dans le jeu, ne refusant aucun rôle, parfois à la limite de la boulimie, au risque de tromper son talent dans des choix de carrière inégaux.

AU COMMENCEMENT ETAIENT LES PLANCHES

C’est dans la troupe de son lycée à Toulon que Charles Berling a fait connaissance avec l’art de la scène. Le virus est bien ancré et il décide ensuite de suivre une formation de comédien à l’INSAS de Bruxelles. Les années 80 seront pour lui celles du théâtre, en particulier sous l’égide de Jean-Louis Martinelli au TNS. Son premier film, Meurtres à domicile, date certes de 1982 mais il ne retrouvera le grand écran que dix ans plus tard. Même une fois sa carrière de comédien de cinéma lancée, Charles Berling restera fidèle au théâtre de ses débuts et entre deux productions, il n’hésitera pas à retrouver ce contact direct avec le public. Il réussira même à allier les deux avec Cravate Club, qu’il a joué au théâtre avec Edouard Baer avant de transposer l’histoire au cinéma. De plus, il est actuellement en position d’inverser les rôles car il est à l’affiche de l’adaptation cinématographique de la célèbre pièce de boulevard de Georges Feydeau, Un fil à la patte. Le cinéma et le théâtre se partagent ainsi l’emploi du temps de l’acteur, qui n’avoue pas de préférence pour l’un ou l’autre. A la question des journalistes, il avoue lui-même ne pas se la poser. Pour lui, il s’agit exactement du même métier, celui qu’il s’est choisi.

LE JEU LUI VA SI BIEN

Charles Berling a compris que le métier d’acteur pouvait lui accorder le privilège de vivre plusieurs vies; toutes les époques lui sont offertes, il n’a qu’à choisir ou faire en sorte de se faire choisir. Trois cinéastes, Olivier Assayas, Raoul Ruiz et Frédéric Schoendoerffer, ne s’y sont pas trompés qui ont déjà tourné deux fois avec lui pour des rôles différents à chaque fois. Le plus extrême étant Olivier Assayas qui, après l’avoir transformé en pasteur magnifique des années 30 (Les Destinées sentimentales), l’envoie dans le futur high-tech, étrange et fascinant de Demonlover. Les deux étant de nouveau réunis depuis septembre pour le tournage de Souvenir du Valois, l’histoire de deux frères (Charles Berling et François Cluzet) et une sœur (Juliette Binoche) devant se séparer d’objets de famille, et donc de souvenirs, pour couvrir les frais d’un héritage. Cela dit, le contexte historique lui sied particulièrement, et c’est grâce à son rôle de marquis candide dans Ridicule de Patrice Leconte que le public fait, enfin, connaissance avec lui. Il aura même l’honneur d’interpréter Pierre Curie dans Les Palmes de M. Schultz, ou encore Jean Moulin pour un téléfilm éponyme. Son physique et son talent lui permettent toutes les envies et situations. Il sera ainsi au centre d’un triangle amoureux pour trois films: un remake de Jules et Jim: Love, etc. ou encore le dramatique Nettoyage à sec, qui le voit transformé en homosexuel passif pour une scène de sodomie, raison pour laquelle nombre d’acteurs avaient alors refusé le rôle. Tant mieux pour lui, il y démontre qu’il n’a pas peur de prendre des risques. Il n’hésitera d’ailleurs pas à récidiver avec un nouveau rôle d’homosexuel dans L’Homme de sa vie de Zabou Breitman dans lequel Bernard Campan va tomber amoureux de lui. Une homosexualité qu’il avoue sans complexe avoir déjà essayé dans la vie, ajoutant que "personne n’est à l’abri de l’amour".

FAMILLE JE VOUS HAIS

Qu’importe la taille de son rôle, Charles Berling fait vivre la pellicule dès qu’il s’y imprime. Ainsi, dans Agents secrets, son personnage se fait tuer dans la première scène du film, mais Frédéric Schoendoerffer ne voulait personne d’autre pour la tourner car cette scène d’introduction était pour lui très importante et, après l’avoir dirigé dans Scènes de crimes, il voulait absolument retourner avec lui. Autre contexte avec le drame familial de Patrice Chéreau, Ceux qui m’aiment prendront le train, mais toujours une formidable intensité, que ce soit dans les scènes avec Valéria Bruni-Tedeschi ou alors avec son "père" Jean-Louis Trintignant. Il renoue d’ailleurs avec les difficiles duels père-fils pour Anne Fontaine et Comment j’ai tué mon père, dans lequel la subtilité de son jeu sera saluée. L’humeur sera plus légère avec le grand Philippe Noiret dans Père et fils, même si le drame rôde. Une histoire d’hommes douce-amère où se mêlent le rire et les larmes, comme dans 15 août. Charles Berling s’est même essayé à la comédie romantique avec le très beau film de Fred Auburtin et Gérard Depardieu Un pont entre deux rives ou encore Je reste!, dans lequel une fois de plus l’amour est une histoire compliquée. Par amour, il n’hésite d’ailleurs pas à donner de la peau dans le très sexuel L’Ennui, de Cédric Kahn, où les nombreuses scènes dénudées brûlent du sceau de la passion, sur fond de manipulation psychologique.

J’AI VU JOUER CHARLES BERLING

Pour la deuxième fois de sa carrière après Agents Secrets, le personnage qu’il interprète se fait tuer lors de la première scène. Dans J’ai vu tuer Ben Barka par contre, il donne d’outre-tombe son point du vue au film. Celui d’un petit escroc opportuniste qui va se retrouver pris au piège d’une fantastique machination. Charles Berling s’est beaucoup investi pour donner à Georges Figon cette aura à la fois troublante et fascinante qui lui permettait de mieux rouler son monde. Après avoir prêté son visage à l’histoire, il revient à la fiction pure pour Les Murs porteurs, le premier long métrage de Cyril Gelblat dans lequel il partage de nouveau l’affiche avec Miou-Miou; huit ans après avoir été mariés à l’écran, ils sont maintenant frère et sœur. Le film ne sera pas diffusé en salles mais seulement présenté aux troisièmes rendez-vous franco-allemands du cinéma en 2005. En acteur engagé, il est membre de la fondation Nicolas Hulot, Charles Berling ne pouvait donc refuser la narration de la version française d'Une vérité qui dérange, sur les dangers des bouleversements climatiques affectant actuellement notre planète. Une multitude de rôles, de visages, de situations et de défis, et toujours cette même facilité dans le jeu, cette manière de se fondre avec le personnage. Il ne s’agit pas de performance avec lui, ni de jeu avec effets. Il devient le personnage, tout en discrétion et en vérité, comme une évidence. Charles Berling ou l’indispensable paradoxe.

par Carine Filloux

En savoir plus

2006 L’Homme de sa vie 2006 Une vérité qui dérange 2005 Les Murs porteurs 2005 J’ai vu tuer Ben Barka 2005 Un fil à la patte 2005 La Marche de l’empereur 2004 Agents secrets 2003 Je reste! 2003 Le Soleil assassiné 2003 Père et fils 2002 Cravate Club 2002 Demonlover 2001 Filles perdues, cheveux gras 2001 Comment j’ai tué mon père 2001 Un jeu d’enfants 2001 Les Âmes fortes 2001 15 Août 2000 La Comédie de l’innocence 2000 Les Destinées sentimentales 2000 Stardom 2000 Scènes de crimes 2000 Une affaire de goût 1999 Fait d’hiver 1999 Un pont entre deux rives 1998 L’Ennui 1998 Ceux qui m’aiment prendront le train 1997 Nettoyage à sec 1997 Les Palmes de M. Schultz 1996 Love, etc. 1996 Ridicule 1995 Nelly et Monsieur Arnaud 1994 Petits arrangements avec les morts 1993 Just Friends 1992 Salt on our Skin 1982 Meurtres à domicile

Commentaires

Partenaires