Cravate club

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Cravate club
France, 2002
De Frédéric Jardin
Scénario : Jérôme Dassier, Frédéric Jardin d'après d'après l'oeuvre de Fabrice Roger-Lacan
Avec : Edouard Baer, Pierre Balesi, Charles Berling, Philippe Cotten, Patrick Mille, Albane Urbin
Photo : Laurent Machuel
Musique : Nicolas Errera
Durée : 1h25
Sortie : 03/07/2002
Note FilmDeCulte : ***---
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Bernard compte sur la présence d’Adrien, son collègue et ami de longue date, pour fêter son quarantième anniversaire. Mais celui-ci se désiste le soir même pour ne pas rater le rendez-vous mensuel de son club. Vexé et rongé par la jalousie, Bernard ressasse les mêmes questions: quel est ce club mystérieux? Que lui manque-t-il pour y accéder?

Impossible d’échapper ces derniers jours à la campagne chic et minimaliste de Cravate club. D’un raffinement étudié, deux affiches blanches se répondent dans le métro et sur les colonnes Morris par ces accroches sibyllines: "Edouard Baer en a une", "Charles Berling aimerait bien avoir celle d’Edouard Baer". Face à la recrudescence des sex comédies estivales, de telles énigmes prêtent délibérément à confusion. Une troisième affiche alimente davantage l’équivoque: "L’amitié se mesure-t-elle en centimètres?". Tout est dit en quelques panneaux publicitaires: le duo d’acteurs, l’amour du verbe et l’économie de moyens. Adapté d’une pièce de théâtre, Cravate club conserve son dispositif originel. Pendant presque toute la durée du film, Frédéric Jardin enferme ses acteurs dans un lieu unique. Inséparables jusque dans la dispute, les deux amis se laissent piégés dans un espace confiné. Leur relation s’envenime à mesure que leur champ d’action s’amenuise. Or ni l’un ni l’autre ne semble vouloir mettre fin à l’affrontement, tant verbal que physique. Transposé au cinéma, l’univers de Cravate club s’élargit pourtant de nouvelles perspectives. Si la réalisation ne brille pas par son inventivité, le décor participe subrepticement à l’angoisse des personnages.

Construit sur deux niveaux, le cabinet d’architecte est un amoncellement de meubles et d’accessoires savamment disposés, autant d’éléments perturbateurs ajoutant à l’incongruité des situations. Un environnement familier vite transformé en salle des tortures. Chaque recoin de l’appartement est exploré avant de finir saccagé par ses occupants. L’obsession de Bernard est à l’image du film : un souci monomaniaque du détail, au détriment d’un sujet réellement prenant. L’esthétique théâtrale, la solennité de la mise en scène figent les personnages dans la caricature. En dépit des bons mots et la présence d’Edouard Baer, Cravate club n’est pas la comédie présumée, mais un jeu de questions sans réponse tournant vite à l’aigre. Regard cruel sur l’amitié et ses limites, le film dissèque les rapports de force entre deux manipulateurs renvoyés dos à dos. Les interludes musicaux et la vue sur l’appartement de la jolie voisine tentent de casser l’austérité du parti-pris, mais la dialectique s’essouffle et ne trouve d’issue satisfaisante. La folie douce qui gagne le récit ne dure qu’un temps, le film ne poussant jamais loin l’absurde.

Entre le débit nerveux de Charles Berling et la nonchalance feinte d’Edouard Baer, l’ennui plus que le trouble s’insinue dès la fin du premier acte. Faux huis-clos, Cravate club s’isole pour mieux installer le malaise, sans aller au bout de son concept. Deux ans après leur triomphe sur scène, Baer et Berling méritaient de meilleures retrouvailles.

par Danielle Chou

En savoir plus

Ancien normalien, Fabrice Roger-Lacan travaille depuis huit ans en étroite collaboration avec Frédéric Jardin et Edouard Baer. Cravate club est leur quatrième projet en commun, après La Folie douce (1994), Les Frères Sœur et La Bostella (1999), dont il a co-écrit les scénarii. En 1997, il réalise un court, Qui va Pino va sano, où il dirige Edouard Baer et Isabelle Nanty, qui mettra en scène la pièce Cravate club. Puis il participe au scénario de Barnie et ses petites contrariétés de Bruno Chiche (2000) et de L’Art (délicat) de la séduction de Richard Berry, avec la sémillante Cécile de France (2001). En 2001, Edouard Baer reçoit le Molière de la révélation masculine de l’année grâce à la pièce Cravate club, joué pendant plusieurs mois à guichets fermés.

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