Sylvester Stallone

Sylvester Stallone
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Réalisateur, Scénario, Acteur
États-Unis
  • Sylvester Stallone
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Rocky, La Taverne de l’enfer, Rocky 2, Rambo, Cliffhanger, Copland, Rocky Balboa… C’est à peu près tout ce que Sylvester Stallone, dans une interview qu’il a accordée récemment au site AICN, retenait d’une carrière composée pourtant de plus de trente films. Fausse modestie ? Amertume ? Regrets ? Déceptions ? Un peu de tout ça, sans doute.

DIRTY DEBUTANT

Quand il se lance dans le tournage de son premier film, un porno soft pour lequel il touche un cachet de 200 dollars, Sylvester Stallone a derrière lui une vie ponctuée de casseroles. Nul à l’école, moqué de tous les autres élèves à cause de sa tronche à moitié paralysée suite à une naissance aux forceps, portant le même prénom que le matou du dessin animé Titi et Grominet, celui qui n’est pas encore Sly part dans la vie avec quelques handicaps sévères. The Party at Kitty and Stud’s est donc son premier film. Il a 24 ans, un corps athlétique, joue encore comme un pied, mais crève tellement la dalle qu’il accepte de montrer sa quéquette durant les deux jours de tournage. Sa mère, voyante, lui affirme qu’il galèrera encore quelques années, et ne s’en sortira que par l’écriture. Sylvester persiste et se lance corps et âme dans le métier d’acteur. The Party at Kitty and Stud’s étant bien entendu un bide, ce qui évite à Stallone de devenir une star du X, l’acteur court les castings et apparaît dans Bananas (où il agresse Woody Allen) et Klute (d’Alan J. Packula). Entre temps, il occupe le premier rôle de No place to hyde, dans lequel il dirige un groupe d’étudiants politisés qui sombrent dans le terrorisme. No place to Hyde fait de nouveau un bide, mais ressort en 1975, puis au début des années 80 dans un nouveau montage sous le titre… Rebel. Stallone est coutumier du fait : The Party at Kitty and Stud’s ressort en 1976 sous le titre L’Etalon italien, La Course à la mort de l’an 2000, un bon petit succès du duo Corman – Bartel, dans lequel il tient le rôle du méchant, ressort en salles au milieu des années 80 sous le titre Les Seigneurs de la route… Les producteurs profitent comme ils peuvent du succès Rocky. Mais en attendant, Stallone crève toujours la dalle.

JE SUIS RITAL ET JE LE RESTE

"J'ai été rejeté comme un malpropre par tout ce que New York compte comme agents de casting. J'ai dû passer plus de 5.000 auditions ! Quand j'y repense aujourd'hui, je n'arrive toujours pas à en rire. C'était une expérience vraiment cruelle. Je jure solennellement que tant que je serai dans une position de pouvoir je serai toujours aimable avec les débutants qui se battent pour survivre, et que j'essayerai toujours d'en engager dans la mesure du possible." La chance semble lui sourire avec The Lord’s of Flatbush (Les Mains dans les poches), petit film agréable dans lequel le réalisateur lui laisse réécrire ses dialogues. Aux côtés de Perry King (Riptide) et Henry Winkler (futur Fonzie dans la série Happy Days), il se montre plutôt à l’aise dans un rôle de loubard. Stallone fait doucement son trou, enchaîne une série de bides (Le Prisonnier de la seconde avenue, Capone, Adieu ma jolie) quand ses scènes ne sont tout simplement pas jetées à la poubelle comme ce fut le cas pour Mandingo, figure dans une petite série B d’anticipation qui cartonne (La Course à la mort de l’an 2000), fait de la figuration pour son ami Paul Bartel (Cannonball)… "Pour mon vingt-neuvième anniversaire, je vivais à Hollywood et je n'avais que cent six dollars à la banque. Ma femme m'a acheté un gâteau à 1,15 dollars et m'a dit de faire un voeu. J'ai immédiatement souhaité qu'on ait les moyens le plus vite possible de quitter l'appartement misérable dans lequel nous étions installés. Sur le moment, ça n'a pas été très efficace puisque les choses ont encore empiré. Ma femme est tombée enceinte et je n'avais plus le moindre espoir en vue. Je me suis rendu compte à cette époque que le seul moyen de m'en sortir était de tenter ma chance dans un domaine plus créatif." Ce domaine sera l’écriture, sa chance s’intitulera Rocky.

ROCKY : LA SAGA MAUDITE

On ne va pas revenir une énième fois sur le titre qui a lancé Sylvester Stallone, et sur l’impressionnant succès commercial et critique de Rocky. Des millions de dollars et quelques oscars plus tard, Stallone est le roi d’Hollywood, il fait ce qu’il veut. Nous ne sommes pas encore dans les années 80, et l’acteur scénariste n’a pas encore l’ambition de gagner la guerre du Vietnam à lui tout seul. On l’oublie aujourd’hui, mais à l’origine il était difficile de cataloguer Sly acteur de films d’action. F.I.S.T et La Taverne de l’enfer, les deux titres qui suivent le triomphe de Rocky, sont deux œuvres exigeantes : la première (une évocation romancée de la vie de Jimmy Hoffa, patron du syndicat des camionneurs) réalisée par un cinéaste prestigieux oscarisé pour Dans la chaleur de la nuit, la seconde par l’acteur lui-même dont le scénario (ultra personnel et ultra pessimiste) est un projet de longue date. Stallone se plante (gravement, même, avec La Taverne de l’enfer qui rapporte moins de 8.000.000 de dollars) et est obligé de remettre les gants. La saga Rocky devient sa croix : pour obtenir suffisamment de liberté sur des projets, il doit signer pour de nouveaux épisodes. A nous la victoire (navet de John Huston), Les Faucons de la nuit (dont Stallone, à l’égo énorme, signe une partie de la mise en scène) suivent Rocky II. Rambo et Rhinestone (film pour lequel il refuse un rôle dans Cotton Club, Le Flic de Beverly Hills, et A la poursuite du diamant vert) suivent Rocky III, pour lequel l’acteur demande 10.000.000 de dollars de cachet. Stallone, qui a tant galéré pour trouver Le Titre, en cherche désormais un nouveau. Entre temps, il réalise pour le compte de Travolta Staying Alive, une suite à La Fièvre du samedi soir, dans lequel son caméo ridicule est devenu culte.

POUR GAGNER LA GUERRE, IL FAUT DEVENIR LA GUERRE

L’air de rien, malgré un box-office finalement limité (47.000.000$, à comparer aux 127.000.000$ de Rocky), Rambo marque les esprits. Ce personnage d’ancien militaire, issu d’un roman de David Morrell (Totem), devient le fer de lance d’une Amérique qui vit encore mal le traumatisme de la guerre du Vietnam : Rambo ne parle plus à personne, n’a nulle part où aller, et se voit rejeter par le shérif local d’une petite ville. Agressé, il entraîne les policiers dans une guerre cathartique qu’il ne peut pas gagner. Stallone a trouvé un autre personnage que Rocky susceptible de le faire triompher au box-office, il le sait, il va l’exploiter au point d’en dégoûter le spectateur. Nous sommes au cœur des années reagan, Rambo devient le symbole d’une Amérique triomphante en allant retrouver les derniers soldats disparus au Vietnam. Rambo II : la mission obtient un succès planétaire, et Stallone est même invité à la Maison Blanche par le Président qui déclare : « à la prochaine prise d’otages, je saurai quoi faire ». Il en profite pour faire le doublon avec Rocky IV, dans lequel il se pose en médiateur de la guerre froide et se fait piquer la vedette par Dolph Lundgren. Avec plus de 300.000.000 de dollars chacun, les deux films se classent respectivement deuxième et troisième du box-office en 1986, Stallone a retrouvé sa suprématie à Hollywood, il fait désormais ce qu’il veut, ses échecs passés sont oubliés. Du moins le croit-il. Car si le public se déplace, rien ne peut empêcher la suspicion progressive dont il va faire preuve, en raison de scénarii caricaturaux et de personnages manichéens (malgré James Terminator Cameron à l’écriture de Rambo II).

POUR PERDRE LA GUERRE, IL FAUT PRENDRE MENAHEM

Ce succès, l’acteur ne le retrouvera plus jamais par la suite. Chaque nouvelle tentative, et elles sont aussi nombreuses que pitoyables, est un échec foudroyant. Il en a marre d’être traité d’homme des cavernes ? Il réplique par Cobra (où il n’enlève jamais sa chemise) et Over the Top, deux gros nanars produits par la Cannon, maison de production alors au top de sa gloire, mais qui ne produira que des fours au box-office : Superman 4, Runaway Train, Love Streams, Les Maîtres de l’univers, Cyborg, Le Roi Lear, L’Invasion vient de Mars, Lifeforce, Massacre à la tronçonneuse 2… La liste est longue, et l’échec de Over the Top, pour lequel Sly touche un salaire de 12.000.000$, achève définitivement les deux patrons de la boite, Yoram Globus et Menahem Golan. Ce dernier, par ailleurs metteur en scène, n’en finit plus de clamer que son film est numéro 1 aux Philippines, mais que le public américain n’est pas encore prêt à voir un Stallone humain, qui cherche à reconquérir l’amour de son fils plutôt qu’à gagner une guerre. Le public, décidément, ne pige rien, et Stallone fait ce que tout le monde attend de lui : Rambo III. Un budget démentiel de 60.000.000$, Russel Mulcahy (le petit génie de Highlander) à la mise en scène, Rambo 3 est attendu, Rambo 3 est convoité, les journalistes sont aussi fébriles que les fans. La déception est aussi grande que l’attente : Stallone, qui vire Mulcahy et le remplace par le misérable Peter MacDonald (Légionnaire), est en retard d’une guerre et son film, qui traite du conflit afghan, sort quelques mois après le retrait des chars russes d’Afghanistan tout en surfant sur la vague des Van Damme (Sheldon Full Contact Lettich, alors au scénario, ajoute des scènes de combats très pompées sur Bloodsport) ! Samira Makhmalbaf, réalisatrice iranienne, déclarera tout de même quinze ans plus tard que Rambo III est le seul film, avec La Bête de guerre, à avoir parlé de ce conflit.

N’EST PAS POPECK QUI VEUT

Après Rambo III, rien ne va plus. Les 53 millions de dollars au box-office américain sont une amère déception, surtout que la même année Schwarzenegger, qui prend définitivement le dessus sur son concurrent, rapporte plus de 110 millions de dollars avec Jumeaux. Stallone se cherche, il sait qu’il est allé trop loin, et tente de revenir plus ou moins aux sources avec Haute sécurité, un joli film presque intimiste qui se plante au box-office. Le second degré fonctionne au cinéma ? Il tente Tango & Cash, réalisé par le russe Andrei Konchalovsky (frère de Nikita Mikalkov !). Les comédies de Schwarzie cartonnent ? Il se lance dans Oscar, lamentable remake du film avec de Funès pourtant réalisé par John Landis, et Arrête ou ma mère va tirer, qu’il qualifie lui-même aujourd’hui de plus mauvais film au monde. Et ce n’est pas le pourtant bon Rocky V qui le ramène sur le devant de la scène. Stallone n’a pas su négocier le virage entrepris par le cinéma d’action à la fin des années 80. Le public préfère voir Bruce Willis dans Piège de cristal ou Michael Keaton dans Batman. La mode n’est plus aux gros bras, Seagal ne tourne que des navets, Van Damme croit un temps être en mesure d’arriver au top, et Arnold lui-même ne doit son sursis qu’aux cinéastes avec lesquels il tourne (Cameron, McTiernan, Verhoeven…). Quelques années plus tard, un film comme Matrix prouvera que désormais, n’importe qui peut devenir un héros. Plus besoin de suer dans les salles de gym pour ça.

SYLVESTER STALLOSE

Pourtant, en 1993, Stallone pense revenir au top. Il écrit Cliffhanger, en confie la réalisation au finlandais Renny Harlin (58 minutes pour vivre), interprète un rôle plus humain dans un Die Hard dans la montagne. Le film cartonne, explose le concurrent Last Action Hero au box-office, et fait remonter la côte de l’acteur d’un cran. Bizarrement, personne à l’époque ne remarque que le film est largement dépassé au box-office par des héros humains tels que Harrison Ford (Le Fugitif) ou Clint Eastwood (Dans la ligne de mire). Stallone n’en a cure, signe un contrat quasiment historique, et reproduit les mêmes erreurs : signer pour des scénarii pourris réalisés par des inconnus : il confie le sympathique Demolition Man à Marco Brambilla, ex réalisateur de pub ; l’immonde Expert, vendu principalement sur sa fameuse scène de douche entre Sly et une Sharon Stone déjà en perte de vitesse, à Luis Llosa (Anaconda) ; même l’arlésienne Judge Dredd est confié au nullissime Danny Cannon. Une petite lueur apparaît dans la nuit avec la sortie de Copland où il est payé le minimum syndical et éclipse les performances pourtant excellentes de de Niro ou Keytel. Mais il fout de nouveau tout en l’air en tournant dans Driven, Get Carter, et surtout les inédits en salles (aux Etats-Unis) D-Tox et Avenging Angelo. Au fond du gouffre, incapables de rameuter suffisamment de spectateurs pour rembourser des budgets énormes, il n’a plus qu’une seule solution : revenir au personnage qui l’a vu naître. Rocky Balboa est un succès. Espérons que Stallone aura tiré des leçons du passé. Avec Rambo IV en préparation, on peut en douter.

par Anthony Sitruk

En savoir plus

2007 : John Rambo
2006 : Rocky Balboa
2003 : Spy Kids 3
2003 : Shade
2003 : Taxi 3
2002 : Avenging Angelo
2002 : D-Tox
2001 : Driven
2000 : Get Carter
1997 : Cop Land
1996 : Daylight
1995 : Assassins
1995 : Judge Dredd
1996 : L’Expert
1993 : Demolition Man
1993 : Cliffhanger
1992 : Arrête ou ma mère va tirer
1991 : Oscar
1990 : Rocky V
1989 : Haute sécurité
1989 : Tango & Cash
1988 : Rambo III
1987 : Over the Top
1986 : Cobra
1985 : Rocky IV
1985 : Rambo II : La Mission
1984 : Rhinestone
1983 : Staying Alive
1982 : Rambo
1982 : Rocky III
1981 : A nous la victoire
1981 : Les Faucons de la nuit
1979 : Rocky II
1978 : La Taverne de l’enfer
1978 : F.I.S.T.
1976 : Rocky
1975 : Adieu ma jolie
1975 : La Course à la mort de l’an 2000
1975 : Capone
1974 : Les mains dans les poches
1970 : No place to Hide
1970 : L’Etalon italien

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