Creed - L'Héritage de Rocky Balboa
Creed
États-Unis, 2015
De Ryan Coogler
Scénario : Ryan Coogler, Aaron Covington
Avec : Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Musique : Ludwig Goransson
Durée : 2h14
Sortie : 13/01/2016
Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…
LE RÉVEIL DE LA FORCE
Rocky. Plus qu’un film, plus qu’une saga, plus qu’un nom connu du monde entier, plus que l’alter-ego de Stallone, c’est un héros des temps modernes, une légende vivante. Mais un peu comme l’on vient de le découvrir avec Star Wars episode VII, les légendes sont faites pour exister et les relais pour être passés. Alors à l’instar de la saga se déroulant il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, il était temps pour Sylvester Balboa de passer la main, ou plus exactement les gants. Et qui de mieux pour enfiler la paire que le fils caché de son ancien adversaire/meilleur ami ? Car plutôt que de former une toute nouvelle recrue sans lien direct avec la série (et donc répéter le 5e opus), les scénaristes ont l’intelligence de faire la jonction avec la saga passée pour mieux préparer le terrain de l’avenir, et donc de proposer à travers ce Creed le remake de Rocky premier du nom sans s’aliéner les fans de la première heure et ainsi relancer une franchise qui s’est pourtant conclue en toute beauté il y a désormais neuf ans avec un magnifique Rocky Balboa. En s’attaquant au mythe, Ryan Coogler (Fruitvale station) sait donc qu’il n’a pas le droit à l’erreur. Une pression autrement plus forte puisqu’il décide même d’écrire le film avec la complicité du quasi-novice Aaron Covington et surtout sans la participation du créateur Stallone. Ce qui passe pour un affront à la série est plutôt une manière pour Sly de nous dire que son bébé ne lui appartient plus, et qu’il est désormais prêt à voir son héritage pérenniser avec sérénité, même s’il accepte de revêtir la défroque du boxeur venu de la rue une nouvelle fois. Néanmoins le pari reste osé.
STRAIGHT OUTTA PHILADELPHIA
Alors ce Creed, folie d’un fan et d’un studio qui ont eu les yeux plus gros que le ventre ou véritable hommage/héritage à l’un des plus grand héros du pays de l’opportunité ? Si Coogler s’intéresse autant à la boxe qu’au destin de son héros (très convaincant Michael B. Jordan), il magnifie surtout le legs en titre donnant ainsi l’occasion à un Stallone déchirant d’humanité, avec sa démarche de vieil ours fatigué, de dévorer le film de bout en bout (quand se décidera-t-on enfin à lui donner cet oscar qui lui est tant dû !). Car au-delà du côté copie carbone du premier volet (histoire classique de fall & rise, un héros sans repère à l’identité inexistante qui va devoir se surpasser pour enfin exister, une petite amie avec un handicap, etc.) dont le dénouement est quasi cousu de fil blanc, c’est une nouvelle fois l’histoire de cet homme, ancien nobody devenu une des plus belles icônes populaires de l’american dream qui nous prend aux tripes pour ne quasiment jamais nous lâcher. Toujours avec cette volonté de transmission de savoir, de respect, de courage et d’identité. Une thématique qui pourra sembler balourde pour les détracteurs du film, mais qui a pourtant fait la richesse de la saga et ce depuis maintenant 40 ans. Notre héros, on l’aime et chaque moment, chaque combat à ses côtés sont toujours autant un régal, un plaisir, une joie, une vraie madeleine de Proust que personne n’arrivera à nous enlever. Et Coogler de nous offrir sur un plateau ce nouveau (ultime ?) tour de piste, ce passage de flambeau savamment dosé entre un maitre et son élève pour une retraite amplement méritée et dont, on l’espère sincèrement, on le sortira pour la suite des aventures d’Apollo Jr. Mais pour l’heure laissons claironner les trompettes et les bruits de foule résonner dans les salles et dans nos cœurs, et savourons ces magnifiques retrouvailles avec le prince de Philadelphie le temps de ce Creed, un film honnête, droit, fait avec le cœur et qui remplit son contrat haut la main : celui de faire vibrer. Hail Rocky !