Rocky

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Dans les quartiers populaires de Philadelphie, Rocky Balboa collecte des dettes non payées pour Tony Gazzo, un usurier, et dispute de temps à autre, pour quelques dizaines de dollars, des combats de boxe sous l'appellation de "l'étalon italien". Cependant, Mickey, son vieil entraîneur, le laisse tomber. Son ami Paulie, qui travaille dans un entrepôt frigorifique, encourage Rocky à sortir avec sa soeur Adrian, une jeune vendeuse réservée d'un magasin d'animaux domestiques. Pendant ce temps, Apollo Creed, le champion du monde de boxe catégorie poids lourd, recherche un nouvel adversaire pour remettre son titre en jeu. Son choix se portera sur Rocky.

UNE EPOQUE FORMIDABLE

"Je n'avais qu'une question à me poser: qu'avais-je, moi Sylvester Stallone, véritablement envie de voir sur un écran? Je me suis alors plongé dans la lecture d'histoires qui faisaient l'éloge de l'héroïsme, de la passion, de la dignité et du courage. Des histoires de gens qui partent de rien, mais saisissent la vie par la gorge et ne lâchent pas prise tant qu'ils n'ont pas réussi.". C’est ainsi que Stallone, initiateur complet du film qui allait lancer sa carrière et l’amener au plus haut niveau de la gloire, présente le personnage et le scénario. R-O-C-K-Y… Cinq lettres qui défilent sur l’écran, projetant le spectateur au milieu d’une histoire qui, dans le cadre des années 70, lui redonne confiance en l’Amérique. Le retour du héros, dans un pays où le rêve américain existe encore. Rien à voir, donc, avec cette Amérique décadente, mise à mal par la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate, dans laquelle le héros est remplacé par Al Pacino, Robert Redford, Warren Beatty ou Dennis Hopper. En 1975, le cinéma américain est dominé par un pessimisme ambiant qui remet en cause les institutions les plus traditionnelles et en soulignent les gros points noirs: la famille (L’Exorciste, Le Parrain), la justice (French Connexion), la politique (Les Hommes du Président), etc. Rocky arrive à point nommé, et il n’est pas étonnant de le voir remporter, un an plus tard, l’Oscar du meilleur film face à un Taxi Driver posant les mêmes problèmes (la solitude, la volonté, la pauvreté, l’oubli) en y apportant une solution bien moins positive. En un seul film, certes imparfait mais incroyablement touchant, d’une sensibilité et d’une sincérité incroyables, Stallone redonne confiance à une nation entière, et déplace les foules tout en lançant le concept de sleeper (film au budget minuscule squattant miraculeusement les premières places du box-office).

TRIOMPHE DE LA VOLONTE

En 1975, Stallone a derrière lui une carrière misérable, les quelques films, notamment un porno soft (Party at Kitty and Stud’s, retitré L’Etalon Italien suite au succès de Rocky), dans lesquels il apparaît sondent les profondeurs du box-office - à l’exception d’un seul titre de gloire (La Course à la mort de l’an 2000) qui a plus fait pour la renommée de son producteur, Roger Corman, que pour celle de ses acteurs. Stallone, comme le lui avait prédit sa mère voyante de profession quelques années plus tôt, comprend que la seule façon pour lui de faire décoller sa carrière sera de passer par l’écriture. "Les idées se bousculaient tellement dans ma tête que je n'arrivais pas à me concentrer. Au bout d'un moment, j'ai préféré changer d'air. J'ai pris ce qu'il me rester d'argent et je suis allé voir le combat Muhammed Ali Vs Chuck Wepner qui passait sur un circuit fermé de télévision. Chuck Wepner était un boxeur honnête et courageux qui n'avait jusque-là jamais vraiment fait parler de lui, et ce combat n'était pas tellement pris au sérieux. Contre toute attente, Wepner s'accrochait, et lorsque Muhammed Ali est tombé le public est devenu fou. Quand le dernier round est arrivé, Wepner ne saignait même pas. En tenant jusqu'au quinzième round, il entrait dans le club très fermé des boxeurs qui ont réussi à tenir la distance avec Muhammed Ali. Je suis sûr que, pour lui, c'est ce qui a compté le plus dans ce combat. Voilà que toutes ces années passées à s'entraîner prenaient soudain un sens. Quoi qu'il arrive, il pourrait garder la tête haute jusqu'a la fin de ses jours. Je venais d'être le témoin du triomphe de la volonté et j'en étais totalement bouleversé.". C’est ainsi que le personnage, et la quasi-totalité du scénario, de Rocky sont nés. Enfermé trois jours durant dans sa cuisine, Stallone écrit d’une traite un premier jet qu’il peut alors soumettre aux producteurs.

LA BOURSE OU LA VIE

Lorsque Stallone, encore inconnu, propose au détour d'une audition, son scénario aux producteurs Robert Chartoff et Irwin Winkler, ceux-ci se montrent rapidement intéressés et commencent à démarcher les boîtes de production. Le scénario, bien que différent du film tel qu'on le connaît, plait énormément et pose les bases d'un nouveau héros susceptible de redonner confiance aux spectateurs. Le potentiel est énorme et certaines stars de l'époque, telles que James Caan (Le Parrain) ou Ryan O'Neal (Love Story, Barry Lyndon), sont approchées. Les enchères autour du script vont bon train, mais Sly tient bon et tente d'imposer sa condition: lui et lui seul peut jouer le personnage principal. "Je dois dire que ça m'a donné une migraine monumentale de refuser autant d'argent, se souvient-il encore, ils ont tenté de me convaincre qu'il fallait absolument quelqu'un de connu pour jouer le premier rôle, quelqu'un qui ait une valeur commerciale. Pour eux, j'avais autant de valeur commerciale qu'un fromage pourri. Quand ils sont montés à 200.000 dollars, j'ai demandé à sortir de leur bureau pour réfléchir. Je sentais que je commençais à lâcher prise. Mais une voix intérieure m'a dit que cet argent n'avait pas d'importance. Je sentais que, si je me laissais faire, je ne pourrais plus me regarder dans une glace jusqu'à là fin de mes jours". Dans le making of présent sur le DVD, Stallone parle même d’enchères montées jusqu’à 350.000 dollars. Il obtient finalement gain de cause, un salaire misérable de 20.000 dollars, un tournage de 28 jours, et entre par la même occasion dans la légende.

LA VIE EST BELLE

Avec 127 millions de dollars au box-office américain, près du double au niveau mondial, Rocky s’impose comme l’un des plus grands succès de la décennie, derrière Les Dents de la mer ou Star Wars, mais devant Le Parrain ou L’Exorciste. Stallone est la star de l’année, invitée sur tous les plateaux télévisés, son personnage devient le héros des années 70, celui qui redonne confiance en l’Amérique, qui enterre les œuvres ultra personnelles et pessimistes des auteurs du Nouvel Hollywood (l’auteur du livre éponyme ira même jusqu’à dire que Rocky raisonne comme un énième combat symbolique entre l’homme blanc et l’homme noir), et son film est qualifié de meilleur film de la décennie par l’illustre Frank Capra. Avec, par exemple, Star Wars ou Superman, Rocky précipite, un peu à son insu car le film n’a alors rien d’un blockbuster, le cinéma américain dans les années 80. Stallone décrit son personnage comme "un homme de la rue qui possède en lui un mélange incroyable de sensibilité, de patriotisme et de spiritualité. C'est un type qui a bon caractère, même si la nature n'a pas été particulièrement généreuse avec lui. Je l'ai vu comme un gladiateur du XXe siècle, un type pas vraiment en phase avec son époque". Les spectateurs fondent en larmes devant cet homme qui se découvre, devant sa fiancée et aux yeux du monde, une dignité jusqu’alors enfouie. Les seconds rôles sont magnifiques, la musique récolte l’Oscar, ainsi que le film, le réalisateur et le monteur. Mais la statuette échappe à Stallone, doublement nommé en tant qu’acteur et scénariste. Trente ans plus tard, cette injustice n’a toujours pas été réparée. Il aura sans doute un Oscar d’honneur… Comme Chaplin.

par Anthony Sitruk

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IMAGE & SON (EDITION DVD PRESTIGE)

- Pour cette édition collector, l’éditeur a mis les petits plats dans les grands. Mieux retravaillée que la précédente version, cette fois-ci on obtient enfin le film tel qu’on aurait toujours voulu l’avoir. La netteté de l’image est beaucoup plus affinée, les contrastes sont plus affûtés et les noirs (une couleur essentielle au film) sont réglés à la perfection (comprendre que l’on retrouve l’image cinéma de l’époque). Et rien que pour ça, le rachat de cette édition est presque obligatoire. Mais il est tout de même important de noter un point d’imperfection quant à ce nouveau master. En effet, un léger recadrage de l’image se fait sentir. Il ne gêne absolument pas la vision du film, mais c’est à se demander pourquoi MGM a quelque peu rongé les coins de son film. - Le nouveau mixage 5.1 effectué pour cette nouvelle édition tient plus du gadget qu’autre chose, mais sait tout de même se faire apprécier pour quelques ambiances sonores ou pour l’envoûtante musique de Bill Conti. Ce qui finalement n’est pas plus mal. Car originellement mixé en mono, le film n’a jamais été conçu comme étant une grosse machine sonore, et en séparant chaque canal pour amplifier les différents dialogues, sons, bruitages, musique ou ambiances, cela aurait finalement et sûrement nuit au film. Par contre il est préférable de s’orienter vers la piste en version originale, tant la version française a tendance à augmenter le volume pour rien lors de certains passages. Une volonté de faire cache-misère alors qu’il n’y avait vraiment pas de quoi?

BONUS

- Pour attaquer les suppléments de cette édition collector / anniversaire, ce n’est pas moins de trois commentaires audio qui entourent le film. Le premier de ces commentaires donne la parole à Sly en personne, seul et la langue bien pendue face à son micro. Retraçant point par point tout ce que le film est, pour lui, pour le cinéma, pour sa carrière, pour le milieu de la boxe, pour les années 70, etc. Stallone nous parle avec passion de l’œuvre qui l’a fait connaître dans le monde entier. Décortiqué de A à Z, ce commentaire pourrait devenir l'une des nouvelles références en matière d’analyse audio tant le comédien et scénariste du film nous régale de détails, d’explications, d’anecdotes sur le film sans oublier de nous faire part de la genèse, du travail de production et de l’ingéniosité de l’ensemble de l’équipe technique pour donner corps et âme à l’un des meilleurs films de cette décennie. Bref, un commentaire absolument essentiel. Le second commentaire audio est en fait celui déjà présent sur l’édition précédente. Au micro se présentent donc le réalisateur John G. Avildsen, les comédiens Carl Weathers, Burt Young et Talia Shire, accompagnés de Garrett Brown l’opérateur steadicam, ainsi que les deux producteurs Irwin Winkler et Robert Chartoff. Pour ceux qui ne l’avaient pas écouté, ce commentaire est lui aussi assez riche quant aux anecdotes de tournage ou autres points techniques mais la non-spontanéité de l’ensemble rend parfois ce commentaire un peu dur à apprécier à sa juste valeur. En effet, chacun des intervenants ayant été enregistré séparément et mélangé après, certaines phases peuvent vite paraître redondantes. Enfin, le dernier de ces commentaires s’adresse aux plus féroces supporters et connaisseurs du monde de la boxe puisqu’il fait intervenir Lou Duva, célèbre entraîneur de boxe, et Bert Sugar, commentateur sportif de son état. On voit bien que les deux personnes s’amusent beaucoup avec cet exercice, mais franchement, ce commentaire-là est entièrement dispensable par rapport au film à proprement parler. - Les Trois rounds avec l'entraîneur légendaire Lou Duva nous guident rapidement (environ quatre minutes) dans l’univers des entraînements et dans le rôle d’un entraîneur digne de ce nom. Un bonus un peu bizarre quant à son réel intérêt face au film. - À la rencontre d'une légende: Bert Sugar donne ici la parole au commentateur sportif accompagnant Lou Duva dans le troisième commentaire audio. Plus intéressant que son comparse vu dans le module précédent, Sugar passe son temps (presque sept minutes) à montrer combien Rocky a été important pour le monde de la boxe et combien il est encore synonyme de ce sport. Agréable mais pas non plus indispensable. - Un aperçu de Rocky Balboa est, comme son nom l’indique l’occasion de rappeler que le sixième volet de la saga va bientôt sortir sur les écrans. Une featurette de trois minutes qui se regarde sans déplaisir, mais qui n’apporte vraiment rien de concret non plus. - Le module Les Opposants s’attarde sur les différents adversaires et partenaires qu’aura affrontés Rocky pendant ses trente années de gloire. Si Mister T est malheureusement absent, les autres intervenants comme Dolph Lundgren ou Carl Weathers prennent un malin plaisir à se remémorer ce que la saga leur a apporté. D’ailleurs, les interventions de chaque protagoniste est un petit moment de sincérité très appréciable en ces temps de featurettes trop polies pour être honnêtes. - Enfin, la première galette se termine sur une pré bande-annonce du film, la bande-annonce ainsi que sur des spots TV faisant la part belle à ce que l’on appelle "le rêve américain". - Sur le second DVD, on peut aussi dire que l’éditeur n’y est pas allé de main morte. Le premier des suppléments à nous être proposé est un magnifique et passionnant making of de soixante-quinze minutes intitulé Sur le ring. Découpé en trois parties ou lisible d’une seule traite, ce document nous montre avec une simplicité et une fabuleuse humilité tout ce que Rocky est. Mélangeant habilement interviews modernes et images d’archives, chacune des personnes essentielles au film (producteur, réalisateur et acteurs) viennent ici montrer leur amour pour le film, leur personnage, l’aventure du tournage et les liens qui les unissent encore. Et chacun d’y aller de ses propres sentiments. D’ailleurs il faut voir Burt Young très ému nous parler de feu Burgess Meredith. Bref, ce making of, si on peut l’appeler ainsi, est une mine d’or d’émotion humaine, intimement liée à Stallone en général et au film en particulier, tant toute langue de bois y est absente, et tant les propos de chacun paraissent essentiels et sincères. Sans conteste le meilleur bonus de cette édition anniversaire. - Vient ensuite un petit documentaire intitulé Steadicam à l'époque et aujourd'hui. D’une durée de dix-sept minutes, ce module s’intéresse très précisément à Garret Brown, concepteur et créateur de la fameuse caméra portée sur bras à ressort. Il nous apprend d’abord comment est né dans son esprit ce système révolutionnaire avant de nous faire part de son expérience sur Rocky, premier film à utiliser ce procédé. Un supplément vraiment passionnant pour les mordus de technique et d’histoire du cinéma, tant l’histoire de cet appareil est liée à l’histoire du film. - Puis vient un module consacré aux maquillages, comme son nom l’indique: Maquillage, l'art et la forme. Pendant un bon quart d’heure, Michael Westmore nous enseigne comment il a su grimer le visage de Stallone et tout autant celui de Weathers pour l’évolution de leurs faciès durant les combats les opposant. Tout aussi passionné dans l’approche de son art que Garret Brown dans le bonus précédent, Westmore, prend un malin plaisir à revenir sur les différentes étapes de son travail tout en nous faisant découvrir quelques objets d’époque précieusement conservés. - Enfin, c’est au tour du compositeur Bill Conti de venir nous parler de son travail formidable sur le film. Certes un poil court (onze minutes), Staccato, les notes d'un compositeur permet tout de même de faire un voyage dans l’esprit du musicien assez discret et tout en retenue. Et c’est avec cette interview que l’on apprend aussi comment est né le fameux thème "Gonna fly now", l'un des plus fameux thèmes de l’histoire du cinéma. Encore une fois, ce supplément est tout aussi percutant que les précédents et permet là encore de comprendre le succès intergénérationnel de ce film, ainsi que l’ingéniosité dont l’équipe a fait preuve pour faire exister ce film. - Le Ring de la vérité s’attarde lui (pendant une dizaine de minutes) sur les propos de James Spencer, décorateur, et sur le savoir-faire dont il a su faire preuve pour finaliser le script de Stallone alors que le budget était on ne peut plus modeste. Pour preuve, son explication du combat final où le stade semble être rempli alors que seulement une cinquantaine de figurants était présente. - Dans les coulisses avec le réalisateur John Avildsen, était certes déjà présent dans la précédente édition, mais il est évident que ce supplément a tout autant sa place dans cette nouvelle version. Ici, et pendant une douzaine de minutes, le réalisateur nous présente quelques images d’archives où, à l’aide de sa caméra 8mm, il filmait les répétitions des combats afin de planifier au mieux la chorégraphie finale et faire les meilleurs choix de mise en scène. Un peu répétitif mais tout de même fort hypnotisant. - La partie intitulée Hommages s’attarde quant à elle à rendre, comme son nom l’indique, des hommages à deux des principaux artisans du film qui ne sont plus parmi nous, c’est-à-dire le comédien Burgess Meredith et le chef opérateur James Crabe. Sans jamais être larmoyant, cette courte vidéo (dix minutes) nous parle du talent de chacun et du grand vide que leur disparition a laissé dans la vie des autres protagonistes. Là encore, ce bonus est tiré de la précédente édition. - Le Commentaire vidéo de Sylvester Stallone, lui aussi venu de la précédente édition, est en fait une longue interview (vingt-neuf minutes) du comédien nous parlant avec passion de son aventure sur le film. Certes intéressante, cette vidéo semble tout de même assez répétitive si l’on a déjà écouté les commentaires audio de l’intéressé et visionné le making of. - Enfin, le dernier supplément proposé sur ce second disque s’intitule Sylvester Stallone invité du talk Show "Dinah !". Espèce d’objet collector pour le côté "images déterrées" et pour l’accoutrement et la coupe de cheveux très marqués de l’époque dont est affublé Sly, ce talk show fait la part belle, encore une fois, à la formidable aventure de Stallone au travers de ce film. Mais cette fois-ci une bonne dose d’humour et de répartie est présente entre chaque protagoniste, ce qui ne fait pas de mal à ce bonus sorti de nulle part.

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