Joaquin Phoenix

Joaquin Phoenix
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum
Scénario, Acteur
États-Unis
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix
  • Joaquin Phoenix

Joaquin Phoenix est une feuille. Une feuille blanche, un peu écornée, un papier buvard perméable au moindre rôle, à la moindre émotion. Une simple feuille, un prénom végétal en harmonie avec celui de ses frères et sœurs, Summer ("été"), Rain ("pluie"), Liberty ("liberté") ou River ("rivière"). A quatre ans, Joaquin, dont tout le monde écorche le prénom (prononcez: "oua-kine"), choisit de s’appeler Leaf ("feuille"). L’envol du Phoenix est freiné dans un premier temps par un dilemme identitaire. Enfant précoce, né Bottom, Joaquin - Leaf a longtemps souqué et touillé dans les marmites sans fond. Avant d’étrenner la guitare de Johnny Cash dans Walk the Line, l’asticot est resté à l’ombre de plus beaux papillons.

DRÔLES D'OISEAUX

La vie de Joaquin Phoenix est conforme à la légende de l’oiseau de feu. L’acteur est familier des cendres, des contusions, des réveils tardifs et des renaissances inespérées. La légende commence avant même sa naissance. Arlyn Dunitz, jeune secrétaire d’origine hongroise, s’ennuie ferme à Manhattan. Les remous de Mai 68 l’inspirent; elle abandonne son petit confort moderne, mari, bureau, studio, pour ne conserver que la voiture et entamer une longue balade psychédélique à travers les Etats-Unis. Elle rencontre John Lee Bottom, son âme sœur, paysagiste hispano-irlandais, et les deux tourtereaux Flower Power ont très vite un fils, River Jude. Et puis une fille, Rain Joan of Arc. Et puis un deuxième fils, Joaquin Rafael, né à Porto Rico, bientôt suivi de Liberty Butterfly et Summer Joy. A l’instar de ses frères et sœurs, Joaquin est un "enfant de Dieu". Les Bottom ont rejoint dans les années 70 les Children of God, secte au discours noble et philanthropique, jusqu’au jour où son gourou prescrit l’inceste, le viol et la pédophilie et finit menotté par le FBI. La petite troupe ambulante l’a échappé belle. Pour signifier un nouveau départ, les Bottom changent de patronyme. Arlyn devient Heart, Joaquin devient Leaf, et les vilains Bottom s’appellent désormais les flamboyants Phoenix. Témoins d’un massacre de poissons, ils deviennent par la même occasion végétaliens. Joaquin Phoenix n’est pas porte-parole de PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) pour rien. L’adolescent quitte d’ailleurs le collège quand on le somme de disséquer une grenouille.

SAY MY NAME

La légende semble avoir peu de rapport avec le cinéma. Rien n’est moins sûr. Les enfants nomades, habitués à la rue, aux caravanes, aux abris de fortune, à la pauvreté, ont déjà une vocation artistique. Persuadés du talent extraordinaire de chacun, Arlyn et John sont leurs premiers supporters et les inscrivent à des concours de danse et de chant. La réalisatrice Penny Marshall (Big) a vent du petit phénomène et les recommande à la Paramount. Quand Arlyn décroche une place de secrétaire auprès d’un directeur de casting chez NBC, elle offre à sa marmaille l’opportunité d’avoir un agent. River est le premier à bénéficier de l’intérêt des producteurs. Leaf suit son exemple, mais à un degré moindre et sans connaître le même succès. L’aîné des Phoenix enchaîne feuilletons, téléfilms et longs métrages remarqués, dont Explorers de Joe Dante, Mosquito Coast de Peter Weir et surtout Stand by Me de Rob Reiner. Le petit frère, lui, stagne dans une corbeille de séries B négligeables, malgré Portrait craché d’une famille modèle de Ron Howard, aux côtés de Steve Martin. Après un divorce à l’amiable, Liberty, Rain et Summer restent auprès de leur mère, River poursuit sa folle ascension (il est nominé aux Oscars en 1989), et Leaf s’installe deux ans au Mexique avec son père. Hollywood paraît loin vu des bidonvilles. Quand il revient à Los Angeles, il reprend son premier prénom. En 1993, la mort par overdose de River ramène tout le monde à terre. C’est Joaquin, alors à ses côtés, qui prévient les secours par téléphone. Les médias s’emparent de l’affaire, s’acharnent sur les Phoenix et récupèrent même l’enregistrement du coup de fil pour le diffuser.

OMBRES ET LUMIERES

Anesthésié, Joaquin émerge doucement. Gus Van Sant, qui avait dirigé River dans My Own Private Idaho, a une pensée pour le petit frère égaré, et lui offre d’être l’esclave sexuel de Nicole Kidman dans Prête à tout. Le Phoenix renaît une nouvelle fois. U-Turn d’Oliver Stone et 8 mm de Joel Schumacher le laissent macérer dans des déserts suffocants et des capharnaüms glauques, face aux premiers de la classe Sean Penn et Nicolas Cage. Joaquin cumule les profils de gentil benêt, méchant tordu et ignoble tatoué. Un front tourmenté, un menton en pointe, aussi affûtée qu'une lame, quelque chose de carnassier lui colle aux tempes. C'est sans sourciller qu'il fait voeu de chasteté dans Quills, la plume et le sang, avant de se débattre contre ses hormones agitées. En prêtre et confident au sein d'un asile, Phoenix tient tête à Geoffrey Rush en Marquis de Sade et Kate Winslet en friandise appétissante. Comme le costume lui va à ravir, c'est avec Gladiator de Ridley Scott, que le grand public le découvre véritablement. Commodus est aussi fourbe que Maximus est juste. Russell Crowe incarne le Bien, le taureau athlétique au service des démunis. Joaquin Phoenix est la lie, le mouton blafard et maladif reconverti en terreur des stades. Il faut attendre le virtuose James Gray (The Yards et bientôt We Own the Night) et le non moins attentionné M. Night Shyamalan (Signs, Le Village) pour saisir la finesse derrière l'impétuosité, le blues des yeux verts, la voix rageuse et meurtrie. Johnny Cash vient à point nommé.

par Danielle Chou

En savoir plus

2006 Walk the Line 2004 Hotel Rwanda 2004 Le Village 2002 Piège de feu 2001 It’s All About Love 2001 Signes 2000 Buffalo Soldiers 2000 Quills, la plume et le sang 2000 The Yards 1999 Gladiator 1998 Loin du paradis 1998 8 mm huit millimètres 1997 U-turn, ici commence l’enfer 1997 Les Années rebelles 1995 Prête à tout 1989 Portrait craché d’une famille modèle

Quelques liens :

Commentaires

Partenaires