Beau is Afraid

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Beau is Afraid
États-Unis, 2023
De Ari Aster
Scénario : Ari Aster
Avec : Nathan Lane, Joaquin Phoenix, Amy Ryan
Photo : Pawel Pogorzelski
Musique : Bobby Krlic
Durée : 2h59
Sortie : 26/04/2023
Note FilmDeCulte : **----
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Beau tente désespérément de rejoindre sa mère. Mais l’univers semble se liguer contre lui…

HÉRÉDITÉ

Pour son troisième long métrage, Ari Aster fait un pas de côté, s'éloignant de ce que l'on appelle bêtement elevated horror tout en gardant un goût certain pour la tension qu'il cultive toujours aussi brillamment, et continuant surtout de creuser sa thématique-phare sur la codépendance, notamment familiale, de ses protagonistes. Malheureusement, il accentue également son principal défaut, son film réussissant davantage son entrée en matière et se délitant ensuite au cours de trois heures témoignant d'une assommante indulgence envers soi-même. Dès sa première séquence, Beau is Afraid aspire à une qualité immersive, nous plongeant plus que jamais dans la subjectivité de son personnage, de sa plus profonde intimité à la paranoïa qui gouverne son esprit. Même lorsque l'on ne voit pas littéralement à travers ses yeux, son environnement nous est donné à voir comme lui le perçoit. Tout le long d'une première demi-heure, cette peinture des anxiétés comme un cauchemar surréaliste où l'Autre est dangereux est particulièrement réussie, nouvel exemple probant de la façon dont la comédie et l'horreur fonctionnent souvent sur les mêmes mécanismes de tension. Aussi outrageusement hypocondriaque et agoraphobe qu'il soit, Beau éveille notre empathie.

Néanmoins, au fur et à mesure que le périple de ce "50 ans, toujours puceau" pour rejoindre la demeure familiale se transforme en une sorte d'After Hours par Charlie Kaufman, le récit s'embourbe peu à peu. Libre à chacun d'interpréter les deux gros segments suivants comme il le souhaite, entre la sitcom au syndrome de Munchausen et la parabole biblique d'une mise en abyme théâtrale, le trip donne l'impression de partir dans tous les sens mais surtout de s'étirer inutilement, plus que de raison, comme si le sentiment de "tout ça pour ça?" qui réside après coup était justement la blague. Aster se gargarise de décrire son film comme "la version juive du Seigneur des Anneaux" et le quatrième et dernier segment attaque plus frontalement sa névrose judaïque jusque là sous-jacente - ou, devrais-je dire, le cliché de la mère juive surprotectrice, castratrice, autoritaire et source de culpabilisation - mais les bonnes idées, que l'on aurait pu voir dans un Woody Allen de la grande époque, côtoient le ridicule digne de Dead or Alive 3 de Takashi Miike. Éreinté par cet interminable séjour, Beau a beau être une victime, il ne l'est pas autant que nous. Et l'empathie n'est plus.

par Robert Hospyan

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