Alain Chabat

Alain Chabat
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Réalisateur, Scénario, Acteur
France

L’ex chef des Nuls a fait du chemin depuis les années cultes de la tranche horaire de Nulle Part Ailleurs. Avec en point d’orgue la réalisation d’un des plus gros succès du cinéma français : Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Il faut dire que l’homme est talentueux, curieux et charismatique et se dégage de lui un fort potentiel de sympathie qui a fait de lui l’un des comiques les plus populaires du cinéma français.

MAINTENANT PLACE A LA BITE AVEC SEXY CHARME

Pour toute une génération située entre 25 et 35 ans, Alain Chabat est le symbole d’un culte absolu, le représentant d’un vent nouveau soufflant sur l’humour à la française. Avant les pérégrinations des Nuls sur la chaîne cryptée, la France devait se contenter en gros du Bébête Show et des facéties d’un Stéphane Collaro dopé aux playmates ridicules. L’esprit frondeur du Petit Rapporteur ou des Shadock semblait déjà appartenir à un autre temps. L'apport de Chabat et de ses inoubliables acolytes vient d’ailleurs, nourris par les facéties des ZAZ, de John Landis ou du Saturday Night Live. Ils incarnent cette fraîcheur venue d’outre-atlantique. Né en 1958 à Oran (Algérie), le jeune Alain déménage avec ses parents cinq ans plus tard en banlieue parisienne et manifeste très tôt son intérêt pour l’art du saltimbanque. Partagé entre la BD, le rock et la blague, il fait ses premières armes à RMC où il rencontre Pierre Lescure qui l’embarque sur l’aventure Canal + en 1984. D’abord Monsieur Météo – la météo de Canal + a toujours été une espèce de tube à éprouvette pour de potentielles grandes figures du PAF – puis animateur d’une petite émission de bonne déconne (4C+) pour enfin rencontrer Bruno Carette et Chantal Lauby avec qui – en compagnie d’Alexandre Pottier et Blats – il tourne une saison d’Objectif Nul. Dominique Farrugia restera derrière la caméra, participant uniquement à l’écriture des sketches de cette fiction dans l’espace au décor de série Z et agrémentée de ce qui fera le ton Nuls : fausses pubs, infos bidons et poilade à tous les étages.

AVEC MON RIEN A BRANLER NATURE JE VOUS PISSE BIEN PROFOND A LA RAIE

En 1988 commence l’aventure Nulle Part Ailleurs avec Philippe Gildas. Ceux qui s’appellent désormais les Nuls adoptent une nouvelle formule avec le JTN jouant entièrement autour d’une parodie de journal télévisé entrecoupé des éternels sketches et fausses pubs et qui se clôt sur la météo très particulière de Dominique Farrugia. Leur humour décalé, leur sens de la parodie font mouche auprès d’une jeune génération qui se retrouve dans l’esprit frondeur instauré par Canal +. Le talentueux monsieur Chabat, emprunt par une culture finalement peu franchouillarde commence à toucher à la réalisation (le fameux sketch : soudain un nain connu vous offre des fleurs avec Phillipe Gildas) alors que ses talents d’auteur comique sont évidents. Reconnu avec ses confrères comme un bon client, source d’un chahut très recherché à la télévision, il est invité sur de nombreux plateaux d’émissions de chaînes concurrentes pour y faire le mariole avec son style bien à lui. Forts de leur succès, les Nuls sont en mesure de demander à la chaîne cryptée à peu près ce qu’ils veulent. C’est ainsi qu’ils préparèrent pour les abonnés deux nuits d’émissions spéciales constituées de sketches inédits et d’autres surprises. Ce sera TVN595 et La Nuit la plus Nulle. Après le JTN, ils se lancent dans ABCD Nuls qui leur permet d’être pour la première fois tous les quatre sur le même plateau. Malheureusement, Bruno Carette tombe vite malade et meurt en 1989 d’une leuco-encéphalite alors que ses compères lui souhaitaient un bon rétablissement chaque soir à l’antenne. Endeuillés, ils arrêtent leur chronique un temps et reviennent en 1990 avec leurs Histoires de la télévision et la famille Gilet, toujours inséré en module dans NPA, dont on retiendra surtout l’hilarante parodie documentaire sur la sexualité des éléphants.

L’ART DE PIQUER DES PEIGNOIRES

L’année suivante et pour deux saison, les trois Nuls restant changent littéralement de formule pour un concentré d’audace en reprenant à leur compte le principe du Saturday Night Live, émission mêlant sketches et musique live, chaque samedi soir en direct. C’est ainsi qu’autour d’un invité différent chaque semaine qu’ils interprètent plusieurs saynètes souvent audacieuses (comme celui entièrement joué à l’envers) qui finissent par achever leur incarnation de gardiens du feu de l’humour sacré, dépositaires de l’héritage de l’esprit Canal, phares d’une génération conquise par leur goût d’un humour situé quelque part entre les vannes de Goscinny et les blagues potaches des stand up comedians d’outre-quiévrain. On les retrouvera par la suite sur Europe 2 puis Europe 1 en animateurs radio, reprenant leur formule classique et l’adaptant pour les ondes. Ils animeront aussi un jeu totalement stupide nommé le Zouzouk préfigurant le Burger Quizz des années plus tard. Mais Alain Chabat rêve de plus grand et de plus large, après un petit rôle dans l’autoproclamé premier film gore français Baby Blood, il décide avec Chantal Lauby et Dominique Farrugia d’utiliser leur talent et leur renommée pour un film de cinéma. La Cité de la peur sort en 1994 et devient le film culte dont il faut connaître toutes les répliques et autres punch line assénées au bulldozer à l’intérieur d’une improbable histoire autour du Festival de Cannes et d’un film de série Z devenu tout aussi mythique : Red is Dead. Mais une fois encore l’ambition d’Alain Chabat le mène vers d’autres sommets. Il accepte le rôle remarqué dans le Gazon Maudit de Josiane Balasko où il incarne le mari cocufiant et cocu d’une Victoria Abril tombant sous le charme d’une pure butch interprétée par la réalisatrice, ancienne du Splendid. Et après avoir joué accepté un second rôle dans la première réalisation de Dominique Farrugia, Dominique 1, Yvan 0 - « ça sent le poney ici ! » - il se lance dans ce qui était d’abord parti pour être un court métrage sur un chien qui prend le corps d’un homme : Didier dont on peut voir les prémices dans l’inénarrable fausse pub, Royal Rabbin.

AVEC TOI ON PEUT JAMAIS RIGOLER… GOLER… GOLER…

Didier est à son tour un franc succès et marque la première collaboration réelle avec l’ours mal léché Jean-Pierre Bacri – lequel interprétait déjà l’un des quatre projectionnistes tués à la saucisse de Morteau dans La Cité de la peur. Une fois encore Alain Chabat est en phase avec son public d’adolescents et de post-adolescents qui voient en ce trublion agité mais sage une espèce de grand frère déconneur avec qui l’on peut partager ses coups de cœur cinéma et ses angoisses sur la vie. L’aspect fantastique de l’histoire lui permet d’être courtisé par les Américains qui veulent en faire un remake que Chabat compte un temps mettre lui-même en scène. Le projet semble être destiné à prendre la poussière sur les étagères des Majors depuis plusieurs années. Au même moment, il connaît son premier vrai succès auprès des critiques pour son interprétation de flic trop lié à son informateur dans Le Cousin d’Alain Corneau. Toutefois toujours adepte de la parodie lourde, il sort en 1999 une cassette et un DVD de conseils de bricolage nommé les Bricol’ Girls dans lequel on retrouve plusieurs jeunes filles accortes peu vêtues prodiguer forces démonstrations pratiques sur l’applicage des joints de cuisine et autre art de percer correctement un trou dans le mur. Conseils parfaitement sérieux que de nombreux amateurs de bricolage se sont empressés d’acheter afin de parfaire dans la plus pure innocence leurs capacités d’utilisation de l’huile de coude. L’année suivante, il sort un autre DVD, Authentique, qui retrace la vie pendant un an du groupe de rap français NTM. En 2000 à nouveau, il retrouve Jean-Pierre Bacri pour le film choral d’Agnès Jaoui, Le Goût des autres pour lequel il fut nommé au César du meilleur second rôle.

CHABAT : POUR DIRE JE T’AIME

Sans se démonter, il retourne un temps à la télévision pour animer et produire via sa société de production Chez Wam, le Burger Quizz, jeu aux questions débiles où passent toute la clique gravitant autour de l’homme (depuis Kader Aoun, le collaborateur principal de Jamel Debbouze, à l’écriture jusqu’à Gad Elmaleh qui fut le meilleur présentateur de l’émission). Fidèle en amitié, Alain Chabat sait faire profiter ses amis de sa renommée. Entre le récent Papa - où il dévoile une facette inattendue de son jeu, entre minimalisme et sensibilité – monté probablement sur son nom malgré l’échec du précédent film de Maurice Barthélemy Casablanca Driver et le casting faisant la part belle aux guest stars de son Asterix sans oublier les rituelles apparitions de ses amis Nuls dans diverses de ses œuvres, l’homme n’est pas de ceux qui laissent tomber les blessés en route. Cela étant, le succès est une amie volage et malgré le triomphe réservé par les 14 millions de spectateurs d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, son film suivant RRRrrrr!!! ne parvient pas à rencontrer son public. Le parti prit était peut-être trop particulier et les Robins avec qui il partage l’affiche, n’avaient peut-être pas eu autant de temps pour imposer leur humour au grand public contrairement aux Nuls. Pourtant épaulés par des poids lourds tels que Gérard Depardieu et Jean Rochefort, force est de constater que le film est un semi échec.

CE N’EST PAS UN FOXTROT OU UNE POLKA!

L’acteur Chabat n’en demeure pas moins occupé et créatif. On peut le retrouver notamment dans l’hilarant court musical en string Restauratec, incarnant l’archétype de l’homme de bureau Jean-Pierre Ranu inventé par les géniaux Nicolas & Bruno, auteurs de la non moins géniale série disponible en DVD des Messages à caractère informatif. Entre les petits rôles multipliés depuis son accession à la notoriété (des Secrets professionnels du professeur Apfelglück aux Clés de bagnoles), sa carrière d’acteur ne s’empêche pas de s’étoffer considérablement en obtenant l’un des rôles principaux de The Science of Sleep réalisé par l’un des meilleurs metteurs en scène français : Michel Gondry. Il partage à cette occasion l’affiche avec rien de moins que Charlotte Gainsbourg et Gael Garcia Bernal. Désormais inséparable avec Charlotte Gainsbourg, on les retrouve la même année dans Prête-moi ta main - dont il est l’auteur de l’idée originale - d’un Eric Lartigau déjà remarqué avec ses Mais qui a tué Paméla Rose et Un ticket pour l’espace. Il retrouvera ensuite dans La Personne aux deux personnes ses collègues de Canal +, Nicolas & Bruno du Message.... Sachant échanger les casquettes de producteur, scénariste, réalisateur, acteur avec brio, on devine sous l’artiste un homme d’affaire acharné, prêt à se battre pour ses projets et celui de ses amis. Un homme généreux et complexe, qui parvint à marquer sa génération via sa culture faite de comic book, de coussins péteurs et de séries Z.

par Nicolas Plaire

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2006 La Personne aux deux personnes 2006 Prête-moi ta main 2006 The Science of Sleep 2005 Papa 2004 Casablanca Driver 2004 RRRrrrr!!! 2003 Chouchou 2002 Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre 2000 Le Goût des autres 1997 Le Cousin 1997 Didier 1996 Delphine 1, Yvan 0 1996 Beaumarchais, l’insolent 1995 Gazon Maudit 1994 La Cité de la peur 1993 La Classe Américaine (voix) 1991 Les Secrets professionnels du professeur Apfelglück 1990 Baby Blood

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