La Personne aux deux personnes
France, 2008
De Nicolas Charlet, Bruno Lavaine
Scénario : Nicolas Charlet, Bruno Lavaine
Avec : Daniel Auteuil, Alain Chabat, Marina Foïs
Musique : Nicolas Errera
Durée : 1h30
Sortie : 18/06/2008
Gilles Gabriel, chanteur des 80's en plein come-back, est tué dans un accident de voiture causé par Jean-Christian Ranu, comptable à la COGIP. Mais Gilles Gabriel n'est pas totalement mort: son esprit bien vivant a atterri dans le corps de Ranu, qui ne comprend pas qui est cette personne qui parle dans sa tête. Gilles, lui, n'a aucun contrôle des mouvements de son hôte. Gilles et Ranu vont vite se rendre à l'évidence : ils n'ont rien en commun, sauf ce corps qu'ils vont devoir partager. C'était déjà compliqué chacun de leur côté, alors maintenant, à deux dans la même personne…
THE MAN WITH TWO BRAINS
Nicolas et Bruno. Ces deux noms ne vous disent sûrement pas grand-chose, pourtant ils sont les heureux adaptateurs du script de 99F (Jan Kounen, 2007) et sont surtout connus pour leur travail humoristique qui a fait les beaux jours de Canal + au travers de leurs vignettes hebdomadaires : Messages à caractères informatif, qui tournait si bien en ridicule les films d'entreprises d'une autre époque. Alors passage au grand format oblige (ou presque), les deux comparses prennent à bras le corps ce qui a fait leur réputation télévisuelle et déclinent en format long et scénarisé l'univers de leurs sketches. Car il ne faut pas se leurrer, La Personne aux deux personnes n'est ni plus ni moins qu'un film prenant pour décor la culture d'entreprise triste et austère, associée à un certain côté kitsch, dans un scénario voulant mêler comédie fantastique et chanson populaire (à moins que ce ne soit comédie populaire et chanson fantastique). Dès lors, l'histoire paraît cousue de fil blanc (la fin, on la connaît tous), et c'est surtout vers les personnages qu'il faut se concentrer si l'on veut vraiment optimiser son plaisir. Car entre le jeu déphasé d'Auteuil, au grimage à la limite du supportable (il faut avoir le cœur bien accroché pour ne pas vomir son univers biscornu), rempli d'expressions d'une autre époque et en total décalage avec l'ère dans laquelle il évolue, et la verve toujours nonchalante et second degré de Chabat, qui manie si bien le off, on assiste à un beau duo qu'une Marina Foïs, certes un peu trop définie, finit d'emballer. Alors, même si la culture et l'environnement mémère donnent une forte accentuation à cette histoire mille fois supérieure à cette purge au pitch similaire qu'était Mauvais Esprit, on n'est pas encore au niveau du bijou de Carl Reiner L'Homme aux deux cerveaux, qui jouait lui aussi sur la communication intracérébrale. Mais le monde décalé de Nicolas et Bruno sait quand même se faire atypique et bien particulier pour peu qu'on se laisse amadouer par ce film qui, même s'il ne dépasse pas vraiment le concept de court métrage étiré, se démarque par une vraie singularité.