Papa
France, 2005
De Maurice Barthélémy
Scénario : Maurice Barthélémy
Avec : Yaël Abecassis, Alain Chabat, Martin Combes
Photo : Laurent Machuel
Musique : Philippe Morino
Durée : 1h20
Sortie : 01/06/2005
Sur la route qui les ramène chez eux, Louis et son papa vont se retrouver, apprendre à sourire, pleurer, rire, s’aimer et se questionner. Car, au bout de la route, la vie continue.
ET LA TENDRESSE BORDEL !
Seulement un an après l’indescriptible mais assez prometteur Casablanca Driver, l’ancien Robin des Bois Maurice Barthélémy revient sur les écrans pour nous offrir une fable intimiste, drôle et fragile. Venant jouer dans un registre où on ne l’attendait pas, le réalisateur a donc décidé de nous asséner son film comme une belle claque. Mais pas une claque voulant faire mal. Juste l'une de celles simplement adressées dans un but de réaction. Celles qui sont accompagnées d’une caresse apaisante pour souligner une émotion que l’on refoulait presque volontairement. Avec un tact scénaristique et visuel, une interprétation fine et délicate, une histoire simple et touchante, Papa possède tout les atouts pour tirer les larmes des yeux des spectateurs sans aucune vulgarité. Car avec un talent qui lui est propre, Barthélémy arrive à faire vibrer notre corde sensible sans jamais tirer vers le larmoyant ou l’hilarant, là où, dans l’histoire, ce père n’arrive pas à exprimer les choses. Car souvent chez les clowns sommeille un être triste. L’ex-petit nerveux des Robins des Bois cachait-il son âme d’homme sensible, responsable et pudique, ou a-t-il seulement attendu le temps nécessaire de la maturité pour annoncer la tendresse dont il fait preuve? Loin de tout voyeurisme racoleur, une profonde douceur s’impose et la sobriété parle d’elle même. Avec tant de manière et d’efficacité, il serait logique de se demander si nous ne venons pas d’assister à la naissance d’un futur grand cinéaste.
RIGHT WHERE IT BELONGS
Mais tout autant qu’un film de Maurice Barthélémy, Papa est aussi l’histoire de deux comédiens au talent fondamental, Alain Chabat et Martin Combes. Si évidemment Chabat donne une nouvelle fois ce qu’il a de mieux en lui, c’est-à-dire le génie d’un grand comédien, arrivant à dépasser ses déjà parfaites prestations de Gazon maudit et Le Cousin, il laisse ici encore plus transparaître une véritable pudeur, ensevelie sous son côté déconneur, le tout dans une formidable crédibilité. Et si ce rôle de père existe si bien, c’est aussi grâce au rôle et au talent indéniable du pourtant encore jeune mais déjà trés doué Martin Combes. Entre les coups de gueule, les coups de sang et les coups d’amour de ces père et fils, ce voyage initiatique prend des allures de lettre d’amour. Lettre écrite par un majestueux Barthélémy, où les mots possèdent autant de place que les silences simples et gênés, laissant ainsi exister des personnages au détour d’une chambre d’hôtel, d’une station-service ou d’une petite table d’aire d’autoroute. Des petits moments anodins, du quotidien, où chacun doit se retrouver au contact de l’autre. Des petits moments simples, où chaque personnage doit jouer son rôle, l’inverser, exister aux yeux de l’autre et savoir désormais vivre à fond pour mieux savourer l’instant présent. Papa est un film sensitif, à vivre sur le moment, en occultant tout ce qui nous entoure, pour simplement accompagner nos deux héros vers une destinée défilant comme les paysages bordant la route, sur le chemin du retour à la vie.