Pavée des meilleures intentions, la série télévisée Les Aventures du jeune Indiana Jones avait pour but de raconter comment Henry Jr. est devenu Indiana, l’aventurier le plus célèbre du monde, tout en traversant l’Histoire et ses événements les plus marquants, donnant naissance ainsi à un programme à la fois divertissant et éducatif. Malheureusement, le projet échoue lamentablement sur ces deux points. En ce qui concerne la mythologie du personnage, le traitement du parcours du héros n’approche pas une seconde du caractère iconique de la séquence d’ouverture d’Indiana Jones et la dernière croisade, qui voyait le personnage manier pour la première fois le fouet, se retrouver face à des serpents, acquérir son chapeau, etc. Pour la majeure partie du feuilleton, les épisodes se contentent de faire visiter un bon nombre de pays au jeune Jones, que l’on verra enfant mais également jeune adulte, et à lui faire croiser le chemin d’un nombre incroyable, au sens propre du terme, de personnalités historiques. De Lawrence d’Arabie à Erich Von Stroheim en passant par Freud, Hemingway et Dracula (!), on n’énumère plus les rencontres qui sont censées forger le jeune Indy en l’archéologue que l’on connaît tous. Seulement l’exercice tient beaucoup trop du gimmick peu crédible et jamais ne devine-t-on justement notre héros dans ces deux personnalités. Parfois les exemples choisis ont une incidence intéressante (l’influence de Lawrence sur le jeune Indy) ou amusante (Indy dépucelé par Mata Hari), mais dans l’ensemble, cet élément récurrent s’avère maladroit et tend à donner dans la désacralisation (volontaire ?) du mythe.

Il suffit de voir dans le pilote cette scène où l’on met Indiana, le chiot, dans le parc pour bébé du jeune Henry Jr. Le résultat à l’écran est ridicule là où la référence était vraiment drôle dans le troisième film. Ajoutez à cela un didactisme scolaire plutôt lourd lorsqu’il s’agit d’évoquer les leçons d’Histoire ou de philosophie qu’endure le protagoniste au travers de ses épreuves, et vous obtiendrez un produit principalement destiné aux enfants et totalement désuet aujourd’hui (même dans le panorama télévisuel des années 90). Alors certes, les divers chapitres de la série nous permettent d’apprendre qu’Indy, né Henry Walton Jones Junior le 1er juillet 1899, a été soldat durant la Première Guerre Mondiale (qui occupe cependant une trop importante partie de la série) et même espion dans les services secrets soviétiques, mais si les époques de l’Histoire visitées par le programme sont attirantes, l’histoire d’Indy, elle, ne s’avère pas des plus pertinentes. L’aventure aura permis à son créateur George Lucas de s’essayer à quelques expérimentations techniques et à faire la connaissance de ses principaux collaborateurs sur la nouvelle trilogie Star Wars (le producteur Rick McCallum, le scénariste Jonathan Hales, le directeur de la photographie David Tattersall), néanmoins elle n’apporte pas grand-chose au final à l’univers d’Indiana Jones si ce n’est quelques scènes développant la relation entre Jones père et fils esquissée dans le troisième film.

Robert Hospyan