Dès les premières images des Aventuriers de l’Arche perdue, on découvre Indiana Jones aux côtés de Satipo (Alfred Molina), un drôle de comparse qui se révèle un traître. Au début du Temple maudit, il peut compter sur un allié dissimulé au sein des serveurs du club Obi-Wan. Contrairement à Bob Morane, Henry Jones Jr. n’a rien de l’aventurier solitaire : à chacune de ses expéditions, on retrouve à ses côtés des compagnons de route. Retour sur les quatre principaux sidekicks d’Indiana Jones.
Pour beaucoup, c’est encore lui l’éternel et le plus symbolique des alliés d’Indy. John Rhys-Davies incarne avec bonhomie ce colossal ouvrier égyptien qui fait sa première apparition dans L’Arche perdue avant de revenir dans La Dernière croisade. Patriarche d’une famille nombreuse, jovial, doté d’une voix de baryton, Sallah est une force de la nature rendu d’autant plus savoureux qu’il ne se gêne pas pour exprimer par moments sa couardise. A la base, le personnage devait être beaucoup plus fin (Kevork Malikyan, qui joue Kazim dans le troisième épisode, avait même failli auditionner), mais Spielberg a fini par l’imaginer comme un personnage rondouillard. Danny DeVito avait même été approché pour le rôle mais avait du décliner à cause de sa participation à la série Taxi.
Comme Sallah, Marcus Brody apparaît dans les premier et troisième films de la saga. Dans L’Arche perdue, ce conservateur de musée proche d’Indy est présenté en filigrane comme un Indiana Jones vieillissant qui n’a plus toute l’énergie nécessaire pour repartir sur le terrain. Son retour dans La Dernière croisade offre une nouvelle approche du personnage : il est désormais un bouffon qui s’est jadis perdu dans son propre musée et cumule gaffe sur gaffe. Indy tente de décourager les Nazis en présentant Brody comme un homme de terrain habile et débrouillard, mais la réalité le rattrape dès son arrivée à Iskenderun où les hommes d’Hitler mettent sans peine la main sur lui. C’est Denholm Elliott qui a créé le rôle et l’a tenu deux fois avant de mourir en 1992. Le nouveau film rend un large hommage à Marcus : sa photo trône sur le bureau d’Indy (on apprend qu’il est mort récemment), un portrait orne les murs du Marshall College et une statue à son effigie a même été érigée dans la cour.
Short Round, de son nom en V.O., est un enfant chauffeur de taxi à Shanghai. Le rôle est tenu par Jonathan Ke Quan, qui jouera l’année suivante dans Les Goonies, produit justement par Spielberg. Cet orphelin chinois fait sa première et dernière apparition dans Le Temple maudit et reste pour beaucoup le sidekick le plus controversé de Jones. En choisissant un personnage aussi jeune, Spielberg ouvre le robinet des gags et contribue à faire du deuxième film le plus cartoonesque de la saga. Son interaction avec Jones et Willie dans le film fait naître par moments un joli sous-texte par rapport à la création d’une cellule familiale recomposée (la manière dont le traite Indy lorsqu’il est sous l’emprise de Mola Ram est assez dérangeante) mais cela ne suffira pas à le faire revenir dans une nouvelle aventure. Certains fans avaient pourtant espéré en vain qu’il apparaîtrait plus âgé dans ce qui était à l’époque un hypothétique quatrième épisode, certains suggérant même Jet Li pour l’incarner !
Encore plus loin dans la thématique familiale, voici venir Mutt Williams. Shia LaBeouf incarne dans Le Royaume du crâne de cristal ce jeune motard qui vient recruter Jones dans sa quête. Le film étant situé en 1957, Mutt se veut le représentant très lucasien d’un âge d’or à la Happy Days, blouson en cuir et cheveux gominés à l’appui. Spielberg utilise d’ailleurs très habilement cette esthétique en provoquant sciemment dans le film une bagarre entre greasers très West Side Story. Indy et lui sont d’abord comme chien et chat, Mutt arrogant et impétueux, Jones plus sage et mesuré. D’abord un peu méprisant d’Indy, Mutt fini par voir en lui un allié valeureux qui a, sous ses aspects de papy, beaucoup à lui apprendre sur la vie et ses choix. Leur relation est en cela très similaire de celle entre Ford et Connery dans le troisième film, les rôles étant cette fois inversés. Liam Engle |