Fight Club
France, 1999
De David Fincher
Scénario : Jim Uhls d'après Chuck Palahniuk
Avec : Helena Bonham-Carter, Jared Leto, Meat Loaf, Edward Norton, Brad Pitt
Photo : Jeff Cronenweth
Durée : 2h15
Ce film, sorti en 1999, a été élu "film de l'année" par les lecteurs de Première, Studio et Starfix. Ce film a également été descendu en flèche voire haï par des revues telles que Le Monde, Libération ou encore Télérama. Ce film, pour tout cela, mérite qu'on y revienne, après le choc !
"La première règle du fight club est que l'on ne parle pas du fight club; la deuxième règle du fight club est que l'on ne parle pas du fight club". Il n'en fallait pas plus pour attirer la curiosité !
Fight club est, à l'origine, un livre de Chuck Palahniuk, sorti en 1996; l'auteur a 37 ans est chercheur mécanicien pour une compagnie de transport routier. Un jour il s'inscrit dans un groupe d'écriture d'où émerge le livre, écrit en permanence, n'importe où, au boulot, devant la télé... En trois mois, le livre est bouclé. Les personnages sont inspirés de vraies personnes vivant autour de lui.
* Les fight clubs n'existent pas. * Palahniuk est un fou. * Il vit au fond d'une forêt, dans une cabane en bois. * Il travaille dans toute sorte d'activité, cherchant à repousser ses peurs.
Des milliers de rumeurs courent sur cet homme; il a par la suite écrit deux autres livres: Survivor et Invisible monsters. David Fincher travaille sur le montage de The Game quand il reçoit un appel d'un ami lui apprenant que la Fox s'apprête à acheter les droits d'un livre au sujet hallucinant. Le réalisateur lit le livre rapidement et souffle les droits à la Fox pour mieux le leur revendre, avec accord commun sur la réalisation du projet par Fincher. La Fox accepte rapidement (sur le moment, Fincher vient de faire Seven, énorme succès critique et public, et The Game est un succès annoncé).
The Game sort et essuie un échec; malgré cela, Fincher obtient un budget confortable (50 millions de dollars, le film finira à 70 millions de dollars), une star (Brad Pitt) et une vedette naissante (Edward Norton); Courtney Love, longtemps envisagée, est finalement remplacée par Helena Bonham-Carter! Les effets spéciaux sont dispatchés entre différentes sociétés, surtout Digital Domain et Buff.
Sautons quelques étapes: le film est fini. Il est montré aux dirigeants de la Fox, dont Bill Mechanics, alors big boss du département cinéma: Stupéfaction, le film est encore plus sombre, plus sans concession que prévu. On parle de "Orange mécanique moderne" (dixit Mechanics). La rumeur court que ces dirigeants ont peur des réactions autour du film, prévu pour une sortie estivale en juillet; le film est repoussé en août, puis en octobre, du fait des troubles dans les lycées US. Le film est présenté en grande pompe au festival de Venise le 10 septembre 1999; il y provoque un mini tremblement de terre; adoré par les uns, haï par les autres, parlant de liberté ou de néo-fascisme; le fossé se creuse entre les pour et les contre. La pression monte; le film sort en octobre mais, malgré un bon premier week-end, il n'a pas le succès escompté, comme tous les films sortis à cette période. Il sort en France en novembre et, malgré une forte concurrence, le film s'installe en pôle position; il finira à plus d'un million d'entrées (il est resté des mois à l'affiche à Paris). Mais le spectacle est autant dans les salles que dans la presse. Méprisé par Les Cahiers du cinéma ou Libération (qui place le film dans l'anthologie du navet), tandis que Le Monde évoque le mauvais goût du savon (fabriqué à base de graisse humaine) en faisant le rapprochement avec le savon nazi, polémique réutilisée par Les Inrockuptibles ou Télérama. A l'opposé, Première, Studio, Cinélive, Starfix, Repérages ou Technikart aiment le film, voire l'honorent!!
Tout le monde parle d'un échec, mais la carrière du film est à venir: la location vidéo a cartonné, de même que le DVD et la vidéo aux Etats-Unis comme en France! Film culte, méprisé par les uns pour mieux être adoré par les autres?