Publié le 07/09/2019

L'ÉTRANGE FESTIVAL : compte-rendu du jeudi 5 septembre

L'ÉTRANGE FESTIVAL : compte-rendu du jeudi 5 septembre

Il y a une tradition, comme un rituel, lorsque l’été touche à sa fin et que les sonneries scolaires remplacent la bande son des vagues sur la plage : les cinéphiles amateurs de curiosités se regroupent au Forum des images dans l’épicentre parisien, pour assister l’édition annuelle de l’Etrange Festival. Il s’ensuit deux semaines de films bizarres, de documentaires barrés ou d’œuvres cultes osées, embrassant le genre horrifique mais pas que. Pour cette 25ème édition, ouverte mercredi 4 septembre avec Nekrotronic (en présence de Monica Bellucci), l’Etrange propose comme toujours un si large panel de films qu’il est compliqué de tous les voir. On a choisi de mettre, pour cette journée du 5 septembre, l’accent sur la compétition Nouveau Genre. Un des films de cette sélection sera ainsi récompensé lors de la cérémonie de clôture.

Dreamland – Bruce McDonald (Belgique/Canada/Luxembourg)

Dans Dreamland, un ancien mafieux tâchant de se repentir veut sauver une fillette d’un trafic et doit rencontrer un trompettiste de génie. Le manque de moyens se fait vite ressentir dans cette œuvre qui sonne comme du toc, et dont l’exposition interminable est étouffée sous une surenchère d’effets et un sound design qui manque cruellement de sobriété. Dreamland navigue entre les genres et, si ses intentions ne sont pas toujours très claires, cela permet plusieurs scènes comiques qui ont le mérite de bien faire leur travail. Lorsqu’il arrête de se prendre au sérieux et utilise ses éléments de surréalisme pour basculer dans un humour noir absurde, Dreamland devient assez plaisant.

Shadow – Zhang Yimou (Chine)

Une histoire de complot mêlant manipulation, faux semblants et sentiments dans la Chine des Trois Royaumes, qui s’avère plutôt lent sur sa première heure. Les enjeux n’y semblent ni assez clairs ni assez originaux. Il faut attendre le dernier tiers pour que la mise en scène s’éveille au profit d’un combat chorégraphié et d’un final assez beau. Shadow sera rediffusé dimanche 8 septembre à 16h30 au Forum des images, toujours dans le cadre de l’Etrange Festival.

Monos – Alejandro Landes (Colombie/Allemagne/Argentine/Danemark/Etats-Unis/Pays-bas/Suisse/Suède/Uruguay).

Plongée soudaine dans un monde tout autre que celui du IIIème siècle Chinois, celui des adolescents terroristes d’Amérique latine. Quelque part dans les montagnes, un groupe d’adolescents appartenant à l’ « Organisation », vit au semi-autarcie, se pliant aux règles émises par par l’Organisation qui vient parfois leur confier une mission, comme s’occuper d’une vache – ou d’une otage. Monos embarque, avec une facilité déconcertante, dans cet univers ultra-violent, grâce à la fluidité de sa mise-en-scène. Le réalisateur vient du documentaire et a su utiliser les spécificités de ce genre pour éviter des écueils de la fiction aux images trop graphiques et à la cruauté exacerbée. Le film se concentre davantage sur la triste dynamique sociale du groupe et, plutôt que la violence, on en observe ses origines. Il en résulte une œuvre intelligente, qui sera rediffusée au festival le lundi 9 septembre à 17h avant de connaître une sortie française le 4 mars 2020.

Vivarium – Lorcan Finnegan (Irlande/Belgique/Danemark)

Il ne manquait plus qu’un paysage de banlieue pavillonnaire américaine pour compléter l’étrange tableau constitué par cette journée. Dans Vivarium, Jesse Eisenberg et Imogen Poots interprètent Tom et Gemma, un couple qui souhaite se lancer dans leur premier achat immobilier. Ils ne se doutent pas alors qu’une simple visite de maison pouvait virer au cauchemar. Film-concept efficace, qui se démarque de ses semblables par l’inventivité de son idée, Vivarium utilise l’alignement parfait de pavillons insipides de banlieue comme figuration de l’enfer(mement) et de la désillusion. Le résultat est drôle, toujours caustique et souvent anxiogène mais devient un peu redondant à force de ne se reposer que sur son concept. Il sera rediffusé jeudi 12 septembre à 16h30 à l’Etrange Festival et sortira dans les salles françaises le 12 février 2020.

C’est dans ce paysage de maisons verdâtres que se termine cette journée de l’Etrange Festival qui, lui, ne fait que commencer et se poursuivra jusqu’au 15 septembre, toujours au Forum des images (Forum des Halles, 2 Rue du Cinéma, 75001 Paris).

par Manon Franken

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