Samantha Morton

Samantha Morton
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum
Acteur
Royaume-Uni

Samantha Morton est l'une des actrices les plus douées de sa génération. A seulement 26 ans, elle a déjà montré l’étendue de son talent, que ce soit dans des grosses productions ou des films à petits budgets, et également celle de son caractère. En effet, cette jeune femme sait ce qu’elle veut et n’est pas prête à se laisser corrompre par les sirènes d’Hollywood ou par qui que ce soit d’autre d’ailleurs.

URBAN SURVIVOR

Samantha Morton est née le 13 mai 1977 à Nottingham, Angleterre. Ses parents Pamela et Peter se sont séparés alors qu’elle avait trois ans et ont refait leur vie chacun de leur côté. Pour elle a alors débuté le long chemin de l’apprentissage de la vie. Elle emménage avec son père et sa petite amie, mais les choses se passent mal et commence alors la ronde des familles d’accueil, seize au total. La vie n’y fut pas plus agréable pour autant, avec entre autre du verre brisé et des excréments dans son lit ou encore son ours en peluche, offert par sa maman, retrouvé brûlé. De ces expériences, elle a acquis le caractère inflexible et l’indépendance qu’elle affiche aujourd’hui. C’est d’ailleurs cette facilité d’adaptation et la diversité dans le genre humain, qu’elle a eu tout le loisir d’observer, qui l’ont aidée à être une si bonne actrice. Elle a commencé à jouer la comédie à sept ans: elle écrivait des saynètes qu’elle devait ensuite interpréter avec des camarades de classe, et elle adorait cela. Cette activité lui apporta tant de joie qu’elle a continua dans cette voie. Elle quitta alors l’école, à treize ans, pour s’inscrire au Groupe de Télévision pour Juniors du centre de l’Angleterre. Elle fut encouragée en cela par l'un de ses professeurs, et écrivit jusqu’à ce que sa candidature soit acceptée. Elle quittera ce groupe à seize ans pour s’inscrire dans une troupe théâtrale. Elle obtiendra ensuite des rôles pour la télévision dans diverses séries et téléfilms, où elle interprétera entre autres Emma de Jane Austen ou encore Jane Eyre de Charlotte Brontë.

DANS LA PEAU

En 1997, elle sera Iris dans Under the Skin de Carine Adler. Une jeune femme qui, pour surmonter le chagrin de la mort de sa mère, se lance à corps perdu dans des aventures sexuelles. Son talent crève l’écran et les récompenses suivent. C’est d’ailleurs en voyant le film que Woody Allen pense à elle pour interpréter Hattie, la jeune fille muette, dans Accords et désaccords. Ayant grandi avec la télévision et la radio, Samantha Morton ne connaît pas Woody Allen et, se trouvant à l’époque sur le projet de jouer Ophélie dans Hamlet au côté de Ethan Hawke, elle hésite et lui demande à lire le script avant de se décider. Ne sachant bien sûr pas que Woody Allen ne donne jamais de script à lire aux acteurs. Cela ne l’empêchera pas de décrocher le rôle, qui va la faire découvrir au public américain et la voir nomée aux Oscars pour le meilleur second rôle. 1999 sera aussi l’année de Dreaming of Joseph Lees de David Styles, dans lequel elle joue une jeune femme amoureuse de deux hommes dans l’Angleterre des années 50. Puis, elle sera Michelle, une héroïnomane, dans Jesus’ Son. Elle accepta ce rôle-défi tant le script était bien écrit et le personnage multidimensionnel, l’aspect culturel (elle devait jouer une Américaine) la séduisant en particulier.

ADN EMOTIONNELLE

Samantha Morton n’est pas une comédienne avec un style Actor's studio, c’est une actrice instinctive, qui se base sur la vérité émotionnelle que le rôle lui inspire. Elle ne se précipite donc pas sur tous les scripts qu’on lui propose mais est au contraire très sélective et ne se donne pas au plus offrant. Pour elle, c’est juste une question de faire des films qui en valent la peine. Ça ne l’intéresse pas de faire un film pour elle ou pour tourner avec un grand nom de la réalisation. Ce qui l’intéresse, c’est le personnage, elle ne veut pas faire perdre son temps aux spectateurs. Intégrité et business n’étant pas les choses les plus faciles à assembler dans l’industrie du cinéma. Pour elle, le travail est le même sur un film à petit ou gros budget: "J’arrive sur le plateau et j’interprète mon personnage du mieux que je peux. C’est la même chose". Elle n’a donc aucun mal à passer du plateau de Woody Allen à celui de Lynn Ramsey (Ratcatcher), pour Le Voyage de Morvern Callar, l'adaptation d’un roman de Alan Warner devenu culte en Angleterre. Samantha est à la fois une grande fan du livre et plus encore de Lynn Ramsey, qu’elle considère comme une réalisatrice très originale qui n’essaye pas d’imiter les autres. Pour l’histoire de cette jeune femme, dont le petit ami se suicide la veille de Noël, laissant un roman que Morvern va faire passer pour sien, elle n’a pas hésité à courageusement montrer à la caméra un physique encore marqué par la naissance de sa fille.

LOIS DE LA PESANTEUR

C’est d’ailleurs là que le bât blesse, car malgré son immense talent, Samantha Morton doit faire face aux exigences de la beauté hollywoodienne. Elle a un style et un corps qui ne correspondent pas aux canons esthétiques habituels, tant et si bien que malgré le souhait de Terry Gilliam de la voir figurer dans le casting des Frères Grimm, les frères Weinstein, patrons de Miramax, y ont mis leur veto, indiquant qu’elle avait les bras trop gros! Heureusement pour elle, Steven Spielberg n’a pas les mêmes exigences et l’a castée sans problème pour interpréter Agatha (nommée ainsi en hommage à Agatha Christie) face à Tom Cruise dans Minority Report. Ce film est pour elle une histoire très brillante avant d’être un blockbuster à gros budget, et c’est en toute objectivité qu’elle dit ne pas avoir été surprise de faire partie du casting, son talent expliquant ce choix. Pour autant, elle n'est pas peu fière d’avoir été choisie pour tourner avec ce grand réalisateur. Une autre expérience très forte pour l’actrice était de faire partie de l’aventure du nouveau film de Jim Sheridan, In America: "Je voulais faire un film qui parle d’amour, de la vérité en amour, des terribles circonstances qui peuvent nuire à la vie de famille et comment les gens peuvent les surmonter. J’étais aussi intriguée de découvrir ce que ce serait de jouer une mère de famille en étant une moi-même depuis peu". Un film a priori Kleenex mais d’autant plus émouvant de par sa double part autobiographique. Jim Sheridan a lui aussi émigré à New York, avec les difficultés que cela implique, et s’est servi de cette expérience pour écrire le film, qui est dédié à son frère Frankie, mort lui aussi d’une tumeur au cerveau, comme le fils des personnages. Elle dit de Jim Sheridan qu’il est "comme un bateau capable de naviguer à travers les émotions des gens et de les traduire". Il est à espérer que sa nouvelle nomination aux Oscars pousse les gens de l’industrie à la prendre plus au sérieux. Son prochain film, Code 46, de Michael Winterbottom, avec Tim Robbins, est une histoire d’amour futuriste sur un couple pourchassé car la jeune femme serait en fait le clone de la mère de son ami. A suivre.

par Carine Filloux

En savoir plus

2004 In America 2002 Le Voyage de Morvern Callar 2002 Minority Report 2001 Pandaemonium 2001 Eden 2000 Jesus’ Son 1999 Dreaming of Joseph Lees 1999 Accords et désaccords 1998 This is the Sea 1997 Jane Eyre (TV) 1997 Under the Skin 1996 Emma (TV)

Commentaires

Partenaires