Michelle Pfeiffer

Michelle Pfeiffer
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum
Actrice
États-Unis
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer
  • Michelle Pfeiffer

Dans la vraie vie, Michelle Pfeiffer a débuté derrière le comptoir d’une friperie. Dans sa vie de celluloïd, Pfeiffer est plutôt sorcière ou meurtrière, féline ou cougar, reine des fées ou comtesse amoureuse. Rien de moins. Michelle Pfeiffer est l’une des rares stars américaines d’aujourd’hui dont l’aura réveille le glamour de l’âge d’or hollywoodien. Après lui avoir offert son meilleur rôle avec Batman, le défi, Tim Burton recroise son chemin avec Dark Shadows, l’adaptation d’un obscur show télé dont elle était folle. Trente ans que Michelle éclaire les profondes ténèbres des salles de cinéma, et pour elle qui se verrait bien vieillir comme Judi Dench ou Ellen Burstyn, ce n’est qu’un début.

LE TEMPS DE L'INNOCENCE

«C’est ma peur panique de l’humiliation qui m’a servi de moteur. C’est la clef de mon succès». Rayon humiliation (après avoir incarné une certaine Jobina dans un épisode de Chips), Michelle Pfeiffer s’est fait connaître en 1982 en écrivant la première ligne de sa filmo interdite. Dans Grease 2, Pfeiffer, 24 ans, retourne au lycée. Elle y rêve, comme toutes les filles des années 80, d’un paradis fait de fumigènes où elle retrouverait son motard d’amour. «I'm lookin' for a dream on a mean machine with hell in his eyes» chante t-elle dans Cool Rider, un morceau qui sonne comme une version Polly Pocket d’un tube de Pat Benatar. Le rôle a d’ailleurs été proposé à cette dernière, ainsi qu’à Kim Carnes et Deborah Harry (Debbie, s’estimant trop vieille pour le personnage, est partie faire Vidéodrome). Si Michelle, lors de ses soirées pyjama, doit repasser avec ses copines la vidéo du film comme on regarderait pour rire d’anciennes photos de classe, il lui a permis néanmoins d’être remarquée. Bide critique et public, certes, mais le New York Times a repéré cette jeune fille à la bouche vermeille. Brian de Palma aussi, et n’était guère enthousiaste à l’idée de confier le rôle d’Elvira, dans Scarface, à cette pétulante ingénue. Pfeiffer s’imposera finalement, comme elle imposera sa présence dans cet univers de cagoles hommes, d’importables costards blancs et de chaînes en or sur torse viril, de tissu léopard sur les sièges de bagnoles et camaraderie en mode bonhomme. Michelle incarne une Droopy sexy qui passe son temps à faire la gueule, à se coiffer et à sniffer de la coke. Un rôle limité mais déjà un vrai caractère, à l’affiche qui plus est d’un carton au box-office.

MICHELLE, LE DÉFI

Une étude très sérieuse, menée il y a quelques années, avait abouti à la conclusion que le visage dont les proportions incarnaient au mieux la beauté féminine était celui de Michelle Pfeiffer. De quoi se la péter pour toute une vie. On ne pouvait donc pas lui confier le rôle de la fille d’à côté : elle sera Isabeau dans la fantasy médiévale de Ladyhawke où Michelle sera belle mais où elle ne servira à rien. Un peu mieux dans Les Sorcières d’Eastwick où elle aura un rôle moins juteux que ses copines Cher et Susan Sarandon, mais obtiendra un nouveau gros succès au box-office. Michelle y incarne Sukie, joue au tennis avec ses fesses et gagne en cours de film le droit d’avoir des gros cheveux comme toute femme de 1987 qui se respecte. C’est une star, et il est déjà loin le temps où l’on faisait une faute d’orthographe à son nom dans le générique de ses téléfilms de début de carrière. Loin l’époque où elle n’était que Miss Orange County, loin celle où elle était Alice posée sur un char lors de la parade de Disneyland. Avec Veuve… mais pas trop de Jonathan Demme, elle obtient sa première nomination aux Golden Globes, et elle sera nommée les 5 années suivantes. A l’heure de faire des choix, Pfeiffer ne se trompe pas. Alors qu’on lui propose le rôle de Merteuil dans le Valmont plus ou moins oublié de Milos Forman, elle choisit celui de Madame de Tourvel dans le projet concurrent dirigé par Stephen Frears. Un rôle peut-être moins payant, mais dans un meilleur film qui la révèlera comme actrice faite pour les froufrous. Ceux, 18e siècle, des Liaisons dangereuses, ceux, 19e, du splendide Temps de l’innocence signé Scorsese, ceux, début 20e, de Chéri, œuvre crépusculaire et sous-estimée qui permet à Michelle Pfeiffer, dans le rôle d’une courtisane déclinante, d’offrir l’une de ses meilleures performances dans l’un de ses plus gros bides commerciaux.

LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT

«Je pense toujours que les gens vont se rendre compte que je ne suis pas très talentueuse.» Au début des années 90, personne ne s’en rend compte. Un Oscar lui est promis pour sa performance chantée dans Susie & les Baker Boys. On l’aime tellement qu’on se dit que son heure viendra plus tard, contrairement à la sénior Jessica Tandy qui récupèrera la statuette. Raté : Pfeiffer n’a, à ce jour, jamais gagné d’Oscar. Mais elle a gagné une Catwoman. Pour Batman, le défi, Pfeiffer s’est battue comme une tigresse. Elle supplante Madonna, remplace une Annette Bening enceinte. Elle blesse son entraineur lorsqu’elle s’entraine au fouet, se perd le matin dans l’immensité du décor, a envie de mourir dans son costume étouffant, mais rien ne paraît à l’écran : Catwoman est ronronnante, flamboyante, triomphante. Lors d’un déménagement en 2004, Michelle raconte qu’elle a retrouvé son fouet dans un tiroir oublié. Puis l’a essayé dans son jardin, s’estimant alors «un peu rouillée». Humaine après tout ? Les années qui suivent sont celles d’un lent déclin. De Wolf, on ne se rappelle de rien. Elle non plus : pendant le tournage, elle se fiance, tombe enceinte et se marie. Sa période officielle de sous-films s’ouvre par Esprits rebelles, où elle incarne une Gérard Klein en cuir, et enseigne la vie à des élèves super frondeurs mais qui donnent l’impression de tremper chaque matin leurs biscuits Prince dans leur bol de lait. Le film lui permettra néanmoins l’un de ses emplois les plus marquants : celui, dans le clip de Coolio, d’une badass hip hop aux yeux plissés et bouche pincée. Yo. Ses longs métrages suivants sont une enfilade de faux prestige où le seul cast ne peut compenser le manque d’ambition artistique : associée à Redford dans Personnel et confidentiel, Clooney dans Un beau jour, Willis dans La Vie à deux ou encore Whoopi Goldberg dans Aussi profond que l’océan (notez le prestige pâlissant des associations), Michelle, une fois passée la barre fatidique des 40 ans, dérive peu à peu vers l’enfer du hasbeenat.

ESPRIT REBELLE

Mais Michelle Pfeiffer ne connaîtra pas le bug de l’an 2000. Alors que coule, quelques années avant, son projet de film de femme pirate avec Paul Verhoeven (les discussions avec ce dernier ayant essentiellement porté sur sa possibilité de tourner à poil, rapporte l’actrice), alors qu’Evita lui est chipé par Madonna (qui prend sa revanche de Catwoman), on pense que son heure est passée. Elle rebondit avec le 2e plus gros succès de sa carrière : Apparences. De Choderlos de Laclos à Edith Wharton, on a déjà fait voyager l’actrice dans le temps. Sa blondeur et son feu sous la glace faisaient d’elle une évidente héroïne hitchcockienne. Robert Zemeckis conduit son train fantôme à la façon d’Hitchcock, ou plus précisément comme celui-ci aurait réalisé un film, aujourd’hui, s’il avait eu accès à la technologie digitale. Rayon scream queen, Michelle ne pioche pas son influence du côté de Janet Leigh, mais s’inspire plutôt de Drew Barrymore dans Scream, impressionnée par sa façon d’exprimer la terreur dans le prologue du film culte de Wes Craven. On croit Pfeiffer revenue aux affaires mais l’actrice économisera désormais ses apparitions à l’écran. Le buzz Oscar naît pour sa performance dans Laurier blanc mais Pfeiffer ne participe plus que de loin au grand cirque hollywoodien. Chaque succès se transforme en come-back, comme avec la Velma Von Tussle de Hairspray qui lui permet de renouer avec la chansonnette. La même année, Matthew Vaughn, fan de Grease 2, lui propose d’enfiler à nouveau ses habits de sorcière dans Stardust, agrandissant son rôle par rapport au livre. Pfeiffer semble s’y amuser comme une folle. «Si vous pensez qu’arriver à 40 ans a quelque chose de libérateur, attendez d’en avoir 50 – j’ai été surprise de voir à quel point je me suis sentie libérée». Plus d’humiliation à craindre. Lorsqu’elle intègre le cast surnaturel de Dark Shadows, où l’on croise vampires, sorcières, fantômes et loups-garous, cela paraît tout naturel : Michelle Pfeiffer semble depuis toujours avoir un truc en plus par rapport aux autres êtres humains.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires