Le Crime de l'Orient-Express
Murder on the Orient Express
États-Unis, 2017
De Kenneth Branagh
Avec : Kenneth Branagh, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Judi Dench, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer
Durée : 1h54
Sortie : 13/12/2017
Le luxe et le calme d’un voyage en Orient Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les 13 passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau.
TRAINTRAIN
Curieuse idée de réadapter Le Crime de l'Orient-Express, suspens dont beaucoup connaissent, entre la popularité du roman d'Agatha Christie et les multi-diffusions FR3/M6 de l'adaptation de Sidney Lumet, la spectaculaire issue. Mais pourquoi pas ? On aurait pu imaginer une luxueuse adaptation misant sur le cast et le savoir-faire. On aurait pu aussi, à partir d'une histoire qui n'a plus beaucoup de mystère (à part peut-être auprès d'un jeune public qui n'ira probablement pas voir ce film) et dont le revival en 2017 a quelque chose d'un peu kitsch, espérer un décalage, une réappropriation, de la malice - un jeu auquel un réalisateur plus queer aurait pu apporter une dimension ludique. Las, ce Crime n'est ni l'un ni l'autre : ni une adaptation post-moderne, ni un spectacle confortable façon boite de chocolats de Noël.
Ce Crime de l'Orient-Express semble avoir déjà quelques trains de retard et ressemble à ces produits de studio pour lesquels on monte une campagne Oscars qui déjà il y a 15 ans aurait échoué. Le film est daté, figé, bavard, le ronron de son train berce mais n'excite pas vraiment. L'échec du film vient en fait non pas de son casting mais de la façon dont il est employé. Au cast grand luxe de la version 70s (Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Sean Connery, Jean-Pierre Cassel, Vanessa Redgrave, Anthony Perkins entre autres) succède un nouveau cast assez chic, mais les personnages sont tragiquement sous-écrits et sous-employés. Judi Dench a quatre répliques à grommeler, le rôle de Willem Dafoe pourrait être tenu par un intermittent du spectacle choisi au hasard tandis que n'importe quel douzième rôle de Un, dos tres aurait pu faire l'affaire pour celui de Penelope Cruz. Michelle Pfeiffer a (à peine) plus à jouer, mais cela reste un crime - et là, un vrai - de voir l'une des actrices les plus charismatiques qui soient cantonnée à des seconds voire troisièmes rôles.
La vraie star du film est plutôt Kenneth Branagh, qui campe un Hercule Poirot tout en moustache, cabotinage et mauvais accent francophone. Mais quel réalisateur sans personnalité peut être autant à la botte de l'acteur et de sa prestation à la fois assommante et envahissante ? Réponse : Branagh lui-même, qui ne semble pendant deux heures avoir d'yeux que pour sa propre personne. Hormis le soin apporté à la direction artistique, l'acteur-réalisateur transforme le film en egotrip assez vain et déplacé.