Terrence Malick

Terrence Malick
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Réalisateur, Scénario
États-Unis

En seulement quatre films étalés sur plus de trente ans, le réalisateur américain Terrence Malick est devenu une légende du cinéma, l’égal des Stanley Kubrick, Akira Kurosawa, Fritz Lang et autres cinéastes mythiques. Volontairement secret, le Texan laisse son œuvre parler pour lui. Vision panthéiste du monde, portrait d’outsiders magnifiques, plans sublimes sur une nature imperméable à la folie humaine, ses longs métrages tiennent davantage de la poésie que du cinéma traditionnel. Retour sur une carrière unique, jalonnée d’une éclipse de plus de vingt ans, restée énigmatique.

L’HOMME AUX MILLE VIES

Avant La Balade sauvage (1973), qualifiée par certains critiques américains de "premier film le plus maîtrisé depuis Citizen Kane d’Orson Welles", Terrence Malick avait déjà roulé sa bosse. Né en 1943 à Waco dans le Texas, fils de riches exploitants de pétrole, "Sparky", comme on le surnomme, voue très tôt une passion pour la philosophie. Diplômé de Harvard et d'Oxford, excusez du peu, il étudie les textes de Kierkegaard, Wittgenstein et Heidegger qui l’ont profondément marqué. Il traduit même l’œuvre de ce dernier, Le Principe de la raison. Déjà perfectionniste, il exige de l’éditeur Northwestern University Press que le texte original figure également dans le livre. Parallèlement à ces études, Terrence Malick travaille comme photographe pour Life, Newsweek, The New Yorker, apprend le métier de metteur en scène à l'American Film Institute aux côtés de David Lynch, et signe quelques scénarii pour le cinéma sous le pseudonyme de David Whitney. Des expériences diverses et variées qui nourrissent ses films à venir. Le cinéma est une pure expérience sensitive, il ne le conçoit pas autrement. Son premier film La Balade sauvage contient déjà les grands thèmes malickiens: l’errance amoureuse, l’opposition entre la société et la nature, la folie humaine.

M LE MAUDIT

Terrence Malick commence une carrière cinématographique classique. Après La Balade sauvage, Les Moissons du ciel (1978), viennent confirmer son talent singulier. Prix de la mise en scène à Cannes en 1979, son deuxième long métrage est un cuisant échec financier mais l’installe dans un confortable habit d’auteur culte. Malgré les pertes financières, la Paramount lui offre un contrat en or pour mettre en scène n’importe quel projet. Malick envisage alors de modifier la donne à Hollywood. Déjà, sur le tournage des Moissons du ciel, son goût pour le travail sans script ni filet, son exigence pour traquer la lumière et son souci extrême du détail avaient allongé les délais de tournage et alourdi la note. Pour Q, le rêve d’un Dieu qui vit sous l’eau et imagine le monde, il consulte biologistes, paléontologues, astrophysiciens et désire prendre son temps. Le studio finit néanmoins par lui demander quelques comptes. L’artiste se braque et file à Paris conter fleurette. La parenthèse durera… dix-huit ans. Personne ne sait précisément ce qui s’est passé réellement pendant cette période-là. Une chose est sûre: Malick a peaufiné ses deux futurs bébés, La Ligne rouge et Le Nouveau Monde, tout en cherchant à adapter L’Intendant Sansho de Mizoguchi au théâtre.

PARANOID ALIENOID

"Je le vois comme quelqu’un qui compose des bouquets de fleurs", dit de lui John C. Reilly dans Vanity Fair. Terrence Malick, décrit à la fois comme un paranoïaque à la limite de l’autisme et un grand orateur, capable de parler pendant des heures des romans d’Henry David Thoreau, son romancier fétiche, ne respecte aucune règle. Sur le tournage de La Ligne rouge, il prenait régulièrement le large avec son chef opérateur pour filmer pendant des heures la nature et plus précisément les oiseaux. Aucun script n’avait été donné à l’avance aux acteurs, si bien qu’ils ne savaient pas s’ils figureraient ou non dans le montage final. Pour Le Nouveau monde, la légende rapporte qu’il a exigé le son précis émis par une espèce de perruche éteinte aujourd’hui. Ce souci du détail trouve son aboutissement dans ses longs métrages. Malgré une liberté narrative totale et un montage discontinu, jamais le spectateur ne peut douter de la véracité des personnages et des faits. Malick, selon Nick Nolte qui a travaillé pour lui sur La Ligne rouge, "ne veut pas gâcher le processus créatif, il place l’art au-dessus de la célébrité". Une attitude non médiatique toute à l’honneur de ce génial poète-philosophe, capable d'attirer les larmes par la simple puissance de sa mise en scène.

par Yannick Vély

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2005 Le Nouveau Monde 1998 La Ligne rouge 1978 Les Moissons du ciel 1973 La Balade sauvage

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