Renny Harlin

Renny Harlin
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Réalisateur

La Finlande n’est pas seulement l'un des plus gros producteurs de films X ou un berceau pour les meilleurs musiciens de métal. C’est aussi le pays de naissance de Renny Harlin, l'un des plus grand yes men d’Hollywood, qui sait aussi bien alterner les petits produits bien sympathiques que les grosses bouses quasi irregardables, après avoir été l'un des réalisateurs les plus en vue des années 90. Comme quoi tout n’est pas toujours bien défini dans la capitale mondiale du cinéma. Et Harlin en est presque la meilleure preuve.

L’HOMME QUI VENAIT DU FROID

Né le 15 Mars 1959 à Riihimäki en Finlande, le petit Renny se prédestine très vite à une carrière de réalisateur, comme en témoignent ses études de cinéma à l’université d’Helsinki. Une fois son diplôme en main, il s’empresse de faire ses premiers pas dans l’industrie en commençant par tourner diverses publicités ainsi que des films d’entreprise pour mieux se préparer à ce qui l’attend indubitablement: le grand écran. Et alors qu’il travaille pendant un certain temps comme "acheteur" pour un distributeur finlandais, il se lie d’amitié avec un certain Markus Selin. De cette camaraderie va découler l’écriture d’un script intitulé Arctic Heat, qui prend vite le chemin d’une production éclair lorsque Chuck Norris accepte le rôle principal - à l’époque, celui-ci est encore quelqu’un d’important. Mais, presque évidemment, le montage financier prend du temps et Norris se lasse du projet, préférant céder sa place à son fils Mike, alors jeune comédien karatéka ayant besoin de faire lui aussi ses preuves. Une réécriture de script (devenant par la même occasion Born American) et une petite aide financière américaine plus tard, le film sort sur un millier de copies aux USA et y remporte un joli succès. Ni une ni deux, le père Renny fait ses valises et part s’installer au chaud en Californie pour mieux continuer à travailler. Et c’est au contact du producteur Irwin Yablans qu’il obtient sa première commande: Prison, un film d’horreur à petit budget et petite distribution, qui obtient quand même son lot d’admirateurs chez les fans du genre. La même année la New Line lui offre la mise en scène du Cauchemar de Freddy, quatrième volet de la saga Krueger: non content d’y assurer une très bonne mise en scène, Harlin met sur les rails le film indépendant le plus rentable de l’histoire (à l’époque) et évidemment le plus gros succès de la série des Freddy. Comme quoi, certaines personnes naissent plutôt sous de bonnes étoiles.

HAIL FOR THE KING

Promu nouveau jeune talent plus que prometteur dans la sphère hollywoodienne, Harlin se voit alors confier non pas un mais deux projets par la Fox: Les Aventures Ford Fairlane et 58 Minutes pour vivre, fameuse séquelle du désormais culte Piège de cristal. Mais plutôt que de choisir l’un des deux, le grand Finlandais saisit les deux opportunités et mène de front les deux films. Résultat: si Ford Fairlane est aussitôt tombé dans l’oubli, Die Hard 2, qui n’est qu’un simple copié/collé du premier film contentant un public pas vraiment regardant, se paye le carton absolu, finissant avec 239 millions de dollars au compteur, soit presque le double de son prédécesseur. Les jeux sont faits, Harlin peut tout se permettre et tout le monde approuve ses choix. Et c’est ainsi qu’il signe en 1993 un très efficace actionner du nom de Cliffhanger avec un certain Sylvester Stallone pour tête d’affiche. Là encore le carton est assuré, et Harlin d’asseoir un peu mieux sa place au soleil, d’autant que le film récolte trois nominations techniques aux Oscars. C’est ainsi qu’il se retrouve engagé pour mettre en scène le troisième volet de la saga Alien. Mais des "divergences artistiques" lui font quitter le navire. Il est alors temps pour lui de mettre en chantier sa fresque costumée: L’Ile aux pirates. Doté d’un budget de plus de 100 millions de dollars et de la pleine confiance de ses producteurs, Harlin a carte blanche pour livrer le film qu’il désire et s’en donne à cœur joie. Malheureusement, plus fulgurante fut son ascension, plus dure sera sa chute. Car en cette année 1995, le film devient le plus gros gouffre financier de l’histoire d’Hollywood en ne rapportant même pas un dixième de sa mise de départ. Et puisque dans ce milieu, on tombe rarement seul, l’échec financier du film entraîne avec lui la fermeture du studio Carolco. Un gros coup dur qui en aurait fait flancher plus d’un. Mais dans son malheur, Harlin a au moins eu la chance de rencontrer celle qui fut sa femme pendant de nombreuses années, Geena Davis (une autre star déchue des 90’s). Et si on arrive encore à lui faire confiance pour lui confier la mise en scène d’Au revoir à jamais (d’après un scénario de Shane Black), son simple succès d’estime et le peu de bénéfices engrangés lui font peu à peu quitter la terre promise.

RENNY SANS FAMILLE

En 1998, alors qu’il est sans véritable projet fixe, Harlin est contacté par la Warner, qui se cherche un blockbuster pour l’été à venir. Et le voilà engagé dans la machine Peur bleue, plus connue sous son nom d’origine Deep Blue Sea. Pour beaucoup, ce film sonne le glas de sa carrière, mais force est de constater que, malgré un scénario parfois risible, Peur bleue est le premier film de requins qui ne fait jamais penser aux Dents de la mer. Quelque part c’est une véritable prouesse. De plus, le film arrive à suffisamment divertir, voire à surprendre, pour ne pas avoir à rougir de son rang de petite série B sans prétention. Puis vient l’affaire Driven. Son ancien partenaire de Cliffhanger, Sylvester Stallone, n’arrivant pas à concrétiser son fameux projet de Formule 1 qu’il traîne depuis des années, contacte le Finlandais, qui lui-même travaille sur un projet de course automobile, pour lui proposer de mélanger leurs deux histoires. Et soudain, c’est le drame. Même si visuellement le film possède de très fortes réussites, l’histoire tombe dans une improbabilité abyssale et continue de discréditer autant le comédien que le réalisateur. Le coup est dur et, pour Harlin, tout est encore une fois à refaire pour s’échapper du tourbillon maudit dans lequel il s’engouffre toujours un peu plus.

PASTILLE RENNY

Et ce n’est pas avec son horrible L’Exorciste, au commencement que les choses vont s’améliorer. Car Harlin est attaché au projet comme roue de secours d’un produit qui sent déjà le sapin alors qu’il n’est même pas fini de tourner. En effet, après que John Frankenheimer a quitté le poste de réalisateur - et décède quelque temps après - et que Paul Schrader est remercié de manière peu délicate, Harlin récupère le bébé et accouche d’une immondice irrécupérable. De là à parler de film maudit…Pourtant, sans doute à cause d’un effet de curiosité, le film rapporte quelques 80 millions de dollars dans le monde, ce qui n’est pas si mal pour un tel produit. Malheureusement pour lui, sa réalisation suivante, Profession profiler, s’embourbe dans une post-production interminable et se vautre lamentablement au box-office. Et avec son dernier rejeton, Le Pacte du sang, on a l’impression que le sort s’acharne quelque peu contre lui. Souhaitons-lui au moins qu’avec son prochain thriller, Cleaner, avec Samuel L. Jackson et Ed Harris, il réussisse à se remettre sur les rails du succès, qu’il ne démérite pas forcément. Car malgré tout ce que l’on puisse dire sur lui, Harlin reste un très bon faiseur: ses images sont presque toujours percutantes et il possède un véritable sens du rythme. Mais comme sa personnalité reste assez malléable, aucun réel style ne découle de ses films, si ce n’est celui de l’efficacité.

par Christophe Chenallet

En savoir plus

2006 Le Pacte du sang 2004 L'Exorciste, au commencement 2004 Profession profiler 2001 Driven 1999 Peur bleue 1996 Au revoir à jamais 1995 L'Île aux pirates 1993 Cliffhanger, traque au sommet 1990 58 Minutes pour vivre 1988 Le Cauchemar de Freddy 1988 Prison

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