Neve Campbell

Il a suffi d’un rôle emblématique des années 90, pour propulser Neve Campbell au pinacle de la célébrité. Reprenant les ficelles éprouvées de la victime éplorée, le scénariste Kevin Williamson lui a offert avec Scream le rôle de sa vie. Ce serait compter sans les nombreuses autres faces de sa carrière, depuis le National Ballet of Canada jusqu’à la série qui la révéla au grand public: La Vie à cinq.

CAMPBELL SOUP

A peine trentenaire, Neve Campbell vient de s’offrir un vieux rêve en forme de film, avec l’aide d’un Robert Altman toujours jeune. Company, un retour aux sources, le rapprochement avec ses premières amours: la danse. Les plateaux hollywoodiens et l’éloignement de son Canada natal n’ont pas réussi à lui faire oublier qu’à l’âge de six ans, après que son père l’ait emmené voir Casse-noisette, elle décida de se spécialiser dans le pas de deux. A neuf ans, elle entrait à l’école du ballet national canadien et devenait une danseuse accomplie qu’un destin aussi cruel qu’impitoyable devait arracher de cette voie. La compétition entre danseurs, le stress et les blessures multiples la découragèrent. A quinze ans, elle fit une dépression nerveuse et abandonna la cause de la ballerine. Après une courte et décevante carrière de mannequin, elle se tourna vers le noble art de la comédie. Quelques publicités plus tard, elle fit ses débuts sur une scène de théâtre en jouant Le Fantôme de l’opéra puis déménagea à Hollywood alors qu’elle avait à peine dix-sept ans. Elle ne désirait rien d’autre que de se consacrer à sa nouvelle passion: le cinéma. Le long apprentissage des rouages du microcosme hollywoodien commence; rôles secondaires, apparitions non créditées, séries télé, films mineurs et téléfilms. A l’ouest rien de nouveau. Puis à l’âge de 21 ans, elle décroche l’un des rôles principaux de la série La Vie à cinq, l’histoire d’une famille de cinq enfants privés de leurs parents et contraints de s’assumer seuls. Le succès est immédiat et révèle Neve Campbell, ainsi qu’une certaine Jennifer Love Hewitt. La série connaît six saisons et s’arrêtera en 2000 après avoir gagné plusieurs prix dont le Golden Globe de la meilleure série dramatique en 1996.

SHE’S A DRAMA QUEEN

Belle au visage adolescent, c’est tout naturellement que lors des rares pauses que la série lui accorde, elle joue dans des films destinés à un public lycéen. On la repère dans Dangereuse Alliance une comédie de fille où, avec ses copines, elle s’essaie à la magie noire. La vraie révélation viendra en 1996 avec son rôle suivant puisque Wes Craven l’engage pour jouer Sidney Prescott dans son Scream. Drew Barrymore s’est, elle, désistée en raison d’un planning trop chargé – elle optera pour le rôle de la scène d’introduction, mineur certes mais marquant. Neve Campbell est désormais une star, symbole de l’adolescence de la seconde moitié des années 90, et son visage particulier s’étale sur les posters. La suite de Scream sort l’année suivante avec un succès égal et la trilogie est close en 2000 avec un troisième volet où son rôle est réduit à la portion congrue en raison d’une close dans son contrat stipulant qu’elle n’aurait que vingt jours de tournage. Désirant ne pas s’enfermer dans un même rôle, elle joue pourtant dans un autre thriller adolescent: Sex Crimes réalisé par John McNaughton, l’auteur de Henry: Portrait of a Serial Killer. Le rôle est plus sexué que par le passé et elle apparaît nue dans les bras d’une Denise Richards plus bimbo que jamais. Suivirent une incursion dans la comédie avec Matthew Perry (un autre comédien issu de Friends à l’instar de Courtney Cox) dans Un de trop. Elle joue ensuite aux côtés de Ryan Phillipe, Salma Hayek et Mike Myers dans le drame sur le célèbre club éponyme new-yorkais des années 70: le 54. Désireuse de se réconcilier avec son âme enfantine, elle écrit, interprète et produit elle-même Company, retraçant une année au sein d’un corps de ballet américain. Réaliste, presque documentaire, le film fait voler en éclat les clichés qui sclérosent l’univers de la danse. Neve Campbell vient en un seul film de s’imposer comme une vraie artiste, sensible et passionnée.