Scream 4
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États-Unis, 2010
De Wes Craven
Scénario : Kevin Williamson
Avec : David Arquette, Neve Campbell, Courteney Cox
Photo : Peter Deming
Musique : Marco Beltrami
Sortie : 13/04/2011
10 ans se sont écoulés depuis les terribles meurtres commis par Ghostface. Sidney Prescott est parvenue à tourner la page mais c’est tout de même avec appréhension qu’elle retourne à Woodsboro pour le lancement de son premier roman. Ses retrouvailles avec sa cousine Jill ainsi qu’avec le duo de choc Dewey et Gale seront de courtes durées : Ghostface est de retour mais cette fois-ci les règles vont changer.
LE COUTEAU DANS L'EAU
En 1996, Scream avait su revitaliser un genre en associant le savoir-faire d'un vieux de la vieille derrière la caméra à l'écriture ironique d'un jeune premier, tous deux accouchant d'un film à la fois flippant et amusant, mais surtout intelligent dans son recul vis-à-vis des codes du slasher. Ensemble, Wes Craven et Kevin Williamson avaient poussé plus loin la réflexion et la mise en abyme dès l'année suivante avec une suite de haute volée métafilmique absolument jouissive. Remplaçant Williamson par le tâcheron Ehren Kruger (Piège fatal, Impostor, La Porte des secrets), le troisième volet se vautrait dans une pâle copie dénuée d'idée - si ce n'est celle de situer le film à Hollywood, croyant continuer sur la lancée consciente d'elle-même de la franchise - et se bornant vulgairement au cahier des charges de la suite à surenchère (plus de blagues, plus de sang). Quinze ans plus tard, Williamson revient et le duo nous promet de "nouvelles règles" pour une "nouvelle décennie". La question était surtout de savoir comment la saga allait pouvoir transcender tous ses ersatz sortis depuis - dans lesquels figure au moins un personnage évoquant "les règles du film d'horreur" - ainsi que la série des Scary Movie qui ont depuis longtemps galvaudé l'original et son costume si mémorable. La réponse : elle n'y arrive pas.
Le prologue, certes amusant, semble d'ailleurs tout droit sorti d'une parodie. Désireux de se surpasser en matière de réflexivité et de "film dans le film", le tandem en fait mille fois trop et n'exploite pas réellement les nouveaux codes du cinéma d'horreur. Si les dialogues de Williamson sont meilleurs que ceux de Kruger, ils souffrent un peu du même essoufflement. On cite le torture porn (la licence Saw) et on flirte avec les faux found footage (Le Projet Blair Witch, REC, Paranormal Activity) mais les "nouvelles règles" tant vantées restent celles des bons vieux slashers, sans valeur ajoutée, sans nouveau point de vue. La principale idée réside dans la notion des remakes et des reboots qui se traduit à l'écrit par une volonté de revisiter les meurtres et machinations du premier film, mais à l'écran, on ne voit que redondances et répétitions. Tout ce que les auteurs avaient à dire et à montrer sur ce genre de ré-interprétation et de mise en abîme était déjà présent dans Scream 2. Du coup, ils tombent ici dans le piège qu'ils pensent dénoncer en refaisant le même film, en moins bien. Les exécutions ne sont que rarement inventives et même le whodunit est à moitié prévisible. Et le peu de surprise que réserve la fin est souillé par un manque de couilles déplorable. Plutôt que d'assumer leurs idées du dernier acte, allant jusqu'au bout pour donner naissance à une nouvelle trilogie au point de départ intéressant, le cinéaste et son scénariste font immédiatement machine arrière, pour se rabattre sur un classicisme ridicule. Lorsqu'on apprend qu'Ehren Kruger est venu effectuer quelques réécritures après que Williamson a livré son manuscrit, on n'est pas étonné. Nouvelle décennie, mêmes erreurs.
