Reefer Madness

Reefer Madness
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Reefer Madness
Allemagne, 2006
De Andy Fickman
Scénario : Kevin Murphy, Dan Studney
Avec : Kristen Bell, Christian Campbell, Neve Campbell, Ana Casteyer, Alan Cumming, John Kassir
Musique : David Manning, Nathan Wang
Durée : 1h49
Sortie : 01/03/2006
Note FilmDeCulte : *****-
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1936. Dans une petite ville des Etats-Unis, des parents d’élèves sont sous le choc à la vision d’un documentaire sur les méfaits d’une nouvelle drogue au nom imprononçable: la marijuana…

TURNING ALL OUR CHILDREN INTO HOOLIGANS AND WHORES

Petite bombe calibrée pour la télévision, Reefer Madness grignote du terrain, s’attaque au grand écran et gagne de jour en jour de nouvelles salles indépendantes sur le territoire français. Curiosité culottée, le film traîne dans son sillage une petite poignée d’adeptes depuis les festivals de Sundance et de Deauville où il a remporté le prix du public. Au départ, une idée de génie: parodier sous forme de comédie musicale le célèbre film de propagande anti-marijuana du même nom, qui fit son effet sur tous les écrans américains en 1936. Créé dans un premier temps pour la scène à Los Angeles, cette satire musicale a rapidement séduit les foules, engendrant autour de ses représentations un phénomène proche de celui du Rocky Horror Picture Show. Attirant un public endiablé qui arrive aux représentations déguisé et chante les chansons à tue-tête en même temps que le cast, la machine s’est vite mise en route, traversant le pays pour se produire dans la capitale du genre: Broadway. L’idée de transposer le tout en film a pointé le bout du nez en 2002 au service divertissement de Showtime Networks. Les chansons sont réorchestrées et accompagnées de nouvelles chorégraphies (seize au total), interprétées par une trentaine de danseurs / chanteurs et avoisinant toutes une moyenne de cinq minutes, du jamais vu pour un simple téléfilm musical.

FUN WITH JESUS AND JEANNE

Ainsi s’ajoute à l’idée judicieuse à la base du projet une audace remarquable qui se vautre avec délectation dans la démesure et l’outrance aussi bien par sa forme que son fond. Noir et blanc lisse pour les parents sages ancrés dans la réalité de la fin des années 30, qui ne voient dans leurs enfants que de jolies têtes blondes figées sur papier glacé. Couleurs kitch et paillettes pour les extrapolations de propagande qui se transforment au fil du métrage de conte de fée culcul en gore flamboyant. Le swing sympa à la sortie du lycée devient jazz endiablé et sulfureux dans un café enfumé, danses tribales, incantations vaudou. Les jolis cœurs adeptes du langage châtié de Shakespeare deviennent des psychopathes, nymphomanes, zombies, tueurs sanguinaires. Reefer Madness joue sur les codes des genres cinématographiques qu’il convoque pour mieux cerner son sujet. Avec ses gros ongles sanguinolents et des paroles finement travaillées, il écorche, gratte, titille allégrement tout ce que l’on peut imaginer de bonne morale et de convictions avec en ligne de mire la désinformation du public par les médias et les pouvoirs en place. Englué dans la spirale infernale de la marijuana, le jeune Jimmy se voit ballotté entre la déesse du chanvre, Jésus, Satan, Oncle Sam et Roosevelt sous les regards attentifs de Jeanne D’Arc et Miss Liberty.

WE’RE HAPPY, YOUNG AND BUBBLING WITH LOVE

Pour habiter cette orgie démoniaque euphorisante, une poignée d’acteurs aux multiples visages. Un cast au poil qui, à l’image de l’ensemble du film, ose la surenchère en jouant sur les clichés. En tête, Christian Campbell (frère de Neve, qui campe également un petit rôle dans le film) interprète avec maestria le personnage double de Jimmy Harper qu’il avait créé en 1997 pour la scène, à Los Angeles. Côté pile Jimmy est un garçon un brin timide et falot, propre sur lui en pull jacquard et chaussettes blanches. Côté face, il est un Apollon indomptable prompt à faire chavirer le cœur de la moindre pucelle. A ses côtés, sa Juliette, répondant au nom parfait Mary Lane (Kristen Bell, qui avait repris le rôle pour Broadway), n’a de cesse de jouer les ingénues rose bonbon aux grands yeux effarouchés qui lanceront des regards lubriques en cours de métrage. Pour conter leur histoire, l’excellent Alan Cumming. Changeant à chaque scène de costume et de visage, il sert de fil conducteur à cette intrigue et de lien entre le noir et blanc et la couleur. Si tout cet ensemble se regarde avec la plus grande délectation, on notera de temps en temps quelques longueurs dues à l’accumulation des scènes musicales, qui n’en restent, cependant, pas moins remarquables.

par Julie Anterrieu

En savoir plus

Où aller voir Reefer Madness

- Angers, Les 400 Coups - Auch, Ciné 32 Lafayette - Brest, Les Studios - Caen, Lux - Le Mans, Les Cinéastes - Limoges, Lido - Lyon, CNP Terreaux - Metz, Cameo Ariel - Montpellier, Diagonal Capitole - Nogaro, Cinéma Le Clan - Paris, Studio Galande - Toulouse, ABC - Tours, Studio - Valence, Le Navire

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