Scream

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Scream
États-Unis, 1996
De Wes Craven
Scénario : Kevin Williamson
Avec : David Arquette, Neve Campbell, Courteney Cox, Jamie Foxx, Matthew Lillard, Skeet Ulrich
Photo : Mark Irwin
Musique : Marco Beltrami
Durée : 1h51
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Casey Becker, une belle adolescente, est seule dans la maison familiale. Elle s'apprête à regarder un film d'horreur, mais le téléphone sonne. Au bout du fil, un serial killer la malmène, et la force à jouer à un jeu terrible : si elle répond mal à ses questions portant sur les films d'horreur, celui-ci tuera son copain...

Faisons tout de suite la différence entre film d'horreur et slasher: un film d'horreur c'est par exemple Poltergeist ou Candyman, un slasher est un film où de jeunes gens se font tuer un par un. Généralisation assez simpliste mais efficace. Scream est un slasher, et il le demeure même à travers son aspect satirique et ironique, et c'est d'ailleurs ainsi qu'il manifeste son génie.

Kevin Williamson était un cinéphile et surtout un grand amateur de slashers, son talent a peut-être été surestimé aux yeux de certains, mais si une chose est sûre c'est que son travail sur le film qui a tout lancé était réellement talentueux. Williamson ne s'est pas juste dit "Hé, pourquoi ne pas bourrer mon film de références juste histoire de montrer un second degré", il s'est à l'évidence interrogé sur le genre, ses codes, ses défauts, et il s'en est servi pour écrire un film qui réussirait à paraître crédible dans le cinéma d'aujourd'hui. Scream est donc un film où les personnages ne sont pas forcément des cinéphiles mais juste des spectateurs moins crédules qu'avant, et cela fait donc d'eux des personnages moins stupides que ceux des précédents slashers. Car avant d'être les protagonistes d'un film, ils sont une énième représentation des archétypes du slasher: Scream ne dénonce pas les slashers mais le révolutionne en se jouant des "règles" établies. On a donc droit à la jeune héroïne prude, à sa meilleure amie blonde et dotée d'appendices mammaires en excès. D'ailleurs l'interprète de ce rôle, Rose McGowan, est en réalité brune et possède des seins bien moins spectaculaires, ce qui se traduit dans le film par d'apparents postiches (une teinture/perruque blonde et au niveau de la poitrine, du rembourrage voyant agrémenté de deux tétons qui pointent notamment dans une scène, celle où ce personnage meurt).

Scream est avant tout un slasher, il ne cherche pas à se démarquer, juste à recycler de façon intelligente les constantes du genre. Williamson en fait un vrai film, et ainsi il transforme le refus du sexe de l'héroïne en un trauma le justifiant: sa mère, qu'elle refuse encore de voir comme une femme facile, s'est fait tuée par un amant. Mais on découvre ensuite que ce n'est pas cet amant qui l'a tuée, et juste après que Sidney l'a appris, elle s'adonne enfin aux plaisirs de la chair. On rejoint ensuite les règles que nous présente le personnage de Randy (personnification diégétique de Williamson lui-même): pas de sexe, pas d'alcool ou de drogues, et ne jamais dire "je reviens tout de suite". Or Sidney se fait dépuceler mais elle survit, ce n'est que l'exemple évident du jeu auquel s'adonne Williamson avec les règles. Le reste du temps, cela se manifeste par cette relation entre le personnage et le spectateur en lui-même, créant un parallèle entre fiction et réalité, là où le scénariste se dit "comment écrire un slasher où les victimes connaissent les règles du genre?", les producteurs se disent "comment faire un slasher pour des spectateurs qui connaissent les règles du genre?". Et par ailleurs, Williamson crée une mise en abyme (le film dans le film) qui sera bien plus exploitée dans le second volet.

Dans le premier, Sidney disait en déconnant que si un film devait se faire sur ses mésaventures, elle serait probablement incarnée à l'écran par Tori Spelling (Beverly Hills). Dans Scream 2, le film s'ouvre sur l'avant-première de Stab, film inspiré des événements du premier, dans lequel Sidney Prescott est incarnée par Tori Spelling. La mise en abyme bat son plein. Stab est d'ailleurs non seulement un véritable remake de Scream, il EST Scream dans la mesure où il est presque une parodie du film original et donc du genre tout entier, on rit d'ailleurs de voir à quel point les événements du premier (censé être "vrais" pour nous) sont romancés, ou plutôt "hollywoodisés" dans Stab [je ne sais pas si tout ça est très clair]. Stab est l'aboutissement de l'intention de Williamson sur Scream, c'est le même film mais poussé à outrance, une version à laquelle on aurait ôté toute subtilité.

Scream 2 a été dénigré par beaucoup, peut-être à cause de quelques maladresses qui rapprochent justement le film de son alter ego diégétique, Stab, comme notamment le dénouement, peut-être trop directement référentiel (et donc un peu trop parodique). Mais il ne s'agit là que de la prolongation du postulat de départ: jouer avec les stéréotypes du genre en les incluant directement dans le film lui-même. Scream 2 se permet donc d'aller encore plus loin, en jouant également avec le premier opus (exemple le plus flagrant: Stab). J'oublie volontairement le troisième volet qu'une bonne majorité des spectateurs considère à juste titre comme une bouse infâme. Il s'agit d'un sous-Stab, simple produit qui se range aux côtés des autres successeurs daubesques de Scream comme Souviens-toi... l'été dernier ou Urban Legend. Je préfère limiter la franchise Scream à ce diptyque qui fonctionne parfaitement tout seul, sans cette suite que je qualifierai d'indigne.

par Robert Hospyan

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