Michael Mann

Michael Mann
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Réalisateur, Scénario, Photo, Producteur
États-Unis

Michael Mann est né en 1943 à Chicago, en Illinois. Il grandit dans la banlieue du "Patch", l’un des quartiers les plus difficiles de la ville. Mann se souvient de cette époque: "Une douzaine d’enfants seulement, sur les 365 élèves que comptaient l’école, suivaient régulièrement les cours. J’en faisais partie". Il se spécifie dans la littérature anglaise et découvre The Joyless Street, film méconnu et pourtant œuvre phare du cinéma muet, réalisé en 1925 par Georg Wilhelm Pabst, qui déclenchera chez lui une véritable vocation. Après des études à l’Université du Wisconsin, et jugeant les écoles de cinéma américaines trop éloignées de sa sensibilité, il se rend en Angleterre pour suivre les cours de la London International Film School. Cette formation lui permet dès 1965, après être resté six ans de plus à Londres et y avoir fondé sa propre maison de production, de faire ses débuts dans la publicité. Mais le milieu ne le passionne pas, et il décide d’utiliser le peu d’argent gagné pour tourner des documentaires. C’est à Paris, en plein mois de mai 68, qu’il trouve à l’improviste le sujet de son documentaire Insurrection. C’est encore en France, à Cannes, qu’il est enfin remarqué, son second documentaire, intitulé Janpuri, obtenant même le Prix du Jury au Festival.

PETIT ECRAN DEVIENDRA GRAND

Pourtant, tout s’enchaîne mal. Michael Mann arrive difficilement à vivre de son métier et divorce de sa première femme, avant de rentrer aux Etats-Unis. De retour à Los Angeles, il démarche pendant près d’un an les chaînes de télévision et les studios de cinéma, clamant un peu partout qu’il serait capable d’écrire des scénarios et de les tourner en moins de trente jours. Sans succès. Il est alors contraint de tourner un troisième documentaire, alimentaire cette fois, intitulé Seventeen Days Down the Line, pour la chaîne ABC. Un travail de bas étage qui le décourage définitivement. Il a abandonné l’idée de faire du cinéma depuis quelques semaines lorsqu’il rencontre Robert Lewin, scénariste sur diverses séries américaines comme Rawhide, Mission: Impossible ou encore Le Fugitif. Lewin lui fait confiance et l’aide à écrire les quatre premiers épisodes de Starsky et Hutch. La série devient le grand succès public que l’on connaît. Vient ensuite l’écriture de cinq épisodes de Police Story, que Michael Mann décrit comme étant la "Rolls-Royce des séries de télévision". Il crée rapidement sa propre série intitulée Vega$, avec Robert Urich dans la peau d’un détective, et confie la réalisation à Richard Lang (réalisateur par la suite d’épisodes de Beverly Hills ou encore de Melrose Place). Mais les deux hommes ont un désaccord artistique et Mann quitte la série prématurément.

KEEP TRYING

C’est seulement en 1978 que Michael Mann passe à la réalisation avec le téléfilm The Jericho Mile (Comme un homme libre). Il impose à ABC sa volonté de réaliser lui-même, sous menace d’abandonner l’écriture des séries en cours. La chaîne accepte, et il reçoit pour son téléfilm un Emmy Award, ainsi que le très convoité Prix du Meilleur Réalisateur de Télévision de l’Année, décerné par la Director’s Guild of America (ndr: un organisme très puissant aux Etats-Unis, qui réunit tous les réalisateurs de télévision, de documentaire, de théâtre et de cinéma). Il s’agit d’une œuvre de fiction mise en scène dans un style documentaire (l’action se déroule en prison et les détenus participent au tournage), Mann reconnaissant être un grand admirateur du cinéma des années 70 de William Friedkin (qui a débuté à la télévision lui aussi), et tout particulièrement French Connection. Il ne passe à la réalisation de son premier long-métrage qu’en 1981 avec Thief (Le Solitaire), sélectionné au Festival de Cannes. L’échec public et critique de son second film, intitulé The Keep (La Forteresse noire), cumulé aux innombrables clashs survenus durant le tournage, l’obligent cependant à revenir à la télévision. Beaucoup pensent que sa carrière est terminée, mais Michael Mann accède très vite et contre toute attente à une célébrité internationale en créant et produisant la série Miami Vice (Deux flics à Miami).

LE DERNIER CINEASTE

La série bouleverse la télévision et devient un phénomène culturel mondial. La photographie, les costumes, le montage, le son et la musique forment un nouveau cocktail explosif. Plusieurs cinéastes tenteront l’aventure, parmi lesquels Abel Ferrara (Bad Lieutenant), Rob Cohen (Cœur de dragon, Fast and Furious) ou Paul Michael Glaser (Running Man), et la chaîne MTV s’en inspirera largement pour sa mise en images. Mann retourne au cinéma en 1986 avec un troisième film noir intitulé Manhunter (Le Sixième Sens), premier volet de la trilogie en devenir de Thomas Harris (Le Silence des agneaux, Hannibal), et original revisité en 2002 par Brett Ratner (qui reprit le titre du livre, Dragon Rouge). Par la suite, il abandonne définitivement la télévision au profit du grand écran. Côté vie privée, il se marie en 1995 à l’actrice Diane Venora (Heat, Révélations).

INFLUENCES

Le statut de Michael Mann est particulier à Hollywood: ses œuvres sont appréciées par la critique et le public, sans pour autant rencontrer un succès systématique. Sa réputation d’intransigeance semble réellement justifiée: il n’hésite pas à s’opposer avec fermeté aux représentants des grands studios, aux syndicats (ils n’aiment pas que Mann cumule les postes: scénariste, producteur, réalisateur, opérateur), ou à exiger de son équipe qu’elle enchaîne des journées de seize heures de travail. Mais si Michael Mann est consciencieux, il sait également prendre son temps. En vingt ans, il n’a tourné que sept longs-métrages pour le cinéma. Publiée récemment, voici, à titre purement informatif, la liste de ses dix films préférés, qui offre très certainement l’une des meilleures approches pour saisir l’essence de son cinéma: Apocalypse Now (Coppola), Le Cuirassé Potemkine (Eisenstein), Citizen Kane (Welles), Dr. Folamour (Kubrick), Faust (Murnau), L’Année dernière à Marienbad (Resnais), La Poursuite infernale (Ford), La Passion de Jeanne d’Arc (Dreyer), Raging Bull (Martin Scorsese) et La Horde sauvage (Peckinpah).

par Yannick Vély

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