Hilary Swank

Le 27 février dernier, au Kodak Theater de Los Angeles, Hilary Swank rejoint le cercle très fermé des femmes ayant reçu deux fois l’Oscar de la meilleure actrice. Son nom figure désormais aux côtés de ceux de Vivien Leigh ou Jodie Foster. Pourtant, ils étaient probablement bien peu à donner cher de sa peau lorsque la jeune fille minaudait dans des séries TV ou s’agitait dans des séries Z de karaté.

LA MAUVAISE EDUCATION

Milieu des années 90 - Hilary Swank a la vingtaine, vient de nulle part et se noie dans le miroir aux alouettes d’Hollywood. Virée de la série Beverly Hills, un CV comprenant des rôles dans Buffy, tueuse de vampires (version ciné) ou Miss Karaté Kid avec Pat Morita, et pas vraiment de quoi pavoiser. Mais si personne ne veut d’elle, peut-être voudra-t-on bien de lui: dans Boys don’t Cry, minuscule production indépendante réalisée par la débutante Kimberly Peirce, elle est Teena Brandon, ou Brandon Teena, une fille du Nebraska se faisant passer pour un garçon. Tirée d’un fait divers tragique, son histoire fait sortir Swank de l’ombre, dans une performance pour laquelle la comédienne s’est entraînée un mois durant, vivant elle aussi comme un homme. Un rôle naturellement destiné à l’actrice qui, dès son enfance, jouait plutôt celui de Mowgli dans des adaptations enfantines du Livre de la jungle. Et comme une étiquette qui vient se poser sur sa tête, d’une Hilary tapant du poing dans Miss Karaté Kid à celle qui, cette année, illumine Million Dollar Baby, poursuivant une filmo en milieu viril, là où les jeunes filles doivent se transcender pour faire entendre leur voix.

UNE VRAIE JEUNE FILLE

Outre les rêves d’Icare en jupons réversibles (du pur travestissement à la plongée dans le vestiaire des garçons), Swank trouve ici ou là ses premiers rôles dits de fille à fanfreluches romanesques. L’Affaire du collier, film historique, fait suite à sa razzia de prix pour Boys don’t Cry, et se révèle être un bide retentissant. Coup de foudre à Manhattan, qui lui était destiné, échoit finalement à Jennifer Lopez. Entre temps, la comédienne aura trouvé un petit rôle chevelu dans le ludique Intuitions de Sam Raimi, et sera surtout dirigée par Christopher Nolan dans le crépusculaire Insomnia. Dans le rôle d’une flic, elle forme avec Al Pacino un couple qui vole la vedette à celui de l’affiche, associant ce dernier à Robin Williams. Et s’il lui faut manger encore un peu de vache enragée avec des prétendus blockbusters où elle ne trouve pas sa place (le film catastrophe Fusion), Hilary Swank se voit récompensée chez Clint Eastwood. Crève-cœur d’un film bouleversant, son incarnation de boxeuse lui vaut une nouvelle fois tous les superlatifs. Désormais l’une des valeurs les plus hot du moment à Hollywood, Swank voit son nom ajouté au casting du sur-attendu Dahlia noir, que doit réaliser le maître Brian de Palma, avant que la comédienne ne tourne un film fantastique sous la direction de James Cox (The Reaping).