Le Magicien d’Oz

Le Magicien d’Oz
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Dorothy est une toute jeune fille qui se morfond chez son oncle et sa tante au cœur du Kansas. Elle voudrait partir loin, très loin, par-delà l’arc-en-ciel… C’est alors qu’une tornade emporte la maison. Dorothy se retrouve dans un monde inconnu, peuplé de nains, de sorcières et d’autres créatures fantastiques. Pour rentrer chez elle, il lui faut rencontrer le magicien d’Oz…

DE L’ART AVANT TOUTE CHOSE

L’ouvrage de L. Frank Baum était d’emblée du cousu main pour être adapté sur grand écran. C'est à Louis B. Mayer que l'on doit la décision de faire de ce classique populaire de la littérature enfantine, une superproduction calquée sur le succès de Blanche-Neige et les sept nains. Pour cela, il engage la fine fleur de ses techniciens. L’ensemble est chapeauté par Mervyn LeRoy à la production et Richard Thorpe derrière la caméra. Le rôle de Dorothy, après avoir été refusé à Shirley Temple, est confié à la jeune Judy Garland. Le tournage débute, mais de nombreux incidents émaillent les journées. Tantôt la méchante sorcière de l’Ouest est brûlée au deuxième degré à cause d’une interaction entre des fumées toxiques et son maquillage à base de cuivre, tantôt l’homme de fer se trouve asphyxié par la dispersion de poudre d’aluminium qui recouvre son visage, alors que certains des nains engagés pour jouer les Munchkins sèment la zizanie sur le plateau et dans les bars d’Hollywood (mais pas autant que la légende le prétend). Après quinze jours de tournage, Leroy est insatisfait des rushes et retire Thorpe du projet. Cukor s’empare des rênes et effectue sans tarder des changements décisifs sur l’esthétique globale qui donneront sa patine particulière au Magicien d’Oz, peu avant que David O.Selznick le somme de rejoindre les plateaux d’Autant en emporte le Vent. Décapité, le film retrouve un papa aimant en la personne de Victor Fleming, fan du livre et dont la vision correspond en tous points à celle de LeRoy. Le résultat est sans appel, le film est immédiatement considéré comme un chef-d’œuvre grâce à ses mélodies entraînantes, ses décors enchanteurs, son Technicolor de toute beauté et une interprétation parfaite.

OVER THE RAINBOW

Mais Le Magicien d’Oz n’est pas qu’un bel objet qui brille de mille couleurs. L’histoire de cette petite fille qui s’ennuie dans sa ferme et voudrait s’évader, est caractéristique de ce qu’on peut attendre du rêve américain. Loin des plaines sinistres et d’une intégration sociale inexistante, le pays d’Oz est un fantasme idéal, un but vers lequel il faut tendre. En cela, la Cité d’Emeraude et ses hauteurs élancées, où réside celui qui peut réaliser vos souhaits, est comme un New York féerique, une terre d’accueil où les vagabonds et les expatriés peuvent trouver le salut — une sorte d’Ellis Island transfigurée. A l’homme de fer, il manque un cœur; à l’épouvantail, il manque une cervelle; au lion peureux, il manque le courage; et à Dorothy, il manque le passeport qui lui permettra de rentrer chez elle. Ce parcours initiatique, ces rencontres insolites qui parsèment son chemin sont autant d’étapes à franchir pour retrouver un foyer après le voyage dans l’inconnu. La morale du film est explicite : "There’s no place like home". Mais, au bout du compte, l’aventure n’a jamais existé, pas de tornade furieuse, pas de pays imaginaire, de sorcière verte ou de souliers de rubis. Dorothy s‘est simplement endormie, cependant son imagination a prouvé qu’il suffit d’espérer pour que les désirs se réalisent. Message certes naïf et illusoire, mais en totale adéquation avec l’usine à rêves. Trois joyaux brilleront éternellement sur la couronne d’Hollywood, chacun pour un genre clef: Autant en emporte le Vent, Casablanca et Le Magicien d’Oz. Aboutissement parfait du savoir-faire des studios, ce dernier film, en plus d’être une comédie musicale délicieuse comme un bonbon acidulé, est avant tout le plus beau des songes jamais faits au cinéma.

par Yannick Vély

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