Judy Garland
Quel destin plus tourmenté que celui de Judy Garland? Celle qui connut toutes les chimères et désillusions de l’usine à rêves, d’enfant star à actrice déchue, est par-dessus tout le symbole flamboyant de toutes les victimes malgré elles du star-system instauré par les studios. UNE BABY STAR EST NÉE Judy naît Frances Ethel Gumm à Great Rapids, dans le Minnesota en 1922. Sorte de famille Tant-Mieux, papa, maman et les trois filles vouent une passion sans borne à la scène et jouent presque quotidiennement devant un public d’aficionados. Le trio des "Gumm Sisters", que Judy forme avec ses deux sœurs, devient une curiosité locale quand la famille déménage en Californie. Une agence de jeunes talents du show-biz prend alors la troupe sous son aile. Les premiers cachets substantiels se profilent jusqu’en 1934 et ce show décisif à l’Exposition Universelle de Chicago, où un agent repère le potentiel de Frances et la fait renaître en Judy Garland, pseudonyme plus starisant. L’arrivée à Hollywood se fait discrète mais, toute en dents de lait, Judy charme Louis B. Mayer, ponte absolu de la MGM, qui la fait signer — avant néanmoins de la prêter à la Fox (une pratique comme une autre à l’époque) pour Pigskin Parade en 1936, dans lequel elle triomphe. Immédiatement, la firme au lion l’engage aux côtés du jeune Mickey Rooney, pour ce qui deviendra la série culte des Andy Hardy, avant de lui offrir le rôle de Dorothy Gale dans l’adaptation du Magicien d’Oz (1939). Popularité nationale et gloire hollywoodienne fleurissent et propulsent Judy au firmament des stars, au point qu’un Oscar spécial lui est attribué la même année. Fleurant le pactole, l’insidieux Mayer décide de cantonner la nouvelle égérie au registre de jeune innocente pendant quelques années. Il lui fait subir un rythme effréné de tournages et apparitions publiques dans diverses manifestations, pour lesquelles il l’incite à prendre des amphétamines afin de garder la forme en toutes circonstances. UNE FEMME SOUS INFLUENCE Le gigantisme des studios n’empêche pas les rencontres, et Judy croise à maintes reprises le réalisateur Vincente Minnelli, autre valeur sûre de la MGM et génie de la comédie musicale. Le tournage du Chant du Missouri (1944) précède d’un an leur mariage et une collaboration qui voit naître successivement The Clock (1945), Ziegfeld follies (1946) et Le Pirate (1948). Carrière au top, vie sentimentale épanouie: Judy semble tout avoir pour être heureuse. Mais le système la brise peu à peu, sans qu’elle puisse faire marche arrière. Depuis quelques années, elle ajoute des barbituriques pour amoindrir les effets des amphétamines, qui l’éloignent de tout sommeil. Ce yo-yo permanent, en plus d’occasionner de fortes variations de poids, visibles par exemple dans Summer stock, influe sur son comportement social. Elle devient hystérique pour un rien, mythomane, parano… Elle en vient à soupçonner, à raison, que Mayer veut la vampiriser pour l’argent. Cet enfer aboutit à une tentative de suicide en 1950. Peu après sa convalescence, elle se fait licencier par l’impitoyable MGM. Dans le même temps, sa relation avec Minnelli sombre et s’achève par un divorce. Seule, au chômage, retombée de plus belle dans les paradis artificiels, elle débute une carrière de chanteuse à Londres et New York, qui se révèle être un énorme succès. Forte de ce vrai come-back comme on n’en fait plus, elle revient à Hollywood et se voit offrir une chance, le remake d’Une étoile est née réalisé par Cukor et produit par son second mari Sidney Luft. Elle y offre sa plus belle performance et tout le monde lui prédit l’Oscar. Mais la malédiction continue, c’est la fraîche sensation Grace Kelly qui gagne pour Une Fille de Province
DESCENTE AUX ENFERS
Incapable de se remettre de cet échec, Judy perd toute confiance en elle et se réfugie dans l’alcool. Le cinéma n’est alors plus sa priorité et le reste des années 50 la tient éloignée des plateaux. Elle se concentre désormais sur des tours de chant produits par Luft, qui rassemblent des foules enthousiastes comme en 1960 au Carnegie Hall, à New York, qui résonne après coup comme un chant du cygne. Ce show triomphal lui fait remporter cinq Grammys et surtout un énième retour à Hollywood pour l’excellent Jugement à Nuremberg. Elle démarre alors, en 1963, The Judy Garland Show sur le petit écran. Mais, du fait de la concurrence de la série adulée Bonanza, la chaîne arrête les dégâts au bout d’une saison et remercie son hôtesse. Nouveau divorce, nouvelle dépression: à quarante, ans Judy en paraît certains jours vingt de plus. Elle est usée, rongée au plus profond d’elle-même par l’abus de scotch et de cachets. Incapable de tenir ses engagements artistiques, elle perd toute sa fortune dans des procès pour désistements à répétition, en plus de se faire abuser par des avocats véreux. En ultime outrage, son domicile est saisi en 1967 pour pallier ses dettes. Elle survit en cachetonnant dans des clubs de seconde zone à Londres, se fait héberger par le peu d’amis qui lui restent. Le 22 juin 1969, on la découvre au sol, foudroyée par une overdose de barbituriques. Le même jour, une tornade ravage les plaines du Kansas...
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1963 Un Enfant attend 1961 Jugement à Nuremberg 1954 Une Etoile est née 1950 Summerstock 1949 In the Good old summertime 1948 Parade de printemps 1948 Le Pirate 1948 Ma Vie est une chanson 1946 The Harvey girls 1946 Ziegfeld follies 1946 La Pluie qui chante 1945 The Clock 1944 Le Chant du Missouri 1942 Pour moi et ma mie 1941 Débuts à Broadway 1941 La Danseuse des folies Ziegfeld 1939 Le Magicien d’Oz 1939 Place aux rythmes 1938 Loves finds Andy Hardy 1937 Mélodie de Broadway 1936 Pigskin parade